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par Biblioteca Terra Livre le 25 mars 2018

Communiqué de la Biblioteca Terra Livre (São Paulo)

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Le 14 mars, Marielle Franco a été assassinée de 9 coups de feu – 4 d’entre eux l’ont touchée, 3 autres ont frappé Anderson Gomes, le conducteur – dans une embuscade. Les balles qui ont mis fin à sa vie avaient été vendues exclusivement pour la police fédérale en 2006. Après 5 jours d’action brutale, le crime reste enveloppé dans un épais nuage de désinformation et de rumeurs.

L’exécution de la conseillère socialiste qui agissait en tant que rapporteur de la commission de suivi de l’intervention militaire de la municipalité de Rio de Janeiro, et qui dénonçait les actions abusives et les meurtres commis par la police dans les favelas, met en échec l’intervention fédérale déjà contestée à Rio de Janeiro. Marielle, femme noire, lesbienne, habitante des favelas et militante politique, a rejoint le nombre effrayant de victimes de violence contre les femmes et contre la population pauvre noire que le Brésil a connu au cours des dernières décennies. Plus que cela, son assassinat révèle que les actions gouvernementales censées garantir la paix ne sont même pas capables de protéger leurs représentants, sans parler des combattants de la liberté et de la justice. Au cours des cinq dernières années, environ 200 activistes sociaux ou dirigeants politiques ont été assassinés au Brésil. Quelles sont les raisons de leur mort ? Ils se sont battus pour la terre, pour les peuples indigènes, pour les quilombolas1, pour la vie et pour la dignité. Ils se sont battus contre le trafic de drogue, contre les propriétaires terriens, contre les élites politiques et économiques, contre les sociétés minières, contre l’État. Leur sentence ? La mort par exécution.



Les actions de l’État que nous connaissons aujourd’hui au Brésil rappellent ces actions douloureuses et dangereuses dans les pays où l’État et les cartels de narcotrafiquants forment une unique organisation qui terrorise et assassine tous leurs opposants, où la moindre action un tant soit peu démocratique dans un état de droit est condamnée à la peine de mort. Cette forme d’organisation de narco-État n’a pas été l’exclusivité de gouvernements conservateurs ou de droite. La principale organisation criminelle qui fonctionne maintenant au Brésil, le PCC (Premier commandement de la capitale) est apparu en 1993, mais a gagné en force et a commencé à fonctionner au niveau national à partir des années 2000, juste au moment où le pays avait dans son gouvernement un candidat gauche.

Les prétendues actions gouvernement qui étaient censées empêcher l’avancée de ces organisations criminelles telles que la Loi antiterrorisme, adoptée par le gouvernement de Dilma Rousseff, juste avant les Jeux Olympiques en 2016, a permis non pas la réduction des crimes commis par les groupes de narcotrafiquants, mais l’intervention fédérale que Marielle accusait, cet état d’exception mis en place par le gouvernement Temer.

Face aux faits, nous dénonçons le terrorisme d’État, la militarisation de la société, les exécutions de Marielle et Anderson ainsi que de toutes les personnes qui luttent pour la justice et la liberté. Le narco-Etat brésilien gagne en force et malheureusement, il semble que les temps sombres vont continuer.

Toute notre solidarité aux familles de Marielle et Anderson.

Toute notre solidarité aux lutteurs!



Biblioteca Terra Livre

https://bibliotecaterralivre.noblogs.org/



1Habitants des Quilombos. Au temps de l’esclavage, le quilombo au Brésil désigne les villages et communautés formés par les esclaves en fuite dans les régions reculées à l’intérieur des terres. (NdT)






Sur la Biblioteca Terra Livre

En 2004, certains militants anarchistes impliqués dans les luttes anticapitalistes à São Paulo ont fondé le collectif anarchiste Terra Livre. Le projet initial consistait à diffuser l’anarchisme à travers des activités telles que le Colloque international sur l’histoire du mouvement ouvrier révolutionnaire (2004) et à organiser la première foire anarchiste de São Paulo (2006). Le groupe a publié la revue Protesta ! qui a mené des analyses de conjoncture dans une perspective radicale et proposé de nouvelles réflexions pratiques et théoriques dans le domaine libertaire. Après la publication de 5 numéros, le Collectif a été restructuré et en 2009, avec d’autres groupes autonomes, il a fondé l’Espace Ay Carmela!, Centre politico-culturel autonome dans le centre de la ville. Le projet Terra Livre s’est transformé en Centre de documentation anarchiste. Dans le but de préserver et de diffuser la mémoire de l’anarchisme au Brésil et dans le monde, et d’encourager les luttes du présent, fut créée la Biblioteca Terra Livre! En octobre 2010, la Bibliothèque a déplacé son siège social dans un espace indépendant afin de rendre ses projets viables. De là, furent organisés des groupes d’études, des activités publiques de diffusion de l’anarchisme, le catalogage des matériaux (livres, revues, journaux, vidéos, etc.) et des projections de films.
PAR : Biblioteca Terra Livre
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