éditorial du n°24

mis en ligne le 30 novembre 1995

Une étape de plus : Le Monde libertaire est dans les kiosques.

Ainsi, tandis que tous les journaux sont en proie aux difficultés financières les plus grandes, alors que nous y échappons pas, privés que nous sommes de tout appui de l'Est ou de l'Ouest, pour lesquels nous nous refuserons toujours à toute complaisance, tandis que des organes de toutes tendances disparaissent ou s'amenuisent, nous poursuivons lentement, mais sûrement, notre développement et notre effort.

Après une crise qui nous frappait comme bien d'autres mouvements, la Fédération anarchiste se reconstituait, voici trois ans de ça, avec l'essentiel de ses éléments passés et, quelques mois plus tard, la parution du Monde libertaire cristallisait autour de notre organe les militants et les sympathisants fidèles à la pensée libre.

C'est peut-être la constatation la plus réconfortante qui sait que cette impossibilité des arrivistes, des politiciens ou des apprentis politiciens, que de noyauter un mouvement comme le nôtre.

On noyaute la masse, on ne noyaute pas les hommes.

On peut provisoirement briser le cadre de leur activité, les priver de l'écrit ou de la parole, ils se reformeront, s'organiseront, feront renaître l'outil dont ils sont privés et, à l'appel de quelques-uns d'entre eux, ils seront tous là pour répondre : « Présents ! ».

Ils seront tous là, les fils de Bakounine, de Kropotkine, de Malatesta, de Sébastien Faure, de Makhno ou d'Ascaso et de Durruti[[Le texte original est : « [...] de Makuo ou d'Ascaso-Durruta » (sic)]], pour reprendre la lutte de toujours, hors des sentiers tortueux de l'électoralisme, hors des pactisations malpropres avec des fonctionnaires déchus de parti, les mains rouges encore du sang du peuple.

Cette présence de tous les héritiers de la pensée anarchiste autour de notre journal serait une raison supplémentaire de continuer notre lutte, si la propagation en soi d'un idéal de liberté dans un monde plus totalitaire chaque jour ne suffisait pas à la poursuite et à l'élargissement de nos efforts.

Le ML