Discours insoutenable

mis en ligne le 18 décembre 2005

Le concept de développement durable a été tellement galvaudé qu'il est aujourd'hui récupéré par les multinationales, des grandes instances internationales, les élus et les gouvernements. Le développement durable est devenu un concept à la mode. Et voilà que les responsables de l'économie sociale et solidaire s'essaient à une nouvelle variante : il parle de « décroissance soutenable ». Ce discours n'est pas innocent, les dirigeants de l'économie sociale et solidaire militent très souvent dans un paquet d'ONG (organisation non gouvernementale) et ils sont les représentants de partis dits de gauche (écolos, PS, PCF), ils trompent les populations en parlant de décroissance soutenable car ils soutiennent sans le remettre en cause le système capitaliste et prônent la croissance, sœur jumelle du profit. Ils veulent tout simplement y apporter quelques aménagements sans remettre en cause le système. L'économie sociale et solidaire n'est guère différente de l'économie capitaliste. Elle exploite les travailleurs, elle fait des profits. On peut s'interroger sur le rôle que jouent les mouvements coopératifs, mutualistes, le secteur bancaire, qui se réclament de l'économie sociale et solidaire. Le discours est plutôt racoleur et se veut humaniste. Il dit vouloir « faire de l'être humain sa première préoccupation et se soucier de la préservation de l'environnement », mais en même temps il est dénué de toute vision apocalyptique. Comment peut-on avoir un discours aussi contradictoire ? Comment peut-on parler de décroissance soutenable alors que le danger est imminent comme le dit Nicholas Georgescu-Roegen dans son livre la Décroissance : « Plus le degré de développement économique sera élevé, plus considérable sera l'épuisement des ressources de la planète et par conséquent, plus courte sera l'espérance de vie de l'espèce humaine. » Alors, parler de décroissance soutenable me paraît tellement dérisoire et vraiment insoutenable. Il convient, face à la pression croissante exercée sur les stocks de ressources de la planète due au développement industriel qui provoque un besoin de consommation toujours plus important avec pour conséquence une pollution toujours plus nocive, de rechercher d'autres moyens de développement, de consommer autrement, de faire usage de cette source d'énergie qu'est le rayonnement solaire, la source la plus abondante et d'en rechercher d'autres... Si les humains, et surtout nos dirigeants politiques et responsables des multinationales, savent ce qu'ils doivent mettre en œuvre pour sauver la planète, leur nature, leurs intérêts financiers les empêchent de suivre les conseils de la sagesse. Il y a crise, mais la vraie crise est la crise de la sagesse humaine, c'est l'égoïsme qui domine.

Justhom