Profanons

mis en ligne le 27 mars 2014
1736SacreCoeurTagBeaucoup d’indignation à la lecture de ces graffitis, qualifiés d’« anarchistes » par les médias et les politiciens effrayés par cette « profanation » à l’entrée de la basilique du Sacré-Coeur, sur la butte Montmartre, à Paris. 
Quelques exemples :
– Jean-François Copé : « Au même titre que je me suis toujours indigné des actes islamophobes ou antisémites, j’ai été profondément choqué d’apprendre l’odieuse profanation. » 
– Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP dans la capitale, a demandé « une réaction forte ».
– Bertrand Delanoë, maire de Paris, et le candidat PS dans l’arrondissement, Éric Lejoindre, ont « condamné ces actes ».
– Charles Beigbeder, chef de file de Paris libéré et dissident de droite, a dénoncé « la haine antichrétienne ». 
– Pierre-Yves Bournazel, candidat UMP dans l’arrondissement : « Je dénonce les graves dégradations commises au Sacré-Coeur et demande la plus grande fermeté vis-à-vis des coupables. »

Rue89 en défense de la profanation
Une tribune dans Rue89 répond, à juste titre, que « la profanation, c’est la basilique du Sacré-Coeur, pas les tags ».
Le texte rappelle notamment la Semaine sanglante, quand les troupes de Thiers reprennent Paris et la décision de construire la basilique : « Et que fait l’Assemblée versaillaise après la reprise de la ville, après ce triomphe face aux gueux ? Car les morts ne lui suffisent pas. Il faut rééduquer les vivants par la pénitence. Il faut leur imposer “l’ordre moral”. Pour ce faire, est votée une loi qui destine la colline de Montmartre à l’érection d’une basilique. Rien que ça. L’humiliation par l’édification. Les quartiers populaires sont contraints de taire leurs milliers de morts tandis que, lors du discours d’inauguration du chantier, en 1875, on peut entendre que : “Cette butte [était] sillonnée par des énergumènes avinés, habitée par une population qui paraissait hostile à toute idée religieuse et que la haine de l’Église semblait surtout animer.” L’anarchisme français est né dans cette blessure jamais refermée au cœur du peuple parisien. De cette obscénité. Car s’il y a profanation, c’est d’abord dans la dissimulation du crime sous cette basilique. Alors messieurs les politiques, quelques tags à effacer… vous qui faites afficher vos trombines à des milliers d’exemplaires sur tous les espaces publics disponibles, souffrez qu’on voit la profanation là où elle se trouve : dans l’existence même de cette basilique à cet endroit. »