Oaxaca

mis en ligne le 6 mai 2010
Oaxaca de Juarez, le 27 avril 2010

Aux médias,
Aux peuples du Mexique,
Aux peuples du monde,
Aux peuples de Oaxaca

Contexte
Depuis hier, une annonce a été envoyée aux médias à propos d’une caravane en solidarité avec la région Triqui, dans notre État de Oaxaca. Les participants à la caravane sont des membres de l’Assemblée populaire des peuples de Oaxaca (Appo), la section 22 du syndicat des professeurs, Voix oaxaquenienne construisant l’autonomie et la liberté (Vocal), des membres de Mult-I (Mouvement indépendant d’unification et de luttes Triqui), ainsi que des observateurs internationaux.
Tel que prévu et annoncé, la caravane a quitté la ville de Huajuapan de Leon, état d’Oaxaca, à 11 heures, le 27 avril 2010, avec l’objectif de briser le siège dans la communauté autonome Triqui, une conséquence de la répression paramilitaire et étatique du processus d’autonomie qui est en train d’être construit par cette communauté. De violentes attaques paramilitaires ont eu lieu à plusieurs reprises durant le processus d’autonomie de San Juan Copala ; elles ont été menées par l’organisation paramilitaire Ubisort (Union pour le bien-être social de la région Triqui), qui est actuellement présidée par Rufino Juarez Hernandez et le Mult (Mouvement d’unification et de lutte Triqui).
Avant le départ de la caravane, le président autonome de San Juan Copala, Jesus Martinez Flurez, a déclaré tenir pour responsables de quelque agression que ce soit Evencio Nicolas Martinez, procureur général de l’État, Jorge Franco Vargas « el Chucky », secrétaire du gouverneur de l’État, et Carlos Martinez, candidat du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) aux législatives. Il a également exigé qu’Ubisort et Mult agissent avec responsabilité et sérieux dans les pourparlers de paix avec le peuple Triqui.

Les faits
Une centaine de kilomètres avant d’arriver à La Sabane, la route était bloquée avec des pierres et c’est à cet endroit que débuta la lâche agression avec des armes à feu (dont le calibre est à ce jour inconnu), perpétrée par environ quinze paramilitaires au service du gouvernement de l’assassin Ulises Ruiz Ortiz. L’agression a détruit les véhicules, blessé une camarade et on compte deux personnes décédées.
Durant l’attaque, quelques camarades se sont enfuis en courant vers les montages et l’endroit où ils se trouvent actuellement est inconnu ; nous sommes préoccupés par le fait qu’ils auraient pu être capturés par les paramilitaires. Les camarades qui en ce moment sont portés « disparus » sont Noe Bautista Jimenez, David Venegas Reyes et Daniel Arellano Chavez, tous membres de Vocal.
Malheureusement, selon les informations actuelles, nous apprenons que deux camarades ont perdu la vie durant cette attaque paramilitaire. Il s’agit de Beatriz Alberta Carino Trujillo, membre de Cactus, et Tyri Antero Jaakkola, observateur international originaire de Finlande. Ils ont été tués par des tirs d’arme à feu.
Durant les événements, Monica Citlali Santiago Ortiz a été blessée au dos par un tir d’arme à feu et a été conduite à Juxtlahuaca pour y recevoir des soins.
Ceux et celles qui demeurèrent sur les lieux de l’agression durent descendre de leurs véhicules et furent emmenés en bas de la montagne pour être interrogés ; quelques-uns furent menacés de morts avant d’être relâchés sur l’autoroute. Rubèn Valencia Nuñez, membre de Vocal a été détenu par les paramilitaires qui lui ont retiré sa carte d’électeur, son téléphone portable et il a été menacé de mort, avant d’être relâché.
Une ambulance est arrivée sur les lieux afin de dispenser des soins aux blessés, mais il a été également ouvert le feu lâchement sur le véhicule qui a été contraint de quitter les lieux. Au moment de sa fuite, les ambulanciers ont trouvé une camarade blessée à qui ils ont pu dispenser des soins et à qui ils ont confirmé le décès des personnes mentionnées ci-dessus.
À cause de la confusion et de l’incertitude quant aux faits, l’endroit où se trouvent les compagnons mentionnés précédemment, de même que leur condition physique et psychologique, sont inconnues.

Nous dénonçons avec force
Nous dénonçons le fait que cette attaque armée est le produit des conditions de violence institutionnelle et d’impunité dont jouissent les paramilitaires dans cette région de notre État. La violence institutionnelle est dirigée contre les différentes expressions de la lutte sociale à Oaxaca et spécifiquement contre la construction de processus autonomes.
Cette agression se déroule dans le contexte de circonstances d’isolement et l’état de siège vécu par la commune de San Juan Copala, où depuis le mois de janvier, les enfants n’ont accès ni à l’école ni à l’électricité, et où l’eau potable a été coupée ; la commune n’a pas davantage accès aux soins médicaux. San Juan Copala vit en permanence un harcèlement paramilitaire suite au blocage de la route à l’entrée du village.

Nous exigeons
Nous exigeons que le gouvernement de l’assassin Ulises Ruiz mette fin aux attaques paramilitaires dans la région Triqui, et que cessent le financement, l’armement et l’impunité dont profitent ces groupes paramilitaires dans notre État.
Nous exigeons la présentation immédiate de nos camarades disparus.

Nous appelons

Nous appelons le peuple d’Oaxaca, du Mexique, la communauté internationale et les différentes organisations sociales, les collectifs et groupes à démontrer leur solidarité et soutien afin d’exiger que nos frères disparus nous soient rendus en vie et le châtiment des responsables. De plus, nous vous appelons solidairement à exiger que cessent les conditions de violence contre la municipalité autonome de San Juan Copala.
Preuve de vie de nos camarades disparus !
Châtiment pour les assassins de nos camarades !
Que cesse l’agression de la municipalité autonome de San Juan Copala !
Levée du blocus paramilitaire envers cette communauté autonome triqui !

Vocal
Traduit par Émilie