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par Freedom le 29 mars 2021

Manifestations quotidiennes à Londres : de la contestation contre les violences policières sexistes à celle du projet de loi Police Crime, Sentencing and Courts Bill

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Traduction Monica Jornet Groupe Gaston Couté FA


Compte-rendus. le 18.03.202
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Samedi 13 mars: Veillées pour Sarah Everard dans tout le pays
Initialement publiée par Reclaim These Streets, une veillée londonienne a été fixée à Clapham Common (Londres) lorsque l’on a su qu’un officier de la police métropolitaine en service avait été accusé d’enlèvement et de meurtre de Sarah Everard. Cependant, face à l’intransigeance de la police sur les autorisations pour le rassemblement et les menaces d’amendes de 10000 £ pour ses groupes organisateurs, l’événement a été annulé tard dans la journée, interdit par la police du Met tout comme d’autres à Édimbourg et à Cardiff.




Les gens se sont déplacés malgré tout, à la fois à Londres et dans un certain nombre d’autres villes, notamment Birmingham, Bristol, Cardiff, Édimbourg, Leeds, Nottingham et Sheffield, pour participer à la veillée après la tombée de la nuit à 18 heures. Des centaines de personnes ont dressé un mémorial à Clapham (Londres), en déposant des fleurs au kiosque à musique et ont créé des vagues de lumières avec leurs téléphones, presque tout le monde portait un masque.
Malgré le caractère éminemment pacifique de la veillée, la police est arrivée en force, y compris avec des hélicoptères, et s’est positionnée autour du kiosque à musique. Vers 19 heures, ils se sont soudain déplacés, apparemment pour empêcher la foule de trop s’appuyer contre le kiosque à musique, mais y ajoutant à la place leur propre poids, piétinant les fleurs déposées en hommage, puis intimidant et retenant de force les femmes. Quelques personnes ont refusé de partir, les policiers affluaient et la violence augmentait. Les officiers ont bousculé et frappé les femmes au sol.
Il y a eu quatre arrestations dans la nuit pour infractions à l’ordre public et violations des mesures anti- Covid. L’une d’entre elles était Patsy Stevenson, à qui a été infligée une amende de 200 £ à Covid, et qui a été photographiée après avoir été jetée au sol par des flics. Après 20 heures, la police s’est retirée, laissant à nouveau se poursuivre la veillée pacifique.
L’indignation a été immédiate sur les médias sociaux et les médias grand public, et tandis que les officiers supérieurs ont dit qu’ils avaient fait de leur mieux dans le contexte d’un rassemblement en plein air «dangereux», leur action a été fortement critiquée, y compris par les députés et des conservateurs haut placés comme Andrew Neil. Les appels à la démission de Cressida Dick ont été rejetés par le chef du Met.

Londres 14 mars : Protester contre Scotland Yard
La soirée suivante a connu une plus forte mobilisation, plus de 1000 personnes se sont rendues à un rassemblement devant New Scotland Yard. Voici le récit de notre correspondant :.
Alors que tout le monde critique la police, et à juste titre, personne ne dit à quel point ces manifestations sont incroyables et enthousiasmantes. Elles sont menées par des femmes, très radicales, avec une forte participation des femmes "noires" [guillemets de la traductrice] et des minorités ethniques, les hommes, nombreux, sont les bienvenus, il y a surtout des adultes de tous âges. Lee rassemblement est très convivial et inclusif mais les plus nombreuses sont des adolescentes et des jeunes femmes d’une vingtaine d’années. La rage, la tristesse, l’espoir et l’amour sont intenses, ainsi que la solidarité. «Les sœurs unies ne seront jamais vaincues.»
La foule était très dynamique et pleine d’énergie. C’est comme un mouvement plein de mouvements, tant d’amis et de visages familiers, tant de nouveaux visages. Cela me donne de l’espoir en une période vraiment sombre.
La police était inhabituellement silencieuse, encore sous le choc de sa situation embarrassante de la veille et de sa gestion épouvantable de la veillée pour Sarah Everard à Clapham Common. Il y a eu une marche puis un rassemblement sur la place du Parlement avec des discours de femmes. Cela s’est terminé par une très longue veillée devant New Scotland Yard, bouclée par la police en défense passive.




On entendait des «ACAB», «Defund the police», «À qui sont les rues? Ce sont nos rues ! Un groupe d’hommes sympathiques appelant au retour du matriarcat, des jeunes femmes en colère contre la violence masculine et la misogynie institutionnelle de la police, des flics accusés ouvertement de complicité et de silence sur les abus contre les femmes et des enfants criant "à bas le patriarcat". Il y avait une petite sono pour la musique, une odeur de marijuana dans l’air, quelqu’un avait apporté un mégaphone, les discours étaient très porteurs et tout le monde pouvait parler.
Puis une femme s’est auto-mutilée et a été maîtrisée par cinq officiers de sexe masculin, provoquant l’indignation générale. Lorsque deux ambulancières sont arrivées pour s’occuper d’elle, tout s’est calmé. La femme blessée avait l’air plutôt contente lorsqu’elle est entrée dans l’ambulance, estimant sans doute avoir fait connaître son point de vue. Les gens ont commencé à se disperser sans se presser, bavardant devant New Scotland Yard jusque tard. Cela a fini par quelques cuites et une bouteille de vin pleine s’est malencontreusement brisée près d’un fourgon de police. Il y a eu quatre arrestations ce jour-là.


