« Le Guide des sponsors du Front national et de ses amis » Caroline Fourest et Fiammetta Venner

mis en ligne le 26 mars 1998

Ce livre est l'œuvre de deux journalistes, Caroline Fourest et Fiammetta Venner. Cette dernière est déjà connue pour avoir écrit deux livres relatifs à l'extrême droite[[L'Opposition à l'avortement, du lobby au commando (Berg) ; L'Extrême droite et les femmes (Golias).]]. Avant même de le prendre en mains, on se dit qu'on va trouver là la liste des adresses à éviter, que ce livre manquait puisqu'il va nous parler du nerf de la guerre. Qu'on ait pu entendre dire sur Radio Courtoisie (le mensonge d'extrême droite en F.M.) qu'il n'y avait « rien dans ce livre » et que d'ailleurs « il est truffé d'erreurs » laissait à penser qu'il était donc bien renseigné…

Combien de sponsors ?

Comment peut-on être mal renseigné ? Il suffit, par exemple, de consulter le Journal officiel qui publie la liste des entreprises participant au financement des campagnes électorales des partis politiques pour connaître à coup sûr une partie non négligeable des complices du parti de la haine. Nos deux auteurs ont fait ce travail de recherche.

Cependant, les auteurs nous invitent au réalisme. En effet, elles nous rappellent que le premier sponsor du Front national, c'est nous tous, à travers le financement public (100 millions de francs entre 1993 et 1995).

En effet, jamais l'État ne nous a consulté pour savoir si nous étions d'accord pour financer les politiciens, et chaque fois que l'on achète n'importe quel produit on paie des taxes qui ne financent pas forcément le service public…

On peut être sponsor du Front national (ou de ses amis) de différentes manières - cela dit, bien sûr, sans vouloir donner de conseils. Cela va de la participation directe au financement d'une campagne électorale, en tant qu'entreprise ou en tant que personne physique, à l'insertion d'une publicité dans l'organe d'une organisation satellite du parti dont Le Pen est encore officiellement le chef, en passant par National hebdo, dont le chiffre d'affaire en 1996 fut de 14,9 millions de francs.

On trouvera dans ce guide un répertoire professionnel de 160 pages, comprenant donc des dizaines d'entreprises ou d'établissements plus ou moins coupables de sponsoring, plus ou moins complices de la montée du Front national. « Plus ou moins » ? Il reste en effet à faire la part des choses, entre la recherche de clients, objectif commercial, et le soutien militant, l'engagement d'une entreprise - ou d'une de ses succursales - et l'engagement d'une personne en son sein… Les auteurs annoncent tout cela clairement. Il reste donc à observer un certain nombre de complicités objectives.

Qui sont les sponsors ?

En ce qui concerne ceux qui tiennent un stand à la fête bleu-blanc-rouge, ils savent forcement où ils mettent les pieds. Ceux qui font paraître régulièrement des encarts publicitaires dans Police et sécurité magazine (organe de la F.P.I.P., syndicat d'extrême droite de la police) et lui versent ainsi des dizaines de milliers de francs savent forcément ce qu'ils font…

Le Guide des sponsors répertorie les entreprises soutenant le F. N et ses amis par secteur d'activité (agroalimentaire, bars, hôtels, restaurants, banques, transports, enseignement, communication, hypermarchés…) et par département. Il comporte aussi un index alphabétique et un index départemental. C'est donc bien un guide, même si ce n'est pas le « guide Michelin » des lieux à fuir. à ce propos, les amateurs de dive bouteille seront peut-être chagrinés d'apprendre que nombre de producteurs (malheureusement pas tous cités) montrent franchement des affinités politiques bien antipathiques. En effet, le Guide des sponsors ne prétend pas à l'exhaustivité. En revanche, citant ses sources, il n'est pas un répertoire de rumeurs.

Le chapitre Santé recense un certain nombre de laboratoires pharmaceutiques, mais il y adjoint les noms des médicaments produits par ceux-ci. à chacun de faire le nécessaire auprès de son médecin…

Voila donc un guide utile. Reste à faire en sorte que sa réédition ne soit pas nécessaire… Faire l'usage de celui-ci peut y contribuer.