L’homophobie, marque déposée en France

mis en ligne le 24 mai 2012
1674HomophobieSelon le dernier rapport de l’association SOS Homophobie, dans notre pays, l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie sont bien ancrées dans les rapports sociaux. Les plus de 1 500 témoignages recueillis cette année par l’association constituent la seule référence pour suivre, année après année, leur évolution.

Internet, premier bastion de l’homophobie
Si Internet reste le premier bastion de l’homophobie et de la transphobie, le second est encore plus impressionnant : plus de 38 % de personnes ayant contacté l’association en sont victimes dans leur vie quotidienne, que ce soit dans leur famille, dans leur entourage, dans leur voisinage ou encore au travail. Une homophobie que certaines personnes interrogées seraient presque tentées de qualifier « d’ordinaire » et pourtant la plus difficile à vivre. Les victimes connaissent leurs agresseurs, les côtoient chaque jour, et c’est parfois inlassablement que ces actes homophobes et transphobes se répètent tous les jours. Les répercussions de ces agressions quotidiennes engendrent un mal de vivre profond chez les victimes.

Hausse des agressions sur les lesbiennes et les trans
Les agressions physiques augmentent encore et toujours : les témoignages sont en hausse de 22 % et il faut remonter à 2005 pour en relever autant. Si 47 % des agressions physiques globales sont commises dans des lieux publics, il faut noter l’exceptionnelle sur-représentativité des lesbiennes dans cette triste catégorie. En effet, 70 % des agressions physiques lesbophobes se sont produits dans les lieux publics. Les lesbiennes paient ainsi bien lourdement le prix de leur visibilité dans l’espace public. Par ailleurs, 28 % des personnes trans qui contactent SOS Homophobie font état d’agressions physiques commises à leur encontre, qui revêtent bien souvent une violence extraordinaire. Idem sur les lieux de travail. Selon Élisabeth Ronzier, présidente de l’association : « Au travail, la crise et les difficultés durcissent les rapports sociaux et les employeurs et collègues affichent plus librement leur homophobie. » Le rapport détaille également les manifestations de l’homophobie. Dans la moitié des témoignages recueillis par SOS Homophobie, ces agressions se manifestent par des insultes. Dans 19 % des cas par du harcèlement et dans 13 % des cas par des agressions physiques.

Quelques témoignages
Le rapport publie également de nombreux témoignages issus des signalements reçus par l’association. Maxime, 17 ans, subit du chantage sur Facebook par l’un de ses contacts. Ce dernier menace de publier une photo de lui encadré en rouge avec écrit « pédale » si Maxime ne lui donne pas 20 euros. Il a décidé de porter plainte avec l’appui de sa mère. Adrien est fatigué par le harcèlement qu’il subit de la part de son gardien d’immeuble qui lui balance régulièrement à la figure : « Je ne suis pas un pédé, moi. » Paul et Adam, 19 ans, étaient en train de manger dans un restaurant rapide parisien lorsqu’un vigile s’est approché d’eux pour leur demander d’être plus « discrets ». Ils se tenaient par la main, et se faisaient quelques caresses sur la joue… Traité à l’hôpital pour une maladie infectieuse, Mathieu est assis dans la salle d’attente au côté de son petit ami. Quand le médecin les invite à le suivre, une femme s’interpose pour les traiter de « sales pédés », les accusant de « ramener le sida ». Et tutti quanti.

Un manque flagrant d’information
Face à cette augmentation des agressions, SOS Homophobie préconise le retour des actions de prévention, d’information, de sensibilisation à destination du grand public dans son intégralité (élèves, étudiants, enseignants, professionnels du secteur privé, du secteur public, etc.). Il est urgent que le quotidien de ces trop nombreuses victimes puisse enfin s’améliorer et gagner en sérénité, afin qu’elles puissent vivre librement leur orientation sexuelle et leur identité de genre comme n’importe quel être humain. Les anarchistes ne peuvent qu’être solidaires d’une telle revendication qui relève de leur engagement à lutter pour la liberté et l’émancipation de tous les individus.