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Dans un sale État
par Groupe anarchiste Salvador-Seguí + Sophie (liaison 95) le 31 mars 2020

BARBARA, QUELLE CORONARIE LA GUERRE !

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Guerre. Ça aura donc été un des mots les plus prononcés au mois de mars ; ça tombait bien, Mars, fils de Jupiter, étant le dieu de la guerre. « Nous sommes en guerre » OK. Où sont les masques FFP2, les tests, les respirateurs, les bandes molletières, les tromblons ? Comme en 14, l’Union sacrée est demandée aux Français. L’État est prêt ? Droit de retrait ? Travailleurs ne pouvant se rendre au boulot pour cause de garde d’enfants ne pouvant se rendre eux, à l’école ? Bars, Restaurants, commerces fermés ? L’État paiera. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Et sans doute à la clef un impôt « coronavirus » comme il y a eu l’impôt sécheresse, l’impôt inondations, l’impôt tempêtes … L’État paiera on vous dit. En l’occurrence ce sera nous, jamais décideurs mais toujours payeurs. N’allez pas croire qu’on tapera dans le budget de la Défense. Nos vies sont en danger ? l’État nous fait comprendre que c’est l’économie qui est en danger et qu’il faut coûte que coûte faire tourner la machine à produire. La gestion déplorable de cette crise sanitaire n’a pas empêché un grand nombre de morts, mais qu’importe à l’État du moment que l’économie capitaliste survit, que les banques s’en sortent indemnes, que la Bourse reprend des couleurs. Les dirigeants du monde entier retiennent leur souffle, le « superbe » édifice du système capitaliste se casse la figure comme un vulgaire château de cartes. Leur fameuse croissance dont ils nous rebattaient les oreilles n’est plus à l’ordre du jour. Ce qui devrait l’être c’est de donner les moyens dont il a besoin au secteur médical ! Police et force militaire n’éradiqueront pas le virus.

L’action gouvernementale toute inconséquente

On aura tout entendu de la part du gouvernement, tout et le contraire de tout. D’abord que ce virus c’était sérieux, un genre de grippe « améliorée » mais qu’on maîtrisait la situation, la preuve, il ne fallait pas oublier d’aller voter aux élections municipales. Suffisait de s’équiper de masques. Quels masques ? D’abord on en avait suffisamment en France, puis quelques jours plus tard on apprenait que, eh bien non, nos stocks avaient fondu comme neige au soleil. Entre 2012 et 2017, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, affirme que le stock n’a jamais été en-dessous de 720 millions ; lors de son départ en 2017 il était d’environ 755 millions – augmentation due au contexte des attentats de 2015. Masques généreusement envoyés à la Chine : le 19 février, un Airbus A380, contenant 17 tonnes de matériel (combinaisons, masques, gants, produits désinfectants) a été affrété par la France. Mais on allait en recevoir ; tous les jours un crétin ministériel rabâchait « ils sont en cours d’acheminement ». Divers médecins hospitaliers eux, se lamentaient « on les attend toujours ». Virtuel vs réel. Idem pour le gel hydroalcoolique. Les tests de dépistage ? Inutile de généraliser les tests. Surtout quand au bout de quelques jours on (toujours des crétins dans les sphères du pouvoir) nous avoue qu’on n’en a pas assez. Les appareils respirateurs ? Fabriqués en Suisse, en Suède et en Allemagne ; plus qu’une seule usine qui produit en France des petits modèles (principalement pour l’utilisation à domicile). Bienvenue la mondialisation. Solution : le confinement de plus en plus radical. Appel à la population à rester enfermée, puis très vite les mêmes nous disent qu’il faut se rendre à son travail histoire de ne pas enrayer l’économie. Pour les caissières de supermarchés, les infirmières, les travailleurs du BTP, les conducteurs de bus … pas de télétravail bien sûr, donc au boulot à leurs risques et périls. D’ailleurs dans le secteur du BTP, 80 à 90 % des entreprises sont à l’arrêt. Et comme par hasard, l’État demande aux patrons du Bâtiment de reprendre leur activité suite à un accord signé dans le week-end du 21/22 mars, entre le gouvernement et le syndicat du secteur BTP. Le droit de retrait ? Peut-être ; mais réflexion faite, peut-être pas : toujours pas question de bloquer l’économie du pays. Bref celles et ceux qui vont morfler une fois de plus ce sont les salarié-e-s, c’est une fois de plus à la classe travailleuse qu’on demande des sacrifices. Sans parler des prisons où l’on voit les détenu-e-s (confiné-e-s par excellence) se mutiner pour protester devant l’absence totale de prévention contre le virus et la suppression des visites de leurs proches. Sans parler non plus des Centres de rétention administrative et de leurs « confiné-e-s de force ». Sans parler des centres éducatifs fermés (ces nouvelles maisons de correction). Sans parler des hôpitaux psychiatriques (le confinement pour leurs pensionnaires qui souvent n’en comprendront même pas le pourquoi). Sans parler de toutes les structures d’enfermement et d’exclusion, quelles qu’elles soient, publiques ou privées. Sans parler … dans le plus assourdissant des silences.

