Retraités à nouveau dépouillés

mis en ligne le 15 mai 2013
1706BabouseOn en a peu parlé (y compris dans nos colonnes), mais cela fait déjà plus d’un mois que les négociations entre syndicats de travailleurs et patronat au sujet des retraites complémentaires et de leurs régimes (Arrco – pour les salariés – et Agirc – pour les cadres) sont terminées. Retour sur une nouvelle atteinte à nos droits et à nos conditions de vie.

Petit rappel des faits
À l’origine, l’enjeu affiché de ces « tractations » n’était autre que la réduction du déficit annuel de l’Arrco et de l’Agirc, lequel déficit, à en croire les chiffres, s’élevait à près de cinq milliards d’euros en 2012. Mais sous ces motivations économes, se cachait, bien sûr, la sempiternelle volonté gouvernementale de dépouiller les plus démunis pour renflouer les caisses de l’État et les poches du patronat.
Du côté du Medef, on affichait jusque-là le désir de voir les pensions des retraités revalorisées de un point inférieur à l’inflation pour une durée de cinq ans minimum dès 2013… Ce qui se serait traduit par une baisse de 5 % du pouvoir d’achat des retraités et aurait conditionné – à la baisse – le calcul des retraites des salariés. L’organisation patronale souhaitait également s’attaquer aux pensions des veufs et veuves, en les indexant sur la durée du mariage des concernés.
Les syndicats de travailleurs, eux, demandaient une augmentation des cotisations patronales – en particulier celles des entreprises réalisant de gros bénéfices –, voire salariales, et ce afin de ne pas toucher aux revenus des retraités, pour la plupart déjà bien maigres. Devant l’intransigeance du patronat, la CGT et FO avaient quitté, début mars, la table des négociations, laissant la CFDT, la CFTC et la CGC négocier seules avec le Medef. Les trois organisations avaient alors vite fait savoir qu’elles étaient prêtes à accepter une désindexation des pensions (sans pour autant préciser le niveau !), mais seulement si, en contrepartie, le patronat acceptait le principe d’une augmentation des cotisations des employeurs…
Quant au gouvernement, il avait très vite annoncé qu’il était probable que les pensions octroyées par les régimes de retraite de base (Cnav et MSA) – dont la réforme est prévue pour cet été – connaîtraient, à terme, le même sort que les régimes complémentaires… Autrement dit, il entendait faire de la réforme des régimes de retraite complémentaire une réforme plus générale du régime de retraite dans son ensemble. Le Medef encourageait d’ailleurs l’État à s’engager dans cette voie, pourvu, bien sûr, que cette réforme n’implique aucune augmentation des cotisations patronales.

Les directions syndicales responsables
L’accord – dont l’enjeu était de taille ! – fut signé le 13 mars. Et ce qui se profilait dès le début des négociations s’est confirmé : les retraités voient leurs pensions sous-indexées par rapport à l’inflation depuis le 1er avril et, à partir du 1er janvier 2014, les travailleurs actifs supporteront à hauteur de 40 % l’augmentation de la cotisation pour l’Arrco et l’Agirc. Et le gouvernement, bien sûr, confirme son ambition de réformer dans cette veine-là les régimes de base… Une fois de plus, les directions syndicales n’ont pas été à la hauteur. Non seulement celles de la CFDT, de la CFTC et de la CGC (qui ont ratifié l’accord), mais aussi celles de la CGT et de FO qui, malgré leur retrait des négociations, n’ont pas pour autant su (voulu ?) construire un vrai rapport de forces pour bloquer les négociations : pas d’appels à la grève, peu de manifestation et, même, peu de communication autour de cette question.
Une fois de plus, cette histoire ne fait que témoigner de l’impasse qu’incarnent ces négociations nationales. Le 11 janvier, de semblables avaient abouti, malgré les départs « enragés » de la CGT et de FO, à un accord national interprofessionnel instaurant une flexibilité synonyme de précarité et d’insécurité pour les travailleurs. Les retraités, mais aussi les salariés (actifs ou non), devront donc investir la rue et les entreprises par la grève et les manifestations pour, via des organisations syndicales réappropriées (et, donc, des bureaucraties dépassées), imposer la satisfaction de leurs intérêts immédiats. Le reste n’est qu’illusion, hypocrisie et mensonge.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


rushes.infos

le 19 mai 2013
Une réponse politique en forme de canto gitan, concoctée maison ! La retraite ça sert aussi à ça !
http://www.youtube.com/watch?v=dqOuI9rV8L4&feature=em-upload_owner