Docteurs Folamour ou la java des bombes atomiques

mis en ligne le 1 mars 2012
Tiens, et si on reprenait un peu d’antimilitarisme ? Y avait longtemps, non ? Doctrine régalienne, si l’on peut dire, chez les libertaires, et au gré de la disparition de la conscription, et partant de l’objection de conscience et des insoumis, de la retraite de l’adjudant Kronenbourg, de moins en moins de jeunes gens viennent militer chez nous par la grâce et la radicalité de ces concepts pacifistes et révolutionnaires, alors qu’ils furent très nombreux entre 1960 et 1990 à nous rejoindre pour ces bonnes raisons-là. Est-ce bien une raison pour ne plus en parler ? Certainement pas si l’on prête une oreille normalement curieuse aux bruits de bottes et de casques lourds, mais pas seulement, qui commencent à se faire entendre entre Israël et l’Iran, mais, là aussi, pas seulement. Fort à craindre et à parier qu’ils vont s’y mettre à plusieurs, les pourris. « La crise internationale actuelle pourrait déboucher sur une jungle nucléaire mondiale… Avec des armes de destruction massive à la portée de toutes les mains, il est impensable que le Hesbollah ou le Hamas se croient en sécurité sous prétexte que l’Iran est propriétaire d’une bombe atomique. » Cette réflexion d’une culotte de peau israélienne, citée dans Le Canard enchaîné, fait froid dans le dos. Voilà deux puissances, que les crétins qui veulent se rassurer qualifieront de régionales, en train de se préparer à se balancer le feu nucléaire sur le coin de la gueule, le tout sur fond d’approvisionnement pétrolier, de détroit d’Ormuz, de légitimité nationale, sans visiblement trop se soucier des dommages collatéraux. Victimes civiles : rien à cirer ! Garde-à-vous ! Le petit doigt sur la couture du pantalon. Et roule ma poule !
Ils n’en sont jusqu’à présent qu’aux gesticulations théâtrales d’usage, du calibre : Retiens-moi ou je fais un malheur ! Tant que les services secrets réciproques s’entre-tuent, c’est un moindre mal et, même si on est un peu moqueur, c’est plutôt drôle. Il est vrai que les James Bond de service, des vrais ceux-là, s’en donnent à cœur joie depuis quelques mois, mais visiblement cela ne suffit pas à ces messieurs. Un scientifique en charge de la bombe en moins, c’est toujours un peu de liberté en plus. Mais faut que ça saigne, faut que ça pète, que ça cartonne, faut que ça pleure aussi, n’en faut des veuves, du sang, des morts et des orphelins, n’en faut de la tripe au soleil avec des mouches vertes à la régalade dedans. Jamais assez ! Les crises économiques, c’est comme ça qu’on les règle, c’est pas d’hier ni d’avant-hier ! Radical ! Et c’est comme ça que ça risque bien de finir. La question ne semble plus être de savoir si ça va arriver mais quand ça va arriver. Question de réglage, de diplomatie, de météo, de jours fériés ou de lundi de Pentecôte. Des trucs assez obscurs et assez compliqués. Il y a ceux qui décident et qui se mettent bien vite à l’abri de leurs inventions – ça s’appelle les stratèges –, et les autres. En gros, les autres, c’est les plus nombreux, la piétaille, ceux-là qui n’ont bien peu ou pas du tout d’intérêts dans ces petits jeux à la con et qui risquent, sans avoir rien demandé, la vitrification subite et définitive. Les gens, en somme. Mais aux pouvoirs israélien ou iranien, on est bien loin des apprentis sorciers à la sauce Walt Disney. Oui, l’armée est une bien bonne généreuse pourvoyeuse de cadavres. Elle montre encore cette fois-ci qu’elle est l’école du malheur, de la souffrance humaine, de la brutalité et de la bestialité, qu’elle est, toute honte bue, l’instrument des États pour nourrir leurs survies, qu’elle est la trique du capitalisme, du libéralisme, de tous les systèmes de gouvernement dans lequel nous n’avons rien à gagner et surtout beaucoup à perdre.