Le chant des rabots

mis en ligne le 11 avril 2013
Dans la boîte à outils du père François, les seuls outils qu’on trouve, ce sont les rabots. Ils se déclinent à la sauce hollandaise, une spécialité du menuisier, dont l’atelier se trouve à l’Élysée.
Tous sont utilisés à des moments bien précis en fonction de l’avancée des travaux de façonnage de l’ouvrage à « exécuter » ! C’est ainsi que les premiers outils utilisés sont la varlope et le riflard. Le riflard est utilisé avant la varlope, qui est un grand rabot qui se manie à deux mains. Les deux outils permettent un dégrossissage de la matière (le peuple) pour ensuite continuer le travail en toute sécurité et d’éviter les accrocs (manifestations, grèves).
Une fois ce travail exécuté plusieurs autres rabots sont utilisés, il s’agit : du guillaume, du bouvet, de la doucine, du gorget, qui servent à creuser des rainures, des petits canaux et des gorges. Le maniement de tous ces outils par l’expert élyséen permet de saigner la matière, « le peuple », pour que s’écoulent – en flot continu vers les comptes en banque et dans les escarcelles du patronat, des banquiers, des PDG, des actionnaires – les profits, les bénéfices et les dividendes…
Afin que le flot financier ne soit pas interrompu et d’en faciliter l’écoulement, le menuisier passe à la finition en maniant la guimbarde et le rabot, qui servent à aplanir les fonds creux et à diminuer les surfaces. Du fond de la menuiserie élyséenne les rabots font entendre un chant funèbre et lugubre car c’est le peuple que le premier menuisier de France martyrise. Mais qu’il prenne garde car le peuple, las de souffrir et de subir les humiliations, les saignées, la misère et la répression, pourrait bien se rebeller et occuper la rue. S’il ne manie pas le rabot, par contre, il sait se servir d’une pique. Il se pourrait bien que la tête du père François et celles de tous ses complices tortionnaires se retrouvent au bout de piques. Alors, ce ne sera plus le chant lugubre, funèbre et sinistre des rabots que l’on entendra mais le chant libérateur du peuple souverain.