Changer la vie des femmes pour changer le monde !

mis en ligne le 5 mars 2015
1768MarcheMondialeFemmesEn 2015, la 4e édition de la Marche mondiale débutera le 8 mars pour se terminer le 17 octobre. La Marche mondiale des femmes veut rompre avec le patriarcat, le capitalisme et le racisme, les trois systèmes d’oppression qui contrôlent nos vies dans le monde entier. Les gouvernements, pour satisfaire les pouvoirs économiques et financiers, font des choix politiques qui engendrent les crises financières, alimentaires, environnementales et sociales. Dans le système d’oppression patriarcale qui est le nôtre, les femmes sont les premières touchées et de plus en plus précarisées. Nous assistons à une montée de l’ordre moral réactionnaire et des intégrismes religieux qui induisent une montée alarmante des violences faites aux femmes, et particulièrement aux lesbiennes, aux handicapées et aux migrantes.
Tous les 5 ans depuis l’année 2000, les féministes du monde entier unissent leurs forces pour marcher ensemble avec l’objectif commun de construire un monde basé sur la Paix, la Justice, l’Égalité, la Liberté et la Solidarité.

Les thèmes de 2015
En France, en Europe, comme dans le monde entier, des actions collectives sont organisées sur les cinq thèmes de la 4e Marche mondiale des femmes.
– Justice climatique/souveraineté alimentaire. La souveraineté alimentaire est le droit des peuples à une alimentation saine, produite par des méthodes écologiques et durables, et à définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. Elle met celles et ceux qui produisent, distribuent et consomment des aliments au cœur des systèmes et des politiques alimentaires, et non les marchés et les entreprises.
Ce principe reconnaît la contribution des femmes dans la production alimentaire : de l’agriculture à la préparation et à la distribution de nourriture. D’où la nécessité de répartir équitablement les terres et les conditions de production entre hommes et femmes, et la nécessité de redistribuer le travail de prendre soin de leur famille et des autres.
Nous voulons agir à travers la plantation et l’échange de semences paysannes et de variétés locales, par des actions directes dans les supermarchés, en organisant des marchés de la souveraineté alimentaire, par l’agriculture urbaine, et bien plus encore !
Lors du voyage de la caravane en Europe nous voulons échanger des expériences avec des femmes de toute l’Europe sur la biodiversité, l’agriculture locale et les alternatives dans la production, la distribution, la consommation et la préparation d’aliments.
– Violences contre les femmes. En ce début de XXIe siècle, la complaisance, les préjugés et le déni existent toujours de manière tenace face aux violences faites aux femmes. Il y a une universalité des violences faites aux femmes, même si ces violences ont des réalités transnationales et transculturelles qui prennent des formes différentes selon les sociétés et les cultures. Leur existence est un phénomène, un fait social que l’on retrouve de façon pérenne dans toutes les classes sociales, toutes les cultures, toutes les religions, toutes les situations géopolitiques… Les causes des violences faites aux femmes trouvent leurs racines dans la haine de l’altérité et dans la croyance que la domination machiste est le seul mode de survie de l’espèce.
Nous ne nous reconnaissons dans aucune forme de domination, qu’elle soit sexiste, raciste, coloniale, homophobe ou capitaliste. Nous voulons construire une société réellement égalitaire.
– Montée des extrêmes (extrême droite et extrémismes religieux). La montée des extrémismes que sont les mouvements politiques d’extrême droite et les fondamentalismes religieux est une réalité partout dans le monde. Tous ces mouvements cheminent ensemble et développent leur discours populiste sur le terrain fertile des crises de la société et du capitalisme (crises économique, sociale, écologique, politique et démocratique). Ils exploitent la désespérance de gens terrassés par la pauvreté, la précarité et le chômage, alimentent un discours de retour aux traditions nationales, communautaires, religieuses et érigent en dogme des valeurs de rejet, de la haine de l’Autre et de repli sur soi. Ils constituent une menace grave pour les sociétés et ne sauraient représenter une réponse aux crises auxquelles nous faisons face.
Face à ces menaces, nous voulons : défendre la laïcité comme espace commun à toutes et tous pour vivre ensemble, quelles que soient nos croyances ou nos incroyances ; lutter pour la défense de nos acquis, l’application des lois existantes et l’obtention de nouveaux droits en faveur de l’égalité des sexes ; agir sur les représentations collectives, qui sont au fondement du patriarcat : éducation non sexiste, éducation civique et laïque ; dynamiser et fédérer nos solidarités pour montrer qu’un autre monde est possible et que nous le construisons.
– Migrations et mondialisation. La spécificité de la situation femmes migrantes nous invite à examiner en quoi elle mérite une analyse, une action associative et des revendications dédiées. Nous devons prendre en compte leur exposition à des discriminations juxtaposées, liées au genre, à la classe sociale, à l’origine ou à la couleur de peau, ce qu’on appelle l’intersectionnalité des discriminations qui se croisent et se renforcent. Nous revendiquons l’universalité des droits des femmes, comme la citoyenneté, l’autonomie financière ou l’émancipation sexuelle.
En France, en 2015, des femmes issues de l’immigration sont encore soumises à des accords bilatéraux avec les pays d’origine comme le Maroc ou l’Algérie, et subissent les lois inégalitaires de ces pays sur le sol français. Certaines violences, comme les mutilations génitales et les mariages forcés, frappent spécifiquement les femmes, les adolescentes et les filles, que ce soit dans les pays d’origine ou les pays d’accueil.
Notre lutte consiste donc à soutenir l’autonomie financière et juridique des femmes émigrées, à accompagner les démarches des sans papiers qui se battent pour leur régularisation, à lutter contre les violences spécifiques auxquelles elles sont exposées, et à les faire bénéficier pleinement de l’égalité des droits.
– Travail des femmes et autonomie financière. L’accès des femmes au travail salarié est un enjeu féministe dans la mesure où cela devrait leur permettre une autonomie financière et économique. Or, si les femmes ont largement investi le marché du travail, elles sont loin d’avoir atteint l’autonomie. Les femmes sont toujours cantonnées dans un nombre de métiers restreint majoritairement peu valorisés. Trop d’inégalités existent encore au travail entre les femmes et les hommes : salaires, précarité, temps partiel, plafond de verre et plancher collant, manque de reconnaissance et qualification des postes occupés par les femmes, pénibilité et mauvaises conditions de travail spécifiques ne sont pas prises en compte… Des lois existent, mais elles ne sont pas ou peu appliquées, les moyens pour imposer des mesures aux entreprises et administrations étant largement insuffisants… Malgré les luttes et les lois (égalité salariale, lutte contre les discriminations à l’embauche), ce combat reste à mener. Sur le marché du travail, nous devons nous battre contre deux systèmes d’oppression, le capitalisme et le patriarcat.

Chaque dernier mercredi du mois, l’émission « Femmes libres » partage son temps d’antenne avec les marcheuses ! La caravane européenne réalisera des reportages qui seront diffusés sur plusieurs radios (Radio B à Bourg en Bresse, Radio Galère à Marseille, Radio libertaire à Paris le mercredi à la fin des programmes).