Arrêtez le massacre ou sinon ça va pêter !

mis en ligne le 26 mai 2004

L'accès à  l'AME

Pourquoi avoir nommé Douste-Blazy à la santé ? Pour être sûr qu'il ne fera rien pendant cent jours ? Et après, il se passe quoi ? Ces jeux de pouvoir n'intéressent ni les anarchistes, ni les précaires, ni les séropositifs et les autres exclu.e.s de la santé. Alors que nous n'avons qu'une seule bille en tête : essayer de survivre au jour le jour, au sein de ce marasme ultralibéral, où il faut obligatoirement fournir des papiers ou des fiches de paye pour être un minimum soigné.e.s.

On fait quoi pendant cent jours ? On crève ou on se révolte ?

De source militante, il est entendu que Blazy a donné la consigne à ses services : ne recevoir personne, sinon quelques journalistes encartés, mais surtout pas des associations constituées (Act-UP, Aides, les assoces de toxicos, de mal-logé.e.s et de crève-la-faim). C'est-à-dire, celles ou ceux qui posent les vraies questions : comment faire pour survivre ? De fait, on nous impose encore trois mois de silence... Le nouveau ministre signera-t-il le projet de suppression de la protection maladie et de l'accès aux soins pour les plus pauvres, les séropositifs et les étrangers sans papiers ? Déjà au sein du gouvernement Raffarin II, le coup d'envoi des réformes était donné : il laissait entrevoir la remise en question globale d'une sécurité sociale pour toutes et tous. Dans sa présentation du projet, qui nous pend toujours au nez, la loi des finances 2004 prévoyait dans son « ministère des Affaires sociales, de l'emploi et de la solidarité » une réforme d'ensemble de l'aide médicale d'État (AME), mais sous « couvert de maîtrise des coûts et d'équilibre budgétaire ».

L'objectif du gouvernement est clair : interdire l'AME aux plus pauvres, aux étrangers avec ou sans papiers et aux sans-droits !

Différentes mesures « béton » ont d'ores et déjà été retenues :

Faire payer un ticket modérateur (nous pourrions l'appeler ticket d'exclusion des soins) aux plus pauvres, c'est-à-dire les bénéficiaires de l'AME. Un principe déjà mis en place depuis décembre 2002, dont seuls les tarifs restent à préciser. Mais, pour cela, il suffira d'un décret d'application, jusqu'à présent remis en cause par les seules associations, ainsi que d'autres organisations syndicales et politiques qui nous ont rejoints dans la lutte.

Il est également question pour le nouveau gouvernement de « verrouiller » l'accès à l'AME, en imposant des conditions draconiennes à des individus précaires qui, par simple voie de fait, n'y auront pas accès... Simpliste, mais efficace !

Si cela ne suffit, pas, il est envisagé de supprimer l'admission immédiate à l'AME, par « simple fait de ne plus prendre en compte aucune urgence médicale ou sociale ».

Si encore certains postulant.e.s persistent, les tordus de l'administration pourraient alors « exiger une période ininterrompue de trois mois sur le territoire français, avant de pouvoir demander l'AME ».

Pour les acharné.e.s, il leur restera encore un dernier recours : « organiser la facturation des éventuels soins médicaux dispensés, exclusivement en milieu hospitalier, lorsque le pronostic vital est en jeu, selon l'article 49 » ! Ah oui, et on fait comment ? Ne rêvons pas encore de pouvoir être soigné.e.s, car naturellement, cet article ne permet pas « l'ouverture du droit à l'aide médicale ». Elle interdit donc de fait toute continuité des soins. En effet, les dispositions 3, 4 et 5 exigent encore « un débat et un vote au parlement ».

Ces débats étaient prévus, début décembre 2003, mais ils n'ont de fait débouché sur rien, sinon préfigurer la volonté du prochain gouvernement de brader la Sécurité sociale de toutes et tous et de privatiser l'espace pour toutes et tous d'accès à la santé.

Le nouveau gouvernement va vers une protection maladie des « ayants droit » et des « payants ». Raffarin III ne fait que confirmer la volonté de réduire drastiquement la protection maladie, destinée à toute population précaire.

Elle annonce également d'autres atteintes, en particulier celle destinée aux « pauvres et moins précaires » (selon des critères qui nous échappent) c'est-à-dire, les bénéficiaires de la CMU.

Et pour remonter l'échelle d'un droit à la santé pour toutes et tous, pourquoi pas demain la remise en question de l'ensemble des assurés sociaux, qui n'auront pas les moyens de se payer des couvertures maladies complémentaires privatisées ? C'est-à-dire, la disparition pure et simple de la couverture maladie (service public), qui arrange tellement les intérêts du nouveau gouvernement et des tenants du marché de l'assurance privée.

L'exclusion de l'accès aux soins des plus pauvres et des exclu.e.s doit être notre lutte de demain. Il n'est pas question de céder à la marchandisation de la santé. L'accès aux soins et aux traitements est universelle, sans frontières, et avant tout, une simple question de survie ! Notre droit à la santé nous appartient et nous le défendrons.