Népotisme vert

mis en ligne le 5 novembre 2009
Cette déclaration péremptoire en forme de dénégation émane de Marie Bové, outrée que l’on puisse rapprocher la promotion de sa candidature à la tête de la liste d’Europe Écologie en Aquitaine, de celle de Jean Sarkozy à la présidence de l’Établissement public d’aménagement de la Défense. On se demande pourtant si, avec un autre patronyme et surtout une autre paternité, le député-maire vert Noël Mamère, appuyé par les caciques de son parti, aurait choisi pour se présenter à sa place la fille de José.
L’argumentaire de l’heureuse élue pour justifier ce choix vaut, en tout cas, son pesant de carottes bio. « Cécile Duflot, inconnue du public, a crevé tous les écrans en six mois. Elle a prouvé que l’on pouvait renouveler la classe politique, notamment avec des femmes. » On ne saurait mieux dire que la valeur d’une personnalité politique se mesure à l’audimat, ce qui laisse plutôt songeur de la part d’une future représentante – doit-on dire « tête d’affiche » ? – d’une organisation qui prétendait « faire de la politique autrement ». Quant à l’argument sexiste du « renouvellement de la classe politique » grâce aux femmes, on ne peut que se montrer dubitatif sur les bienfaits postulés de ce dernier au vu des prestations gouvernementales d’une Édith Cresson ou d’une Michèle Alliot-Marie, pour ne rien dite de celles de Margaret Thatcher ou de Condoleeza Rice. Il est vrai que Marie Bové parle de « classe politique », ce qui est déjà tout un programme. « Hurler dans la rue, c’est bien, précise-t-elle, mais, aujourd’hui j’ai envie d’être sur les lieux de décision. »
De fait, tels qu’elle les énumère pour légitimer son désir de faire partie de ladite classe, les états de service de Marie Bové ne laissent planer aucun doute sur sa capacité d’adaptation : à un travail d’expertise pour le compte du PS à la Communauté urbaine de Bordeaux, dont elle semble se montrer très fière, s’ajoutent, selon ses propres termes, « plein d’étiquettes : altermondialiste, antinucléaire, bobo (sic) car membre d’une association pour le maintien d’une agriculture paysanne, catho puisque j’ai travaillé sept ans pour le Comité catholique contre la faim ». On aura compris que la fille du contempteur de la malbouffe a fait ce qu’il fallait faire pour parvenir à ses fins : bouffer à tous les râteliers.