Du passé au présent

mis en ligne le 26 février 2015
« La République n’a pas été à la hauteur des espérances. » Ce n’est pas nous qui le disons, c’est Manuel Valls notre Premier ministre bien-aimé. Dans quelles circonstances ? À l’occasion de la cérémonie commémorative au Monument aux morts en mémoire de la Retirada. C’était dans l’après-midi du vendredi 20 février à Argelès. Là où se trouvait il y a soixante seize ans, un des nombreux camps de concentration que la République française avait installé à la hâte pour « accueillir » les réfugiés antifascistes espagnols fuyant les troupes franquistes au terme de presque trois années de guerre civile. En guise d’accueil donc, les autorités françaises parquèrent les républicains espagnols sur des plages délimitées par des barbelés, et où seraient bientôt érigés les premiers baraquements construits par les prisonniers eux-mêmes. « La Troisième République n’a pas été à la hauteur des espérances ? » Et la Cinquième ? Avec les Sans-papiers et les Roms, il en dit quoi notre Valls adoré ? Imaginons un peu que dans soixante dix ans un descendant d’entre-eux devienne premier ministre de la France. Ça donnera quoi ? « La Cinquième République n’a pas été à la hauteur des espérances » ; il aurait l’air fin notre cher Manuel s’il était encore là pour entendre ça. Ça ne l’empêche pas d’insister sur le « devoir de mémoire et la transmission de l’histoire ». Y pensait-il aussi le matin même de ce vendredi 20 février, alors qu’il recevait à quelques kilomètres de là, Mariano Rajoy pour l’inauguration de la très controversée ligne THT. Rajoy, vous savez le premier ministre espagnol, membre du Parti populaire ex Alliance Populaire (où se trouve encore les derniers transfuges de l’extrême droite espagnole adorateurs de Franco). Hier Retirada, réfugiés républicains espagnols dans les camps, aujourd’hui devoir de mémoire, accords avec Rajoy. Sourires et poignées de mains, rien ne change, les discours se terminent toujours de la même façon, à savoir : les affaires sont les affaires.