éditorial du n°1554

mis en ligne le 30 avril 2009

« Je ne l'ai pas dit », pourrait dire un ancien Premier ministre. Oh bien sûr il ne l'a pas dit. Il n'a pas donc déclaré : « Ça va péter, je le sens » mais quelque chose autour d'une situation prérévolutionnaire qu'il subodorait. Jouant les Cassandre aux pieds d'argile, histoire de glisser dans la conversation que tout ça c'est la faute à son ami le jogger fou !

Pas gentil le héros malgré lui du marécage de l'affaire Clearstream. Il aurait dû écouter le cogérant de l'équipementier automobilier Molex, séquestré la semaine dernière pendant 26 heures : « Tout cela est piloté de l'extérieur ! [...] derrière tout ça il y a les centrales syndicales, à commencer par la CGT, et des éléments radicaux déconnectés de la réalité économique. » Nous voilà donc toutes et tous habillés pour l'hiver ! Diable, le monsieur a la vue basse et le discernement brouillé. Nous, il nous semblait qu'il y avait aussi dans le coup des syndicalistes de base, toutes boutiques confondues, bref des travailleuses et travailleurs qui n'avaient plus rien à perdre.

Le chef suprême des pouvoirs publics a décidé de karchériser les bandes en nous faisant croire que ce phénomène venait de sortir en rayon et qu'il allait y remédier. Exit apaches, blousons noirs et consort des siècles derniers ! Mettant les banlieues et le contresommet de Strasbourg dans le même sac, un projet de loi a été remis à Matignon. Il viserait tout simplement à interdire le port de toute capuche dans les manifestations ! Même les syndicats de la police jugent que c'est tout bêtement inefficace...

Rêvons un peu. Comme le lendemain de la parution de ce Monde libertaire, le Premier Mai se promet d'être unitaire, il est permis de rêver. Imaginons donc tous les responsables syndicaux, à la fois par solidarité, mais aussi par dérision, défiler encapuchonnés, pour faire la nique à qui vous savez. Et pour crier comme, il y a des lustres, Spartakus « Je reviendrai et je serai des millions ! »