En Grèce, le sang a coulé, il réclame vengeance

mis en ligne le 3 octobre 2013
1717GreceLe 17 septembre 2013, à Keratsini, pas loin d’Athènes, en Grèce, Pavlos Fyssas, un chanteur de hip-hop antifasciste, âgé de 34 ans, est assassiné par un membre d’Aube dorée (AD), le parti ouvertement nazi qui siège au Parlement hellénique.
Fyssas est à Athènes, lorsqu’il est pris en chasse par une trentaine de néonazis et attaqué violemment par l’un d’entre eux. Blessé par plusieurs coups de couteau à la poitrine ; il meurt quelques heures après son arrivée à l’hôpital.
La police arrête un membre d’AD de 45 ans. Il est en possession du couteau qui a tué Fyssas. Il avoue avoir tué ce dernier. Dès le début de l’affaire, les dirigeants de l’AD, ainsi que la majorité des médias, expliquent que l’assassin n’a aucun lien avec ce parti, et qu’il s’agit d’une rixe entre supporteurs de foot. Manque de pot, on retrouve des photos où le meurtrier pose à côté de Kostas Barbarousis, un cadre du parti.
Le nom de l’assassin est donné dans la journée, il s’agit de Giorgos Roupakias et il fait bien partie du parti de l’AD. L’Aube dorée avait prévu, avant le meurtre, deux événements publics à Athènes et à Nikaia (ville en banlieue ouest d’Athènes), mais, face à la mobilisation, elle préfère les annuler tous les deux. En effet, des enseignants, en grève, appellent à des manifestations antifascistes dans une vingtaine de villes. Dans plusieurs, ces derniers sont rejoints par des antifascistes « enragés ».
Ainsi, à Patras, s’est déroulée une des plus grandes manifestations de ces dernières années, avec environ 12 000 participants. Alors que, dans cette ville, le local de l’Aube dorée est attaqué à coup de cocktails Molotov et de pierres, un policier en civil, faisant partie de l’AD, pointe son pistolet vers le bloc antifasciste.
À Chania, en Crète, le bureau de l’Aube dorée est assiégé et attaqué par des  manifestants en colère. Pendant ces manifestations contre le parti néonazi, des politiciens de gauche et des journalistes sont repoussés des cortèges dans la ville où a eu lieu le meurtre.
À Athènes, rapidement, des affrontements ont lieu entre la police et les manifestants.
Une partie de ces derniers se met alors à attaquer les bâtiments de la police. La réaction est « classique » de la part de la police : gaz lacrymogènes et grenades.
Au cri de « the blood is running, it seeks revenge » (le sang a coulé, il réclame vengeance) un bloc anarchiste et antifasciste de 4 000 personnes attaque, à Nikaia, les bureaux de l’Aube dorée. Encore une fois, ils sont stoppés par la police.
À Kerastini, lieu du meurtre, des barricades sont montées et des affrontements avec la police ont lieu un peu partout dans la ville. En début de soirée, plusieurs personnes sont arrêtées. La police n’est pas la seule à vouloir endiguer cette colère : des personnes, près des unités de police, sont vues en train de jeter des pierres sur les manifestants. Il apparaîtra quelques jours plus tard qu’il s’agissait de personnes du parti néonazi.
Alors que la nuit avance et qu’à Kerastini la police a sorti ses canons à eau, les arrestations se font de plus en plus violentes et nombreuses à travers tout le pays. Un manifestant perd un œil après avoir reçu une grenade lacrymogène. Quand, vers 2 heures du matin, des personnes se rassemblent devant un commissariat d’Athènes en soutien aux détenus, la police les attaque. Les violences policières de cette journée sont dénoncées par les médecins des hôpitaux d’Athènes et de Pirée, qui prennent la parole et les condamnent publiquement. Le lendemain, à nouveau, des manifestations ont lieu dans une vingtaine de villes de Grèce, l’appel de syndicats et de groupes antifascistes. Cette fois non seulement la police protège les bâtiments de l’Aube dorée mais, en plus, des équipes de policiers anti-émeute suivent les cortèges anarchistes et antifascistes.
Si des manifestations se déroulent tous les jours, des actions plus ciblées contre des membres de l’AD ont lieu. Le vendredi 20 septembre, à Athènes, des anarchistes affrontent des membres de l’AD. Deux de ces derniers doivent être évacués en ambulance.
Dans la ville de Mesollogi, dans l’ouest, le samedi 21 septembre, des personnes attaquent les bureaux locaux de l’AD en jetant des cocktails Molotov. En Crète, à Ierapetra, des membres du parti quittent leurs locaux, par peur des représailles des antifascistes. Le mercredi 25 septembre, divers groupes à Athènes et dans plusieurs autres villes appellent à la manifestation.
Dans la capitale, la manifestation part en fin d’après-midi du quartier de Propylea pour rejoindre un peu plus tard un cortège venant du quartier de Syntagma. Il y a alors une foule de plus de 50 000 personnes qui se dirige vers le quartier général de l’AD. Très rapidement, 15 personnes sont arrêtées dans le quartier d’Exarchia, où les anarchistes ont la plupart de leurs locaux. Des affrontements éclatent, la police attaquant le cortège à coups de lacrymo et de grenades.
En réaction, une partie de la manifestation fait demi-tour alors que les affrontements se généralisent. Tout autour du quartier général du parti néonazi, il y a des gaz lacrymo et des guérillas. La police réussit à fractionner le cortège qui se trouvait encore au quartier général, en plusieurs petits groupes. Des arrestations ont alors lieu.
En ce vendredi 27 septembre, la colère n’a pas baissé. Selon nos informations, il semble qu’une partie de la population veuille en finir avec ce parti néonazi. Certes, ces derniers jours, il s’agit surtout d’actions de violence de la part d’antifascistes et d’anarchistes pour protester contre le meurtre de Pavlos Fyssas. Mais la violence verbale de l’Aube dorée et la violence physique de ses membres envers les étrangers et les militants antifascistes ne va pas pouvoir laisser insensible la population grecque longtemps.
Le sang a coulé, il réclame vengeance.

Thierry
Groupe Germinal de la Fédération anarchiste