Londres. 15 mars: Place du Parlement contre le projet de loi sur la police

Lundi, il y a eu trois autres arrestations liées aux mesures anti-Covid, au cours de manifestations du côté de la place du Parlement, Trafalgar Square et le West End. Deux personnes ont été arrêtées puis relâchées, une autre a été sanctionnée. Deux autres personnes ont eu des amendes immédiates. L’accusation la plus grave pour une arrestation a été «agression d’un travailleur d’urgence» - l’euphémisme en usage pour toute confrontation avec un policier, comme si un ambulancier ou un pompier avaient été visés.
Un correspondant de Freedom rapporte ainsi la scène :
Les gens se sont rassemblés sur la place du Parlement après les appels de XR et de Sisters Uncut contre le nouveau projet de loi sur la police, la criminalité, les peines et les tribunaux, qui, s’il est adopté, supprimera le droit de manifester. Il y avait une forte présence policière.
Après quelques heures et de nombreux discours et chansons, le noyau dur des jeunes a démarré pour occuper le pont de Westminster. De là, il s’est dirigé vers New Scotland Yard. Avant que la police ne puisse les contrôler, les manifestants sont revenus au Parlement, ont parcouru Whitehall, avec un arrêt rapide au numéro 10 pour scander l’habituel «Boris Johnson est un branleur», puis rapidement à Trafalgar Square avec la police à leurs trousses, direction Piccadilly Circus. Mais avant d’y arriver, ils ont viré de bord et pris le labyrinthe des petites rues du West End.
Après avoir longuement joué au chat et à la souris dans le West End, retour vers le Parlement, avec encore plus de flics aux trousses. Le Parlement et sa place avaient été bouclés par des flics.



Bref die-in [tout le monde s’allonge sur le sol] sur le pont de Westminster avant que les flics ne puissent les immobiliser. Après la gare de Waterloo, la place St Georges, Elephant and Castle, et jusqu’à Vauxhall. Mais, à bout de souffle, je les ai perdus de vue.

Londres. 16 mars: la police fait appel à des observateurs légaux
La journée de mardi a de nouveau connu des rassemblements de centaines de personnes devant le Parlement, qui se sont dirigées vers New Scotland Yard en appelant à la fin de la violence sexiste. Les orateurs ont parlé des violences policières qui ont eu lieu lors des manifestations de Black Lives Matter en 2020 et de l’incident de Clapham Common, tout en soulignant le traitement historique des groupes minoritaires et opprimés. Un correspondant de Freedom rapporte :
Le nombre de jeunes femmes participant aux manifestations et prenant la parole est très nettement plus élevé que d’habitude, la foule était en sécurité, amicale, prévenante et bruyante. Certaines personnes étaient venues avec des collègues après le travail, d’autres étaient accompagnées de leurs enfants, et il y avait profusion de pancartes en carton avec des slogans écrits au marqueur dans l’urgence du rassemblement.
Un cercle de policiers surveillait la statue de Winston Churchill tandis que les manifestants criaient «Mort au projet de loi» contre le projet de loi sur la police et «Priti Patel Démission!»
Une fois encore, les officiers de police ne se sont pas couverts de gloire lorsque, dans une rafale de huit arrestations, ils ont arrêté au moins deux observateurs, dont l’un de Black Protest Legal Support UK. Les sanctions sont désormais de mise. En réponse aux arrestations, des groupes tels que Liberty et NetOkpol ont publié des déclarations très critiques. Netpol commente :
«Nous sommes profondément préoccupés par l’arrestation d’observateurs juridiques indépendants lors de la manifestation contre le projet de loi . Les observateurs légaux ne participent pas aux manifestations, ce sont des volontaires qui surveillent la manière dont les manifestations sont contrôlées. »
Alors que la police a prouvé dans les faits qu’on ne pouvait pas lui faire confiance pour utiliser correctement les pouvoirs dont elle dispose déjà, le projet de loi sur la police est adopté tard dans la soirée grâce au bloc conservateur, et passe maintenant à l’étape suivante.

En dehors de Londres, une autre marche à Manchester contre «l’État policier de Priti» et un sitting à Cardiff.

17 mars: Calme avant le week-end
Petit retour au calme hier malgré quelques veillées et une manifestation à Cardiff devant le commissariat de police de la ville. Cela n’a pas cependant empêché le gouvernement de persister dans leur action controversée, le chef adjoint du Met Stephen House a ainsi suggéré que le fait d’informer les gens de leurs droits est un comportement suspect.
House a trouvé le temps d’expliquer que le fait de dire aux gens leurs droits indiquait une «intention de manifester», ce qui justifiait donc le comportement violent de ses forces à l’égard des femmes déposant des fleurs au kiosque de Clapham Common, mais a été trop occupé pour se présenter pour témoigner dans l’enquête sur le comportement de ses officiers. Son argument a été contredit par le cabinet juridique Hodge Jones and Allen, qui a remercié les gens de s’assurer que la loi soit connue et a offert son propre document d’information juridique sur les tactiques de nassage de la police.
La prochaine grande manifestation aura probablement lieu demain soir. Sister’s Uncut a organisé une réunion publique en ligne ce soir. Et Abolitionists Futures organise une série de débats sur divers aspects du projet de loi.
PAR : Freedom
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