Sans travail, sans avenir, sans peur

mis en ligne le 8 novembre 2012
La CGT espagnole avait lancé depuis des semaines, seule dans son coin, un appel à la grève générale pour le 31 octobre. C’était une initiative assez gonflée, même quand on compte dans ses rangs près de 80 000 adhérents. Ceci dit, les autres organisations anarcho-syndicalistes CNT, Solidaridad Obrera, si elles n’avaient pas été consultées, étaient prêtes à se joindre à cet appel. Puis la donne a changé avec la convocation, par les syndicats institutionnels (UGT, CC. OO), à une grève tout aussi générale mais pour le 14 novembre. Par souci d’efficacité, la CGT espagnole déplace donc son appel à ce même 14 novembre, tout en ayant maintenu une journée d’action pour le 31 octobre. La CNT a également opté pour ces deux dates.
Du coup, la grande mobilisation va s’articuler avec la convocation de la Confédération européenne des syndicats (CES) s’adressant en particulier aux syndicats des pays du sud de l’Europe mais pas seulement… Tout ceci dans le but de s’opposer aux politiques antisociales de l’Union européenne. Dans cette perspective, la CGT et la CNT ont donc choisi de se joindre à cette journée du 14 novembre tout en maintenant les actions prévues le 31 octobre qu’elles veulent transformer en journée de lutte sociale active, ce qui non seulement servira en quelque sorte de galop d’essai, mais mettra en avant les revendications de nos camarades anarcho-syndicalistes ibères, qui ne tiennent pas à simplement négocier un aménagement du pacte social déjà entériné par l’UGT et les CC. OO.
Dans ce but, à travers les grandes villes des différentes régions, manifestations et rassemblements auront lieu sur les places principales, devant les mairies ou autres bâtiments officiels.
Les revendications demeurent inchangées :
- mise en œuvre immédiate de mesures concrètes pour mettre fin au chômage et à la précarité ;
- arrêt de la politique actuelle et retrait des lois et mesures qui engendrent les suppressions de postes, les coupes budgétaires et les attaques contre la législation du travail. Retrait de ces lois qui empêchent un partage juste du travail et des richesses ;
- rejet radical et non négocié de la politique économique de l’état.
Comme n’ont pas manqué de le souligner les médias outre-Pyrénées, ce sera la première fois que deux grèves générales sont convoquées la même année. Pour être précis, depuis la mort de Franco, il s’agit de la septième grève générale de 24 heures : quatre sous la gauche (González/Zapatero) et trois sous la droite (Aznar/Rajoy).
Nous savons par expérience comment se terminent souvent ce genre de grèves non reconductibles ; comme en France, en 2010, au moment de la « réforme » des retraites. Sauf qu’en Espagne, la droite n’est au pouvoir que depuis un an, et que l’opposition socialiste va avoir du mal à faire patienter ses troupes jusqu’aux prochaines élections de 2015. On va donc voir dans la rue de plus en plus d’« indignés » et autres révoltés qui n’attendent pas les grèves générales pour bouger (d’autant plus que la majorité est sans emploi, alors la grève !). Pratiquement chaque jour en Espagne, des manifestants rappellent que les dirigeants ne sont que le 1 %. Ceci dit ne nous leurrons pas, dans les rues, il n’y a pas les 99 % mais le 1 % de ces 99 %. Sinon le système aurait déjà volé en éclats. Mais c’est en bonne voie : reste à la révolte à s’approcher chaque fois un peu plus de la révolution. Et s’organiser pour. Les structures ne manquent pas. S’organiser : le maître mot.