Le sexisme nous concerne tous : création d’un planing familial à Limoges

mis en ligne le 27 mars 2014
1736FillesSagesLe Monde libertaire : Peux-tu nous rappeler la genèse du projet ?

Angel : Nous sommes partis du constat malheureux que le planning familial à Limoges avait disparu depuis trois ou quatre ans avec une fermeture du local pour cause d’insalubrité, un non-relogement de l’association dans des locaux décents et un épuisement de l’ancienne équipe. Nous avons également constaté qu’aucune autre antenne du planning familial n’existait dans la région du Limousin.
Il y a deux ans, une première relance avait été tentée, mais elle a échoué pour différentes raisons. En novembre 2013, nous sommes quelques-uns à avoir lancé cette deuxième initiative. Au départ, peu de gens répondant à l’appel (la première tentative en ayant découragé certains), mais un noyau de personnes déterminées – majoritairement issues du milieu militant – et quelques professionnels ont quand même persisté et on a eu raison.
En effet, nous nous sommes donné comme objectifs de relancer le planning familial dans la région d’ici à la fin de l’année 2014 et d’obtenir un local rapidement afin de faciliter l’accès de nos services au plus grand nombre.
Je rappelle les questions sur lesquelles le planning familial intervient : le droit à une contraception, le droit à l’avortement, l’éducation à la sexualité (mieux connaître son corps et celui de l’autre pour avoir une sexualité libre et épanouie), dénoncer et combattre toutes les formes de violences, lutter contre le sida, les IST, lutter contre toutes formes de discrimination et contre les inégalités sociales.
Nous avons choisi de fonctionner à partir de deux valeurs fondamentales pour nous, à savoir : le féminisme et l’éducation populaire.
Aujourd’hui, nous sommes près d’une trentaine d’adhérents, et ce qui est appréciable dans notre équipe, c’est de constater la mixité, tant sexuelle qu’au niveau des générations et des professions.
En effet, nous tenons à rappeler que la question du féminisme, de la contraception et du sexisme nous concerne tous et toutes, hommes, femmes, jeunes, moins jeunes, hétéros, homos, trans. L’émancipation de nos stéréotypes de genre ne sera possible que lorsque chacun de nous aura pris conscience de son oppression et de son rôle dans ce système qui nous ramène sans cesse à des étiquettes et à des obligations fabriquées par l’élite capitaliste et religieuse.

Le Monde libertaire : Quelles sont les démarches « officielles » et pratiques pour monter un centre de planning familial ?

Angel : Il ne s’agit pas d’un centre de planification (qui existe déjà dans notre région), mais bien d’apporter une parole politique dans ce débat trop souvent oublié ou passé en second plan, car il s’agirait d’une « lutte secondaire ».
Il est vrai que les femmes ne représentent « que » 51 % de la population planétaire et que seulement 222 500 IVG ont été réalisées en France en 2011, dont 209 300 en métropole, auprès de femmes âgées de 15 à 49 ans dont 12 000 chez des mineures (5,4 %). Le chiffre est stable, excepté chez les mineures où il ne cesse d’augmenter. Il demeure également élevé chez les femmes de 20 à 24 ans. Les IVG médicamenteuses continuent d’augmenter, jusqu’à représenter 55 % de l’ensemble des IVG.
Sur la question de la violence : 148 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint en 2012 ; 27 plaintes pour viol sont déposées chaque jour ; 154 000 femmes (18-75 ans) ont été victimes de viol entre 2010-2011 ; 400 000 femmes ont déclaré être victimes de violences conjugales ces deux dernières années.
Mais si, effectivement, ces chiffres ne suffisent pas à vous convaincre, alors ce débat est effectivement secondaire. Nous avons rencontré les institutionnels de la région (conseil général, régional, la municipalité, la préfecture) sur toutes ces questions, avec pour priorité l’obtention d’un local, indispensable pour nos activités et l’accueil dans de bonnes conditions des individus ayant besoin de réponses à leurs questions et démarches. Nous souhaitons compléter les actions des acteurs et actrices déjà présents sur le terrain (centre de planification, entr’AIDsida, aides, etc.). Pour l’instant on a été reçu, avec un accueil plus ou moins positif (mais surtout plus en ces périodes d’élections), et des propositions de local nous ont déjà été faites (ne correspondant pas à nos attentes), mais les recherches se poursuivent.

Le Monde libertaire : Avez-vous rencontré des difficultés, des résistances ?

