Fribourg, Allemagne : le centre autonome dans la tourmente

mis en ligne le 3 décembre 2009
Le 14 novembre 2009, s’est déroulée une manifestation antifasciste en soutien au KTS (centre autonome de Fribourg). Cette manifestation a été attaquée violemment par la police. Retour sur les raisons de la mobilisation et la répression qui a suivi. Dans la nuit du 9 novembre, des militants nazis ont lancé des engins incendiaires contre le KTS. L’attaque, qui n’a fait aucune victime, a pourtant provoqué des dégâts matériels non négligeables. Cette attaque faisait suite à de nombreuses provocations et tentatives d’intimidation de la part de militants d’extrême droite.

Les nazillons s’agitent
Au mois de mars des militants d’extrême droite avaient tenté de prendre des photos de militants en marge d’une manifestation autonome. Des tentatives similaires avaient suivi, notamment autour du KTS. Trop faible à Fribourg, et trop peu organisée, la mouvance nazie en est réduite à des actions isolées qui pour autant restent dangereuses. Au mois de mai, lors d’une manifestation après l’expulsion d’une maison occupée, des nazis étaient apparus aux abords de celle-ci et avaient tenté d’attaquer le cortège. L’un d’eux avait même sorti un couteau. Grâce à la détermination du cortège, cette attaque fut un échec.

La riposte antifasciste
Face aux activités des nazis, les antifascistes ont multiplié les actions contre des militants nazis à Fribourg, en rendant publics leurs noms, lieux de résidence, lieux de travail, afin de les déstabiliser.
Mais c’est l’affaire du « poseur de bombe » qui rencontra un vif écho dans la presse, même au niveau national. Fin août, l’Autonome Antifa a rendu public, via un communiqué de presse, le résultat de son travail d’investigation concernant Thomas Baumann. Il y apparaissait clairement que ce responsable de la JN (organisation de jeunesse du NPD) de Lörrach, également membre d’une unité d’élite de l’armée allemande, avait réuni les matériaux nécessaires pour confectionner une bombe et qu’il était sur le point de passer à l’action. Consciencieux, il avait déjà dressé une liste de cibles, dont le KTS faisait partie. Le même jour, les informations sont également parvenues anonymement à la police qui procéda rapidement à l’arrestation du militant nazi. Lors de la perquisition, la police tomba sur un véritable petit arsenal. La presse, quant à elle, s’interrogea sur le fait que des militants antifascistes soient mieux informés que la police et ses services de renseignements pourtant si zélés à surveiller l’extrême gauche…
L’attaque contre le KTS un mois après ce coup d’éclat des antifascistes est très certainement une vengeance de la part de militants nazis faisant partie de l’entourage de Thomas Baumann. Précisons aussi que l’Autonome Antifa n’a jamais cru que Baumann agissait seul, contrairement à la thèse de la police.

Contre le fascisme, les centres autonomes
Les antifascistes radicaux avaient appelé à manifester le 14 novembre contre l’extrême droite. Par la même occasion, ils voulaient envoyer un signe clair à la ville : Arrêtez de harceler les militants du KTS ! En effet, à la suite de manifestations non déposées qui s’étaient déroulées durant les mois précédents, certains militants du centre autonome avaient été jugés par les autorités comme légalement responsables de celles-ci. Cela s’était traduit par des poursuites en justice. Cette fois encore, la manifestation ne fut pas déposée. Des rencontres ont pourtant eu lieu entre les organisateurs de la manifestation et les autorités, mais celles-ci ont échoué.

Répression et fichage
Le samedi 14 novembre, environ 700 personnes se sont rassemblées pour manifester en centre-ville. Mais la police était présente en force, bien décidée à empêcher que le cortège ne se mette en route. Ce dernier a d’ailleurs été rapidement cerné de tous côtés par la police anti-émeute. Durant quasiment deux heures, manifestants et policiers vont se faire face. Pendant ce temps, la police a ramené des renforts et les unités cagoulées ont fait leur apparition. La tête de cortège, quant à elle, a tenté, sans succès, de passer en force pour ouvrir la route.
La police a ensuite isolé la tête de cortège, environ 300 personnes. Après de violents matraquages et de nombreuses arrestations, les forces de l’ordre, qui avaient encerclé tout ce qui restait de la « manifestation », ont fait sortir un par un les militants. Toute une rue était bloquée par des fourgons de police qui avaient mis en place des mini-bureaux et de l’éclairage afin d’entamer une opération de fichage à grande échelle.
C’est ainsi qu’accompagnés par deux policiers en tenue anti-émeute cagoulés, on passait les différentes étapes, méthodiquement. Fouille, contrôle d’identité et photo avec un numéro collé sur la poitrine. Les derniers sortiront de la nasse vers 20 heures. En tout et pour tout, il y aura eu plus d’une dizaine de blessés, une quarantaine d’arrestations ainsi que le fichage systématique et méthodique de quelque 300 personnes.

Olynx Fédération anarchiste, groupe de Strasbourg