Front de gauche et tutti frutti : la nostalgie, camarades !

mis en ligne le 29 mars 2012
Avec Jean-Luc Mélenchon et son Front de gauche, nous assistons à un retour sur la scène politique d’une gauche rouge foncé, et qui est la surprise du moment. Cela dit, il faut se méfier des surprises : le NPA a déjà fait les frais des prétendues intentions de vote à son égard, il y a cinq ans… Et tous les journalistes nous juraient que le sujet sécuritaire serait LE sujet de ces élections…
Politiquement, le Front de gauche a réussi à effacer un Parti communiste qui n’existait plus, et à rassembler des groupements hétéroclites qui fleurent bon l’époque où les Marx brothers dominaient le haut du pavé : communistes orthodoxes et hétérodoxes, socialistes et trostkystes en rupture de ban, maoïstes (!), et quelques écologistes et décroissants, syndicalistes ou associatifs. Cette alliance constitue l’occasion, pour un tribun qui laisse sans voix les formations NPA et LO, de revenir sur des conceptions classiques pour ces courants d’idées.
Feuilletez la brochure L’humain d’abord : tout y est, et même le reste ! Et que je te régularise les sans-papiers, que je t’abroge des lois dégueulasses, que je combat le patriarcat, que j’interdis les sectes, que je créé des régies pour lutter contre l’omnipotence des sociétés privées, et que j’augmente le Smic à 1 700 euros, que je réquisitionne les logements et que je te plafonne les loyers, et que je te réquisitionne des entreprises, et… un vrai catalogue.
Alors, évidemment, moi, quand quelqu’un s’en prend à la femme dont le seul prénom me donne la nausée (je suis sujet au mal de mer), alors que tous les autres ténors font les morts quand ils ne la courtisent pas, çà a tendance à me contenter. M’enfin, bon. Je suis bien obligé de réfléchir un peu à ces conceptions, ces paroles, ces postures… de ce tribun. Parce qu’enfin, les grands rassemblements où l’on applaudit un homme à poigne, un leader d’opinion… ça me fait penser que ça ne va pas dans le sens de l’autonomie individuelle. Une gauche qui fait encore et toujours appel à l’État pour mettre en place ses réformes et faire reculer les capitalistes, ça ne va pas dans le sens d’un autre futur en rupture avec ce qui s’est déjà expérimenté bien des fois, dans le passé. Une organisation qui penche sévèrement vers le culte de la nation, décidemment, j’ai du mal à m’y faire. Une gauche, enfin, qui met la barre haut pour contrer le capitalisme, mais qui ne veut pas l’abolir (« taxer les profits », ce n’est pas socialiser les outils de travail), et qui ne pose pas la question du rapport de force dans un contexte d’expropriation des capitalistes, me fait penser que cet admirateur de Mitterand n’est peut-être que la répétition d’une histoire récente qui a déjà fait son procès au communisme d’État.
Mais le meilleur moyen de limiter cette résurgence de la gauche souverainiste et étatique, c’est encore de relever le gant et de se mettre en position de progresser dans les luttes et dans les esprits. Car la candidature Mélechon nous montre aussi qu’il existe une foule de gens qui se battent et cherchent des voies pour sortir du no future du capitalisme. Notre responsabilité est donc engagée puisque nous n’avons pas construit l’alternative aux gauches de gouvernement. Le socialisme libertaire, c’est ça qui est nouveau et qui devrait nous lancer à l’assaut des montagnes ! Alors, qu’est ce que j’vous sers ? un coup de rouge ou un petit noir ?



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


douille

le 16 avril 2012
Je partage totalement le point de vue de Daniel Vidal, mais je rajouterai une chose, le front de gauche lui réussit à faire passer ses idées; pas nous.