Construire...

mis en ligne le 16 mai 2004

Internationale des fédérations anarchistes

Ces dernières années, l'anarchisme social et organisé s'est placé au premier rang dans les mouvements anti-globalisation de base. Il en a été de même sur l'opposition à la guerre, au racisme, aux politiques sécuritaires des États...

Le crépuscule des options autoritaires à l'intérieur des mouvements de l'opposition sociale, suivi de l'écroulement des régimes de l'Europe de l'Est, a ouvert d'un côté des options de caractère social-démocrate, mais de l'autre, il a généré de nouvelles possibilités de développement et de croissance au mouvement libertaire.

La conscience, que seules des formes d'organisation libertaires permettant de penser et pratiquer un parcours d'émancipation sociale, offrant un égal accès aux ressources et aux libertés, progresse. Cette progression s'effectue y compris dans les mouvements de contestation qui ne se réclament pas explicitement de l'anarchisme. Pour l'anarchisme social et organisé, il s'agit d'une opportunité à saisir, en sachant travaille, avec les thématiques et l'action spécifique anarchiste, dans les mouvements de travailleurs, les mouvements pacifistes et antimilitaristes, les réseaux antiracistes, antifascistes, écologistes, le mouvement squatteur jusqu'à la création de circuits d'autoproduction.

Cruciale en ce sens a été l'émergence au niveau mondial du mouvement anti-globalisation qui, bien que souffrant de mille contradictions, a donné un élan puissant à l'option libertaire. Les anarchistes ont été des acteurs des mouvements qui se sont développés à partir de Seattle et, qui, malgré les nombreuses tentatives de criminalisations mises en place soit par les appareils de répression étatiques soit par les composantes modérées, ont tenté une récupération para-institutionnelle de ces mouvements qui représentent les parties les plus dynamiques du mouvement anticapitaliste.

Si d'un côté l'émergence sur la scène politique et sociale de vastes mouvements anti-globalisation semble redonner souffle et visibilité politique à des mouvements radicaux, de l'autre côté, il pose la nécessité de repenser les contours d'une intervention qui ait la capacité de radicaliser les grands rendez-vous.

L'IFA

Ces dernières années, de nouvelles adhésions ont agrandi l'Internationale de fédérations anarchistes. Les contacts sont nombreux avec de nouvelles organisations qui regardent avec intérêt le parcours de l'IFA.

L'enracinement du mouvement anarchiste organisationnel s'est traduit par l'importance grandissante des « blocs rouge et noir ».

Nous nous opposons, comme nous le réaffirmions dans la motion de clôture de notre dernier congrès [NdT : de la FAIt], à un anarchisme qui se caractérise par « l'imposture stratégique du gradualisme révolutionnaire », dans le sens défini par Errico Malatesta, qui n'est pas tout à fait une stratégie réformiste, mais un mécanisme de croissance de l'option révolutionnaire et des capacités autogestionnaires qui vise à des objectifs partiels dans les luttes quotidiennes contre la domination. Nous confirmons aussi la validité des moyens d'analyse et de lutte de l'anarchisme social contre le pouvoir qui préfigure dès maintenant une autre société :
*l'autogestion qui refuse la logique et la pratique hiérarchique ;
*l'auto-organisation syndicale et sociale ;
*la solidarité militante entre tous les exploités et les opprimés du monde.

Comme il a été récemment réaffirmé lors de la rencontre de la FAIt de la région d'Émilie, nous nous opposons au du principe de majorité et de la logique électoraliste qui en dérive. Une telle critique a été la base de l'anarchisme dès sa naissance au congrès de Saint-Imier (1872).

Le principe de majorité à l'intérieur des fédérations fausserait le fonctionnement de l'organisation anarchiste. Dans les luttes, cela rendrait les minorités actives otages des secteurs les plus réformistes. L'expérience historique montre qu'un tel principe favorise l'illusion réformiste de pouvoir résoudre les problèmes sociaux par les élections.

L'impulsion donnée à l'anarchisme dans l'émergence des mouvements anti-globalisation a certes produit une croissance tant sur le plan numérique que dans l'initiative politique mais ne s'est pas toujours traduit dans la clarté des objectifs et des pratiques libertaires. [...]

Renforcer et retisser les connections de l'Internationale est donc aujourd'hui un objectif prioritaire pour la construction d'un mouvement d'émancipation sociale radicalement libertaire basé sur des principes organisationnels qui définissent notre idéal et nos pratiques.

Il est aujourd'hui plus clair que jamais pour les classes exploitées et opprimées que l'État et le capitalisme sont irréformables et qu'il n'y a pas de loi qui permette un « adoucissement » des mécanismes d'exploitation, de domination, de spoliation de la planète et de ses habitants. Nous savons bien, d'autre part, que la domination et l'exploitation ont une dimension transnationale accentuée et rend encore plus prégnante la guerre permanente et féroce en cours.

Les possibilités de croissance de l'anarchisme social et organisationnel dépendent de la capacité à développer une critique et une pratique radicale capables de réaliser cet autre monde possible que nous souhaitons. Mais il est entre temps nécessaire de mettre en place des réseaux de communication vastes et efficaces. Réseaux capables de développer la solidarité, la contre-information et des initiatives sur une vaste échelle. Réseaux qui nécessitent le soutien d'une organisation stable telle que l'IFA aujourd'hui, même si cela est encore insuffisant.

Aujourd'hui, le capitalisme est devenu une sorte de seconde nature à tel point qu'on oublie son caractère de construction sociale historiquement datée et devenant ni le meilleur, ni le pire, mais l'unique des mondes possibles. Il y a d'autres mondes, il y a d'autres possibilités.