L’attaque des drones

mis en ligne le 7 mars 2013
On sait qu’Obama, « prix Nobel de la paix » (sic), n’a pas fermé l’immonde Guantánamo. Qu’il a validé 30 milliards d’euros d’aide à l’État d’Israël sur dix ans et soutenu cet État dans le déploiement d’un bouclier antimissiles. On sait aussi qu’il a amplifié les frappes de drones américains. Mais on ne savait pas jusque-là le nombre précis de victimes, l’État américain refusant de donner des chiffres.
Mardi dernier, devant le Rotary Club de Caroline du Sud, le sénateur Lindsey Graham a affirmé que les drones américains ont tué 4 700 personnes dans le monde, notamment au Pakistan. Ce chiffre effarant va même au-delà des calculs de certaines ONG.
Surtout quand on sait que des chercheurs des universités de Stanford et de New York ont estimé que 2 % des victimes des drones étaient des « leaders » de groupes terroristes… Le ministère de l’Intérieur pakistanais a, quant à lui, estimé que 80 % des personnes tuées par des frappes de drones américains sur le territoire national étaient des civils.
Le sénateur Graham, qui se prononce clairement pour l’usage de drones armés, ajoute à sa déclaration une phrase qui résume bien tout le cynisme de l’État américain : « Parfois vous tuez des innocents, et je déteste ça, mais nous sommes en guerre, et nous avons dégagé des membres éminents d’Al-Qaïda. »
Le sénateur préconise aussi l’usage de drones sans armes le long des frontières américaines, pour « contrôler l’immigration illégale ». De fait, les drones servent déjà à quadriller la population civile américaine.
Pour ces beaux démocrates, lutter contre la terreur passerait donc par le massacre délibéré de milliers de civils et la surveillance de la vie de tout un chacun. Très logique, très efficace pour éviter de susciter une radicalisation, parmi des populations meurtries. Mais la fin du « terrorisme » n’est pas le but. Le but, c’est de faire tourner le lobby militaire, biberonné par les États à coups de milliards.
Aux États-Unis, comme ailleurs : l’État français, déjà célèbre pour son projet de drone Elsa permettant de surveiller les manifs et les quartiers pauvres, argue aujourd’hui d’une défaillance en termes de flottes de drones dans sa guerre au Mali pour relancer un programme ad hoc, et appuyer le projet nEUROn du philanthrope Dassault… présenté il y a un mois à Istres. Le hasard fait bien les choses…

Pavillon noir