Antiféministe : la revanche du masculinisme

mis en ligne le 6 juin 2013
1709KalemL’émission Femmes libres a reçu Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri le 15 mai 2013 pour évoquer une des formes de l’antiféminisme, le masculinisme, et particulièrement son expression au Québec, puisque les deux invités sont québécois : Mélissa est une militante féministe radicale (radicale car luttant contre la racine du machisme et de l’antiféminisme), enseignante à l’université du Québec en Outaouais, au département de travail social et des sciences sociales, et agent de recherche à l’Alliance de recherche-Institut de recherches et d’études féministes Iref/Relais-femmes, auteure notamment de J’haïs les féministes ! Le 6 décembre 1989 et ses suites (2009) ; Francis est anarchiste et professeur de science politique et membre de l’Iref à l’université du Québec à Montréal. Ensemble ils ont codirigé Le Mouvement masculiniste au Québec. L’antiféminisme démasqué (2008, nouvelle édition 2012). Ces ouvrages sont publiés aux Éditions du Remue-Ménage (Montréal, Québec).
Depuis quelques années, l’idée que les hommes vont mal et qu’ils vivent une crise d’identité gagne des adeptes. Les femmes et surtout les féministes seraient la cause de cette prétendue crise de la masculinité car elles auraient pris une telle place dans la société que les hommes seraient relégués dans des rôles méprisables. Au Québec, ces hommes en mal d’identité se déguisent en superhéros et grimpent sur des ponts en y déployant des banderoles « Papa t’aime » ; en France, à Nantes, l’un d’entre eux monte sur une grue et tous les médias sont braqués sur lui. Les féministes ont beau dénoncer rapidement que le juge lui avait retiré le droit de visite à son fils car le père avait soustrait son enfant par deux fois, rien n’y fait. La vedette est sur la grue et clame qu’il subit une injustice. Certains autres engagent des poursuites contre des professeures, des militantes et des journalistes féministes. Des sites Internet fleurissent et les masculinistes y déversent leur fiel antiféministe, comme André Gélinas, ancien directeur de la recherche au ministère de la Justice du Québec : « Un des premiers exploits du mouvement féministe a été, sans conteste, la fermeture des tavernes pour la seule raison qu’elles étaient inaccessibles aux femmes. En tuant les tavernes, on a tué un symbole, on a émasculé le Québécois ! » C’est sûr que fermer les bars à serveuses nues, cela émascule le gogo ! En France, c’est Éric Zemmour qui clame en 2006 que l’homme est « le premier sexe » et qui sévit sans cesse sur RTL ou au Figaro. C’est lui aussi qui dit au sujet du droit à l’IVG : « On est passé d’une tolérance compassionnelle à un droit acquis, un mélange de tentation bureaucratique, de fureur égalitariste et d’idéologie féministe qui pense toujours au fond comme Simone de Beauvoir que la maternité est incompatible avec l’émancipation », après avoir affirmé que, depuis la loi Veil, 7 millions de fœtus ont été tués, soit 200 000 IVG par an pendant trente-cinq ans.
D’après Mélissa et Francis, le masculinisme est un mouvement revanchard contre le féminisme. Certains mouvements d’hommes préfèrent le terme « hoministe ». Mais le masculinisme est aujourd’hui adopté à la fois en équivalence du féminisme et considéré positivement par les revanchards, et à la fois approprié par les féministes avec une perception négative. Le masculinisme est un mouvement social au « discours prétendant que les féministes et les femmes dominent une société dans laquelle les hommes sont efféminés et n’ont plus de rôle significatif à jouer. Le masculinisme récupère à son profit l’analyse et le mode d’organisation des féministes pour en renverser le sens ». Les hommes apparaissent comme victimes des femmes dominantes. Ainsi, les masculinistes constituent un contre-mouvement : « Chaque fois qu’il y a un vaste mouvement d’émancipation, les anciens maîtres se mobilisent pour contre-attaquer. » À propos du refus de verser les pensions alimentaires à leurs enfants et de la revendication de garde alternée des enfants dans le cadre du divorce, des groupes de pères se sont constitués de manière solidaire : Mouvement pour l’égalité parentale en Belgique, le Väterauffbruch für Kinder en Allemagne, SOS Papa en France, Fathers 4 Justice ou l’Après Rupture au Québec…
Ainsi, les hommes souffriraient de changements qui leur ont été imposés contre leur « nature profonde ». Une rhétorique est alors construite : le décrochage scolaire des garçons, le taux de suicide des hommes supérieur à celui des femmes (le taux de suicide chez les hommes ne peut être corrélé avec la force d’un mouvement féministe), le divorce demandé très largement par les femmes, la garde des enfants quasi toujours confiée aux mères, la violence conjugale à l’initiative de la femme conduisant l’homme à réagir. Jamais l’éducation et le socialement construit n’apparaissent : non, c’est la nature qui fait les hommes violents utilisant une arme contre les femmes, comme l’exemple de Marc Lépine qui a délibérément assassiné quatorze femmes à l’école polytechnique de Montréal, le 6 décembre 1989, car « j’haïs les féministes » a-t-il écrit et proféré. De même, Richard Gardner invente en 1986, sans aucune précaution scientifique, un « syndrome d’aliénation parentale » : il s’agirait d’un désordre psychologique touchant l’enfant lorsque l’un des parents effectue sur lui, de manière implicite, un « lavage de cerveau » visant à détruire l’image de l’autre parent. Lorsque l’opération réussit, l’enfant rejette ou diabolise ce parent qu’il aimait auparavant et fait indissolublement corps avec le parent aliénant, conformément au désir de celui-ci.
Après la parution de Backlash de Susan Faludi en 1993, de La Revanche des misogynes : où en sont les femmes après trente ans de féminisme de Dominique Frisher en 1997, d’Un siècle d’antiféminisme de Christine Bard en 1999, l’ouvrage coordonné par Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déry réaffirme l’urgence pour les femmes comme pour les hommes de décrypter le masculinisme et de lutter contre toute domination, contre tout sexisme, contre toutes les formes du patriarcat, pour l’égalité, la solidarité et la liberté de toutes et tous.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


