Areva et les secrets d’État

mis en ligne le 20 octobre 2011
L’agence Reuters rapporte que, dans un prérapport présenté devant la commission des Finances de l’Assemblée nationale (AN), le député (PS) Marc Goua a estimé que les mines d’uranium et les surcoûts de l’EPR finlandais pouvaient encore réserver des surprises… En effet, à la veille de l’audition du nouveau patron d’Areva, Luc Oursel, par la commission des affaires économiques de l’AN, c’est au tour de la commission des finances de s’interroger sur les comptes du groupe nucléaire et d’EDF.
Marc Goua s’est étonné dans les colonnes de La Tribune, de n’avoir pu consulter les données détenues par l’Agence des participations de l’État (APE, qui gère les 87 % d’Areva possédés par l’État) seulement la semaine dernière, soit plus de trois mois après sa demande ! Depuis, le groupe dévoile peu à peu des informations en ce sens, multipliant les avertissements – toujours très vagues… – sur l’estimation de ses réserves.
Continuant son investigation, Marc Goua a confirmé à la presse économique que l’acquisition de trois mines de la société Uramin en Afrique, pour 2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) en 2007, s’était révélée « chère » (!), surtout pour des gisements qui, quatre ans après, ne produisent rien, ou presque… Le député n’épargne pas la responsabilité de la tutelle d’Areva en soulignant que cette opération a été approuvée par l’APE entre le 7 et le 24 mai 2007, au lendemain de la présidentielle, en pleine passation de pouvoir entre Thierry Breton et Jean-Louis Borloo, qui n’est resté à Bercy que quelques semaines… Il y a fort à parier que le député PS va encore passer un sacré bout de temps à chercher à qui a profité le crime !
À propos de l’EPR finlandais, Marc Goua en rajoute une couche en déclarant toujours à La Tribune : « Je ne suis pas sûr que l’on en ait fini avec les surcoûts de l’EPR. » Et de s’interroger, comme nous, sur la nature et les conséquences des garanties offertes par Areva à son client finlandais sur le futur fonctionnement de l’EPR… Il faut savoir que le groupe nucléaire a déjà provisionné 2,6 milliards d’euros pour faire face aux pertes liées à ce réacteur, facturé 3 milliards d’euros ! Encore plus courageux, ce député a déclaré n’en « être qu’aux balbutiements » et vouloir scruter de plus près les comptes d’EDF, qui le renvoie pour toute information sur son site Internet… Il est vrai que Marc Goua a averti vouloir regarder de plus près l’achat de British Energy par EDF en 2008, pour 13,5 milliards d’euros, mais beaucoup plus ennuyeux d’étudier les provisions prétendument faites pour le démantèlement des centrales, mais jugées « extrêmement faibles » et enfin de passer au peigne fin l’accord intervenu cet été entre Areva et EDF…
S’il continue, ce petit député zélé, il ne va pas tarder à finir bétonné dans la colonne d’une centrale nucléaire, on connaît les méthodes des lobbyistes lorsqu’ils souhaitent garder au chaud des neutrons leurs secrets d’alcôves et de profits ! Et pendant ce temps-là les transports de déchets radioactifs continuent à sillonner joyeusement la planète ! Atom Kraft Nein Danke…