Angel : Nous avons surtout rencontré des préjugés sur le féminisme et sur nos luttes. Mais il s’agit d’une minorité. Nos affiches ont également été décollées ou recouvertes par les extrémistes cathos, droitistes, fascisants (Génération identitaire, Printemps français, Jour de colère et autres). Lors de la manifestation du 8 mars dernier, des militants d’extrême droite se sont également montrés, en guise d’intimidation, je présume, mais ils n’ont rien fait de plus au vu des slogans antisexistes et antifascistes qui ont été clamés.

Le Monde libertaire : Qui sont les personnes ou groupes impliqués ?

Angel : Nous sommes au planning en tant qu’individus d’abord, c’est un choix collectif pour qu’aucune récupération ne puisse être faite. Après, nous connaissons les sensibilités et appartenances de chacun, il y a donc des militants de la Fédération anarchiste, de Voix prolétarienne, du Parti communiste français, de la CGT, de la Ligue des droits de l’homme et quelques personnes du Parti socialiste. Mais aussi beaucoup de personnes non affiliées. Nous avons également la présence d’associations militantes locales comme le Torchon brûle attisons-le, LAF, ou encore Clafoutis et bien d’autres.

Le Monde libertaire : Concrètement, comment ça se passe au quotidien ? Comment fonctionnez-vous ?

Angel : Nous fonctionnons sur le principe d’éducation populaire, c’est-à-dire le savoir pour tous et par tous. Nous faisons une réunion une fois par mois et avons instauré des jours de formations une fois tous les quinze jours. Nous travaillons également sous forme de commissions afin de se partager le travail, mais aussi d’opérer une transmission des savoirs et des pratiques.

Le Monde libertaire : Quelles personnes viennent vous voir ?

Angel : Pour l’instant, nous avons été sollicités par des associations et des lycées. Nous avons eu plusieurs contacts avec des gens qui bossent dans les quartiers et en milieu rural. Nous commençons juste notre activité en extérieur, parce qu’on veut aussi se laisser le temps de faire les choses, pour les faire bien.

Le Monde libertaire : Ce projet est, en fait, un acte de militantisme, non ?

Angel : Oui, pour moi il s’agit d’un acte de militantisme, car, comme je vous le disais plus haut dans cet article, il s’agit de donner un fond politique à ces questions sur les violences, l’égalité homme-femme. Le fait de rendre libres et gratuits les moyens de contraceptions et la pratique de l’avortement est une question de politique capitale, puisqu’on permet ainsi aux femmes de réellement choisir ce qu’elles veulent et ce qu’elles font de leur corps. On le voit bien en Espagne en ce moment.

Le Monde libertaire : Quels liens pouvez-vous tisser en tant que groupe de la Fédération anarchiste entre ce que vous faites à Limoges et le planning familial et l’anarchisme ?

Angel : On essaie de faire en sorte que les gens réfléchissent plus sur ce qu’ils font, pourquoi et comment. La pratique de l’éducation populaire n’est pas, à la base, une pratique courante ou connue par la majorité des personnes étant au planning familial de Limoges, mais après discussion les gens ont choisi cette pratique.
Nous avons également décidé de fonctionner en commissions de travail pour une transmission des savoirs et des pratiques, mais aussi pour éviter une centralisation des décisions et une prise de pouvoir potentiel de certains individus.
De même, nous avons discuté sur la question des prises de décisions et, là encore, au final, nous avons opté pour le consensus et non la majorité.
Dans les statuts de l’association, il est écrit que tous les adhérents du planning familial 87 sont membres du conseil d’administration, ainsi chacun a le même poids dans les décisions.
Notre but, en tant que militants (libertaires et pas seulement de la Fédération anarchiste), c’est de montrer, par nos pratiques et nos discussions avec les autres, que nous sommes sur une construction d’un nouveau modèle de société et, par conséquent, d’une déconstruction des stéréotypes et des archétypes de l’ancienne à travers des temps de travail, de discussion et de réflexion.
Pour finir, nous avons pu constater que nous avions déjà eu un impact sur la vie locale puisqu’une seconde antenne du planning familial est en train de se constituer dans notre région afin qu’il y ait une antenne par département. Nous avons bon espoir d’obtenir prochainement également un local et, en attendant, nous avons reçu plusieurs propositions d’associations déjà installées qui nous offrent des jours de permanences dans leurs locaux.
Pour une société sociale et libertaire, déconstruisons les stéréotypes de genre !

Angel
Groupe Armand-Beaure de la Fédération anarchiste



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


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