integre

le 27 juin 2013
les reactions masculinistes me paraissent tout aussi justifiees que celles des feministes meme si dans les faits il y a encore de la marge une societe ne peux accepter qu un genre puisse souffrir par rapport a l autre le feminisme n a pas pris ses responsabilites en ce domaine quand au parle d egalite on ne peux a loisir transformer les opprimes en oppresseur et vis verca ce n ai pas le cas encore je vous l accorde mais c est de toute evidence la ligne prise par le feminisme dans sa globalite et surtout ce qui est ressenti par l ensemble des hommes il est impensable aujourd hui de mettre cela sur le compte d un reflexe patriarcal sauf que le feminisme aurrait ( c est une hypothese)recuperer certaines valeurs dites patriarcal a son profil en inversant de facon simpliste les codes du systeme precedent

tetenlair

le 26 juillet 2013
Pauvre pauvre... Homme il vit en petit format ce que les femmes vivent en grand format depuis des milliers d'années.
Certes ça fait bizarre n'est-ce pas !
Et certains de vos confreres vont judsqu'a dire hairent les féministes!! c'est bien que / Les féministes sont dans le vrai, et ne demandent que l'égalité!!
Egalité,toujours refusée, et si durement voulue,
si on la refuse cette égalité, c'est bien qu'il y a une raison profonde!! maintenir le femme dans la précarité, précarité financière, et précarité moral, faire des femmes des dépandantes du bon vouloir matchiste.

sophie blais

le 24 janvier 2015
Un féminisme qui a toutes les caractéristiques du racisme et de l'anticémitisme.

Les femmes seront l'égale de l'homme quand elles arrêteront de se plaindre.

