On ne discute pas avec des brouettes… on les pousse !

mis en ligne le 1 mai 1996
On savait que le « vieux » avait des « couilles ».
Son éternel béret vissé sur une non moins éternelle tête de mule, sa pauvre soutane à la Don Camillo, un regard à vous transpercer le cœur, son engagement de toujours du côté des pauvres, des exclus et de tous les gueux que ce système de merde produit avec tant d’abondance et de constance depuis au moins deux millénaires, son insolence fière et ombrageuse à l’égard des puissants de ce monde, son franc-parler, son sens de l’action directe et de l’action tout court, son courage, sa probité… tout cela et bien d’autre choses encore excluaient tout doute en la matière.
À l’évidence, l’abbé en avait et forçait le respect.
Tellement, qu’on aimerait bien pouvoir dire qu’aujourd’hui, à 83 ans, il n’a plus toute sa tête.
Car enfin quoi, quand on a été tout ça, qu’on a été dans la Résistance, qu’on est membre de la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA)… et qu’on se retrouve à cautionner un bouquin aussi bassement révisionniste (Les mythes fondateurs de la politique israélienne) que celui (paru chez ces crapules fascistes de « La Vieille Taupe ») de Roger Garaudy, ça ne colle pas vraiment.
Entre ceux qui argotent sur l’existence des chambres à gaz et sur le nombre de millions de morts programmés par les nazis, dans le but de banaliser le national-socialisme, et l’abbé, c’est quand même pas dieu possible qu’il puisse y avoir des affinités.
Le « vieux » n’a pu que se faire piéger, et il n’a pu se faire piéger que parce qu’il commence à sucrer les fraises. D’ailleurs, il le dit lui-même : il est vieux et ce bouquin de Garaudy, il ne l’a même pas lu.
Garaudy, c’est un pote à lui et en tant que tel, il ne peut pas avoir écrit des insanités. Ou alors s’il l’a fait, c’est qu’il était mal informé, et dans ces conditions il suffirait de discuter avec lui pour lui expliquer les choses et nul doute qu’il se laisserait convaincre.
Bref, on ne peut être et avoir été, et c’est bien triste pour Robin des Bois que de se laisser surprendre, gâtisme oblige, la main dans la culotte d’Hitler.
Reste que… !
Reste que même si le « vieux » est en partance, il continue à tchatcher clair. Comme il l’a toujours fait. Et s’il reconnaît s’être fait avoir dans cette histoire, lui qui se proclame anti-révisionniste parce que résistant, il n’en considère pas moins « qu’il y ait pu avoir des excès en généralisant le fonctionnement des chambres à gaz dans tous les camps. » et qu’il est « urgent de faire se rencontrer et débattre les chercheurs qui divergent dans leurs conclusions. »
On l’aura donc compris, tout en se proclamant anti-révisionniste, l’abbé cause comme un révisionniste et sous couvert d’approche « scientifique » des choses n’hésite pas à appeler au dialogue avec les révisionnistes.
De tout cela, certains se sont bien entendu émus. Et leur émotion n’a d’égale que leur compassion par rapport à la sénilité de l’abbé.
Ceux-là auront toujours du mal à regarder les choses en face. À savoir que l’abbé Pierre et le catholicisme ont toujours eu la fibre antisémite (les juifs ne sont-ils pas responsables de la mort du soi-disant Jésus ?) et que pour ce qui est de l’approche scientifique des choses et de la liberté d’expression, c’est peu dire qu’ils sont mal placés pour en causer.
Au bout du compte, ce pauvre abbé n’aura commis que l’erreur de dire tout haut ce que ses coreligionnaires pensent tout bas. Et nul doute qu’il se trouvera encore quelques imbéciles sans espoir, de la liberté d’expression déconnectée de toute réalité sociale, pour en rajouter trois louches. Que le diable les emporte tous !
Nous serons toujours suffisamment nombreux à savoir que les nazis ont programmé l’extermination des juifs, des communistes, des anarchistes, des homosexuels, des démocrates… à savoir que les staliniens ont fait de même, et que tous les totalitarismes passés, présents et à venir ont toujours fait, font et feront toujours de même. Et de ce point de vue, il faut que les choses soient claires : il n’est pas question de discuter avec ce genre de porcs.
On ne discute pas avec un nazi, un stalinien, un ecclésiastique catholique, musulman, secte Aoum, Église de Scientologie… un abbé Pierre ou un Monseigneur Gaillot, un Le Pen ou une Brigitte Bardot, un patron ou un ministre, un enfoiré de droite ou un enfoiré de gauche… on les pousse. Dans la tombe !
La liberté d’expression ne vaut que s’il y a une réciproque et les conditions de la réciproque. Hors de cette voie, il ne peut pas – et il ne pourra jamais – y avoir l’ombre d’une liberté quelconque pour les ennemis de la liberté. Eussent-ils des couilles comme l’abbé ! Ou n’en eussent-ils pas encore… !



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Garance C

le 9 avril 2012
Autant je suis d'accord avec vous sur la religion, autant je trouve que vous y allez fort avec l'abbé, il n'était certes pas parfait, mais c'était quand même un homme bien. Juste un homme en somme, les erreurs ça arrive.