De la non servitude volontaire

mis en ligne le 8 février 2001

Fait d'hiver)

Pourquoi, comment ? Même quand ils se retrouvent à genoux, il y a des individu-e-s qui n'acceptent pas l'humiliation ! Il porte un nom bien de chez nous. Pineau (ça ne s'invente pas). Il est facteur à La Rochelle. Il est diabétique. Shooté à l'insuline. Et, pour cause de crises d'hypoglycémie, il est incapable de supporter des charges de travail trop lourdes.

Jusqu'à il y a peu, il travaillait au garage de la Poste, à l'entretien des véhicules, et ça se passait très bien.
Et puis, restructuration oblige, il s'est retrouvé facteur avec des kilos et des kilos de courrier à distribuer.
Les cheffaillons ont été avertis de son état et n'ont pas cru bon d'en tenir compte.
Ou ils ont cru bon de ne pas en tenir compte. Ah, mais !

Michel Pineau, tout seul, sans le secours de qui et de quoi que ce soit, a donc décidé de s'insurger contre l'ordinaire de l'humiliation et de l'imbécilité.

Le 20 anvier 2001, à 6 heures du matin, rue des Templiers, il s'est, donc, installé dans une tente, devant la Poste, histoire de signifier à sa hiérarchie que ça suffisait comme ça.

Un super papier de la belle Isabelle dans Sud-Ouest du lendemain, et M. le directeur départemental, en personne, venait éteindre le début d'incendie.

Michel Pineau, en effet, comme hier un Dominique Lestrat bien de chez nous, est de ces individus qui, pour n'être qu'un « simple » prolo, se refusera toujours à accepter l'inacceptable.

À telle enseigne qu'il y a quelques mois, alors qu'on ne lui avait pas fourni de tenue de facteur, il s'était présenté en pyjama à l'embauche, annonçant son intention de distribuer le courrier en l'état s'il n'obtenait pas, tout de suite, sa tenue.

Comme Beregovoy, hier, la Poste a, donc, préféré mettre les pouces. Contre un Pineau ou un Lestrat, ce sera, en effet, toujours perdu d'avance. Camarades revendicatifs petites mains et gros sabots avant-gardistes made in certitudes en l'incapacité du peuple à… je vous laisse réfléchir là dessus !