Humain avant tout SVP.

(Quoi de plus turn off pour un homme qu'une féministe....une féministe anarchiste.)
À quand la fin de votre adolescence?

touche pas a ma nature

le 29 mai 2015
RESTAURANT /
QUAND J'APPREND ce que cette

Hélène Darroze dit, je suis : «A candidature égale, je prendrais plus facilement une
femme»

elle oublie que se sont des hommes qui l'ont promuent, elle meme , n'a pour travailler efficacement que la competence maximum de trois femmes, et sept hommes! Et elle pretend que son sexe tiens lieu d'intelligence! c'est comme itler avec sa meche: que ceux qui n'en ont pas soient tous massacrés!
ce qui prouve que nous sommes la dans la guerre ouverte et frontale d'une forme de feminisme specieux, c'est a dire que sous une apparence de verité, entraine à tromper les autres.

DOC JUSTICE

le 1 juin 2015
De pas sa nature, l'homme a eu une prerogative par rapport a son semblable femme avec laquelle il formait couple et famille.
Ainsi le devoir moral de nourrir proteger et aimer la chair de sa chair donc les enfants , un peu issus de papa et de maman.
donc forcément la femme mère etait plus en retrait, ne chassait pas comme son homme, mais avait d'autre prerogaives oute aussi importantes! avec l'industrialisation et le sortir de la société rural autonome et un peu refermée sur elle même, la sociét de consomation a encouragé et encourage toujours, une forme d'avilissement!
en effet la notion d'amour , devient celle de l'independance, separation , l'homme, n'est pas formaté egoiste,lui.
du coup, l'homme souffre beaucoup, lui qui a été pendant des siecle dans le souci ,le devoir et le besoin de donner genereusement.
si la femme peut meme au metier peu ragoutant de ripeur derriere un camion d'ordure, l'homme se voit monter devant lui , a cause du feminisme, un mur du à la soit disant parité. LA PARITE EST UN MENSONGE car en fait, pour les feministes, cela signifie tout le contraire, c'est a dire tout donner aux femmes au pretext que durant des siecles, les hommes ont ete au charbon et on aquis une sorte de bonus economique (du a la production) mais en aucun cas, du au fait de se sentir superieur, ou voulant maipriser les femmes. Dailleurs, les femmes tenaient a leur role et leur nature de femme, avec ce qui allait avec leur epoque , un "homme femme" aurait ete tres mal vu par la gente feminine de l'epoque, il ne faut pas l'oublier.

DOC JUSTICE

le 1 juin 2015
vous apportez la preuve que le feminisme est la resultante de femmes aigrieent, frustrée, mettant leur humeur sur le dos des hommes. BEUUURK .
Le feminisme (et non pas la feminité que nous respectons) invite a detester les hommes! c'est pour ça qu'on ne peut pas aimer le feminisme.
L'égalité est une vue de l'esprit, qui va avec l'appreciaion qu'on a de l'avoir ! et qu'on a transformé en champ politique
pas etonnant que plus on est a gauche plus on veut avoir de bling bling , en matiere d'obget comme de faux sentiment de surpuissance. Donc plus on va a gauche plus, le feminisme, ne se sent plus.
personne ne vous oblige a vivre avec un conjoint @tetenlair , vous rendrez au moins personne plus malheureux que vous ne l'êtes/

Damstounet

le 25 février 2016
Je trouve que l'article présente une vision lapidaire et caricaturale du masculinisme ainsi que du féminisme. En réalité, pour schématiser, on peut identifier deux types principaux de féminisme et de masculinisme.

Un féminisme effectivement oppressif vis-à-vis des hommes et qui recherche la confrontation tout en se posant en victime car c'est bien connu la victime ou prétendue victime a toujours raison dans nos sociétés modernes. Je dirais que l'essentiel du féminisme des pays développés appartient à ce type.

