Arrête ton cinéma, Anne-Marie !

mis en ligne le 28 juin 2010
Madame Anne-Marie Faucon, avec la modestie et l’humilité coutumières de l’élite intellectuelle de la gauche française, institutionnelle ou extrême, s’est découvert une mission. Elle souhaite « inciter les réalisateurs israéliens à réfléchir à ce qui se passe dans leur pays ». Rien que ça. Cette noble intention n’aurait pu être que franchement risible et prétentieuse si cette dame n’était pas la cofondatrice du réseau de salles de cinéma Utopia. Sachant cela, elle devient grotesque et indécente. On peut attendre d’une cinéphile supposée, en effet, autre chose que l’étalage de son ignorance crasse quand, précisément, le cinéma israélien demeure l’un des plus fins observateurs et des plus critiques de la réalité de son pays. Pour mieux mener à bien sa grandiose ambition, Mme Faucon, qui parle volontiers de liberté, fait jouer son détestable pouvoir de nuisance en décidant de déprogrammer le film d’un réalisateur qui a le tort considérable, à ses yeux, de vivre à Tel-Aviv.
Mme Faucon, comme nombre de sympathisants propalestiniens à œillères, n’ignore évidemment pas que la liste est longue des États dictatoriaux et voyous, belliqueux et meurtriers, impitoyables avec leurs opposants et agressifs envers leurs voisins ou prétendus ennemis lointains. Pour tous ces pays, Mme Faucon, comme tous les sympathisants propalestiniens à front bas, parvient aisément à faire la différence entre les gouvernements qui les dirigent, d’un côté, et, de l’autre, les artistes qui s’y expriment, quand ils le peuvent. Du moins peut-on le supposer car, sauf erreur, on n’a jamais entendu Mme Faucon ordonner, par exemple, la déprogrammation d’un film chinois, russe ou américain, malgré les occupations militaires du Tibet, de la Géorgie, de la Tchétchénie, de l’Irak et de l’Afghanistan, avec les massacres de civils qu’elles ont entraînés. Il n’y a curieusement qu’un pays au monde où, aux yeux de Mme Faucon et des sympathisants propalestiniens épais, des artistes, par le seul fait de faire œuvre créatrice, « cautionnent la politique de leur pays ».
N’allez surtout pas dire à Mme Faucon que peut se cacher là l’ombre d’un début de commencement d’un antisémitisme au mieux larvé, elle se croit militante pour les droits de l’homme !