Élection présidentielle, pourquoi ?

mis en ligne le 19 avril 2012
La conjonction des crises – crise écologique majeure, à la fois énergétique et climatique, ainsi qu’une crise économique systémique – met en relief le dommage politique global de l’ensemble de nos structures et valeurs civilisationnelles défendues par de faux frères ennemis, gardiens du temple capitaliste néolibéral.
Ne sommes-nous pas dans une charnière historique ? Sera-t-elle la répétition de la grande crise de 1929, indissociable de la dernière guerre mondiale, ou la révélation de nouvelles émergences de politiques, d’économies et de cultures réfléchies, équilibrées et égalitaires, de nouveaux modèles de société ?
L’élection présidentielle n’est qu’un plébiscite, un césarisme démocratique. S’il changeait notre mode de vie vers une hauteur éthique, l’excellence, le progrès social ou culturel, ça se saurait !
Lors de cette campagne, nous assistons à un spectacle politique nébuleux, bouffi, parfois inepte et sommaire. Dans nos médias, les journalistes sont-ils responsables de cette mise en scène indigente ?
Probablement que non, ils composent avec le degré d’implication politique des candidats habitués, pour ceux des grands partis, aux étroitesses d’esprit désespérantes de leurs conseillers en communication.
Ces candidats se noient dans les stratégies des petites phrases et des envolées lyriques démagogiques, car ils n’ont pour matière à réfléchir et à proposer que les mêmes poncifs, républicains, nationalistes, et d’autres modes de vie que cette pauvreté sociale qu’annoncent l’austérité ou une relance économique par la banalité consumériste.
Examinons tous les postulants à ce suffrage. Ils sont tous l’expression politique de vieux mondes idéologiques qui, historiquement, portent sans exception des sphères d’inhumanités, d’horreurs économico-politiques ou de graves échecs. Ils ont tous un point commun, quelles que soient leurs obédiences politiques, c’est l’expression d’une autorité aux pouvoirs clos et de gouvernement économico-politique opaque. Ils partagent tous le culte pour l’autorité d’un parti politicien, un pouvoir non partagé même chez les révolutionnaires, afin de structurer tous ces vieux systèmes politiques. Leurs propositions portent toutes en elles des modalités de globalisation, de normalisation, que ce soit toutes les formes du capitalisme, aussi bien des figures du capitalisme d’État dit « communisme » jusqu’au néolibéralisme actuel dit « mondialisation ».
Chez les candidats à la présidentielle, nous retrouvons de façon récurrente le dogme politico-économique qui nous assure que l’avenir s’exprime qu’en termes de croissance. La croissance économique comme le seul véritable baromètre du bien-être dans nos civilisations n’est qu’un miroir aux alouettes. Alors que nous constatons que le travail partiel, le chômage ne cessent d’augmenter, ainsi que la progression de la précarité et la montée de la pauvreté.
Cette croissance économique n’est en fait que celle du PIB (produit intérieur brut), qui n’est que la valeur comptable des échanges économiques sur le marché international et ne tient aucun compte de la consommation du stock des ressources naturelles. Ce n’est donc que la mesure de la croissance de l’oligarchie entrepreneuriale et financière néo-libéraliste, et cela n’a rien de commun avec les intérêts de l’économie domestique de la grande partie de la population.
Bien que cette formule soit maligne, elle n’est pas véridique. C’est une croissance économique en trompe-l’œil pour duper l’individu normal et qui constitue l’un des principaux instruments de la propagande capitaliste de ces dernières années.
Précipités, à présent, dans les oppositions et les contradictions, les élus face à leurs électeurs ont enfermé le débat électoral sur lui-même. La classe politique après avoir pratiqué un chantage économique, social et culturel en nous menaçant des pires malheurs si nous ne les croyons pas sur parole, est entrée à présent dans le silence et l’occultation de nombreux dossiers importants comme la santé, les banlieues, l’agriculture, l’organisation européenne, les cultures, les institutions, les rapports internationaux… et surtout ceux de la question sociale, de l’écologie et de la finitude de notre planète.
On entend chez les journaleux que le bilan gesticulatoire du président sortant lui pèserait comme un boulet, un boulet dont le poids restera la gravité de la politique réactionnaire de son quinquennat ! Mais, avec sa clique, ce président girouette, préfère jouer avec l’anxiété, la xénophobie et la peur des autres, en instrumentalisant, à point nommé, grâce à des arrestations et expulsions, la lutte contre l’islamisme salafiste et entretenir ainsi l’impression de l’insécurité intégrale. Un appel au : « Votez pour moi, je vous protégerai. »
Grâce à la fonction tribunitienne de son leader, et cela malgré son républicanisme, son nationalisme, son jacobinisme, son étatisme, certains d’entre nous semblent tentés par les sirènes du « Fond de gauche ». Doit-on croire qu’un homme aux idéaux si convenus peut, même accompagné d’un conglomérat de militants rouges ou verts plus ou moins révolutionnaires, changer la destinée de la « Nation » et même de l’Europe ? Au risque de perdre le sens de notre combat au nom d’une illusion créée par une rhétorique emphatique, qui nous force à écrire : « Attention, Mélenchon piège à cornichons. »
À la suite de l’école républicaine, le cirque médiatique nous assène comme instruction que les deux tours d’élection au suffrage universel accomplissent convenablement la personnification idéale du pouvoir populaire.
Pourtant, les leçons de l’histoire et notre bon sens nous enseignent que, dans la réalité, cela est faux. L’élection présidentielle par le vote direct à l’unanimité n’a pas été prévue pour que le peuple se partage le pouvoir mais à l’inverse pour s’y opposer. Car, il n’est que le principe d’un césarisme républicain. Un bonapartisme qui dévoie cette consultation collective pour la transformer en son contraire, l’assujettissement du peuple à un humain qui a la folie de se croire prédestiné et supérieur pour diriger l’organisation et l’avenir de la société de tout un pays.
Voter mais pourquoi ? Le vote a deux fonctions. La première est de prendre une décision et nous en sommes d’accord. La deuxième est de savoir qui aura le pouvoir de décision. Alors là, nous répondons NON !
Alors voter pour la présidentielle, pour faire son devoir moutonnier de bon citoyen et reconduire cette petite république ploutocratique qui nourrit nos matins blêmes.
Votez, votez et puis après… Pour continuer à pousser nos caddys au supermarché, mettre de l’essence hors de prix dans nos petites bagnoles, travailler pour des salaires de plus en plus petits et le soir regarder TF1 sur notre dernier grand écran plat… ou agir !

Michel, groupe de Montpellier de la Fédération anarchiste



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Arctus

le 21 avril 2012
Je donnerais une troisième fonction au vote. Celle d'entériner par ce geste "sacré" notre acceptation du système.

dom

le 6 mai 2012
Bonjour,

J'ai lu l'article avec beaucoup d'intérêt car il dit clairement ce que je pense.
Quand j"en parle autour de moi j'ai l'empression d'être une E.T.
Cependant je me demande comment on pourrait procéder autrement, comment faire accepter par tous que nous sommes pour un court moment sur terre et que chacun a droit à la même chose que son voisin, que le profit et le travail ne sont pas des buts en soi... Comment s'organiser pour que chacun vive mieux ici et ailleurs.
Une réponse me ferait plaisir.
Merci.
Dominique