Ensuite, on trouve un type de féminisme plus minoritaire mais ouvert à la discussion avec les hommes et capable de les comprendre, eux et leurs problèmes spécifiques, sans pour autant renier les acquis de la libération des femmes obtenus au cours des années 60-70 dans les pays développés mais qui reste toujours en suspens dans les pays en développement à l'heure actuelle.

De même, l'on peut faire un distinguo identique au niveau du masculinisme : l'un est de type clairement réactionnaire (plutôt basé en France et dont M. Zemmour est un des thuriféraires), l'autre progressiste et qui a tendance à se nommer préférentiellement hominisme (et plutôt basé au Québec avec M. Dallaire par ex.)

Voici ce qu'une collaboration des deux bords progressistes peut enfanter : http://www.psycho-ressources.com/bibli/humanisme.html

En fait, hommes et femmes sont égaux aujourd'hui dans les sociétés développés. Toutefois, les " rôles " de chacun restent déséquilibrés : là, où l'homme a la prééminence dans la sphère publique et professionnelle, il reste peu présent dans les sphères familiale et intime. Quand à la femme, c'est l'exact opposé.

Damstounet

le 25 février 2016
L'idée d'une lutte du féminisme pouvait effectivement se justifier dans le contexte des années 60 et 70 dans les pays développés (et encore aujourd'hui dans les pays en développement) car les femmes n'y étaient pas libres. Actuellement, dans les pays développés, la situation est toute autre : il faut procéder à un rééquilibrage entre polarités masculine et féminine or tout recherche d'équilibre ne peut être obtenu que par le dialogue et la compréhension mutuelle non par l'affrontement et l'animosité que véhiculent tant les mouvements conservateurs masculinistes que féministes.

Quand au SAP, il est, à mon sens, évident que cela peut exister. Un enfant est manipulable tout comme un adulte. Et sans être sexiste, il est probable qu'une femme aura plus de facilité à manipuler un enfant qu'un homme, d'une part parce que la manipulation psychologique est une arme traditionnellement féminine tandis qu'un homme tend à utiliser sa force physique même si les conditions masculine et féminine trahissent une uniformisation croissante donc cela n'est probablement plus aussi vrai qu'auparavant ; d'autre part, une femme ayant plus tendance à s'investir dans l'éducation des enfants, elle jouira également, à mon sens, de plus de facilité à dresser éventuellement son enfant contre son père de par la connivence a priori davantage poussée pouvant exister entre elle et son enfant.

Après, il faut, à mon avis, raison garder et manier ce concept de SAP avec précaution car il pourrait tout aussi bien contribuer à masquer des cas réels d'abus sexuels sur l'enfant entre des mains malintentionnées ou si utilisé avec excès.

Damstounet

le 25 février 2016
Et, au-delà du SAP même, on peut aussi se poser la question de l'éventualité que puisse se nouer des rapports sexuels consentis entre parent (et plus particulièrement père) et enfant. İl est possible que l'usage du SAP puisse servir hypocritement de légitimation à ce type de rapport qui, autrement, passerait pour un abus sexuel étant donné que la loi dans les pays développés ne reconnaît généralement pas la validité de l'éventuel consentement sexuel de l'enfant.

De ce point de vue, on ne peut que souligner les rapports relativement étroits qu'entretiennent les mouvements pédophiles et masculinistes et qu'acceptent les mouvements féministes progressistes. En fait, là où les mouvements gay et féministes ont eut tendance à partir des années 60 à s'épauler mutuellement jusqu'à aujourd'hui, même si l'alliance apparaît néanmoins actuellement plus fragile, les mouvements masculinistes et pédophiles tendent également dès à présent à s'unir.

Cela est probablement dû au fait que les hommes sont probablement plus à même de comprendre les besoins sexuels des êtres vivants et, partant, des enfants vu que l'homme a eut tendance au cours des millénaires passés à surinvestir le champ sexuel et la femme le champ affectif (alors que, là aussi, les deux sont complémentaires, tout comme le féminin et le masculin le sont).