Maintien de la matraque et recours à la charité

Dans la foulée on voit des appels à dons sur nos TV, à la radio, sur nos smartphones …
Hôpitaux : appel aux dons
Recherche : appel aux dons
Masques : appel aux dons !!
Personnel soignant : appel aux volontaires
Et l’État, il sert à quoi ? À pas grand-chose visiblement, sauf à fliquer, surveiller, sanctionner, réprimer. Et à la fin de l’épidémie ? Ben à la même chose, sauf qu’il aura profité de cette crise sanitaire pour améliorer et perfectionner, flicage, surveillance, sanctions, répression.
Durant la première semaine de confinement 92 000 contraventions ont été dressées aux contrevenants dont 22 574 pour la seule journée du 22 mars, principalement en banlieue (hasard sans doute). Quelques amendes aussi à des SDF (qui n’ont pas dû expliquer aux flics que la rue, et bien c’est chez eux) et pour faire bonne mesure, quelques contraventions à des soignants qui sortaient de leur boulot ! Merci les flics, merci les CRS, merci les drones, merci les opérateurs de téléphonie qui nous géolocalisent main dans la main avec la police. Avec des infractions au confinement dont le montant est de 135, 1 500, 3 500 euros, les radars sur les routes vont passer pour des gagne-petits.

Effet d’aubaine anti sociale


Nous comprenons aisément que nous traversons une période exceptionnellement grave, nécessitant certaines mesures également exceptionnelles. Mais déjà on perçoit la volonté du gouvernement et du patronat de saisir l’occasion pour revenir sur nombre d’acquis sociaux :
Remise en cause des 35 heures qui pourront passer à 60 heures dans certains secteurs de l’économie.
Durée des congés payés (en discussion)
Dates de ces congés payés soumises à accord d’entreprise ou de branche, les employeurs souhaitant qu’une partie soit prise par les salarié-e-s pendant cette période de crise sanitaire.
Les employeurs vont pouvoir également imposer la prise de RTT pendant cette même période, et recourir au chômage partiel sur simple diminution d’activité en contournant les instances représentatives du personnel.
Pas contents les travailleurs ? Attention, le spectre du gouvernement (socialiste) du Portugal nous hante : Droit de grève suspendu pendant l’épidémie, réquisition de salarié-e-s dans les secteurs publics ou privés … En attendant, ici « pour notre bien » on déploie policiers et CRS pour barrer les accès aux marchés alimentaires parisiens (et sans doute ailleurs). Pour notre bien toujours, les couvre-feux sont envisagés par certaines municipalités. Et pendant l’état d’urgence « sanitaire » on légifère par ordonnances. C’est la grande offensive contre les droits des citoyens.
N’oublions pas : avant l’épidémie, les travailleurs de la Santé manifestaient dans la rue pour réclamer plus de moyens en matériel, en personnel. La réponse du gouvernement fut de les faire matraquer par sa police.




Aujourd’hui, ce même gouvernement ne cesse de louer le sacrifice des salarié-e-s du secteur hospitalier, alors qu’il est entièrement responsable de la situation lamentable dans laquelle se trouve le secteur public.
La période de confinement finira.
Les effets de la sidération aussi.
Celles et ceux qui pour l’instant expriment leur soutien aux infirmières et médecins en applaudissant de leurs balcons tous les soirs à 20 heures se décideront peut-être à les soutenir dans la rue de manière plus déterminée. Mais pour l’heure, cette claque de sympathie adressée au personnel soignant s’apparente plus à une manifestation de désirs individualistes d’être préservés du virus. « Infirmiers, infirmières, toubibs, restez en vie pour nous sauver ! »
Pour notre part, nous serons bien évidemment aux côtés de tous ceux et celles qui se mobiliseront.
Le pouvoir devra rendre des comptes.
Ce système capitaliste est malade ? Soyons vigilants à ne pas l’aider à survivre à notre insu par nos comportements sociaux profondément intériorisés, à savoir notre surconsommation réflexe. Restons conscients de notre pouvoir collectif à le détruire.
Achevons-le.


PAR : Groupe anarchiste Salvador-Seguí + Sophie (liaison 95)
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