Anarchie dans le monde > Les anarchistes biélorusses proposent un après Loukachenko, ici et maintenant
Anarchie dans le monde
par Pramen le 3 octobre 2020

Les anarchistes biélorusses proposent un après Loukachenko, ici et maintenant

Lien permanent : https://monde-libertaire.net/index.php?articlen=5128

Traduction de l’anglais, Monica Jornet Groupe Gaston Couté FA

Proposition de programme minimum dans la période actuelle de révolte en Biélorussie, par Pramen (Groupe Anarchiste de Biélorussie) 15.09.2020




À travers toute la propagande soviétique et Loukachenko, beaucoup peuvent penser que les anarchistes en Biélorussie ne sont que sur les barricades et dans les affrontements avec OMON. Mais l’anarchisme est bien plus que cela. L’idée, au-delà de ces images, est que les gens peuvent vivre dignement, sans dictateur et sans les bolcheviks.

Les anarchistes de Biélorussie ont souligné avant même que les manifestations ne commencent que se débarrasser de Loukachenko n’était que la première étape de la lutte pour la liberté du peuple. Le régime ne s’est pas fait en jour et sa destruction nécessitera la volonté populaire. Les bureaucrates et fonctionnaires ayant soutenu ce régime devraient être obligés de partir, et leurs postes et positions démantelés, pour que personne ne puisse rétablir la dictature.

A notre avis, la révolution actuelle, en dépit de son auto-organisation et de son immense énergie collective, n’est pas encore anti-autoritaire. Et nous ne la voyons pas comme la solution pertinente et adéquate dans le cadre de laquelle faire l’annonce d’un programme anarchiste. Mais, même dans ces conditions, nous estimons nécessaire de proclamer un programme minimum, afin de contrer la formation d’un autre régime autoritaire. Nous sommes gouverné.e.s par des dirigeants puissants depuis plus de cent ans. Il est temps de montrer que les gens peuvent faire mieux !

Répétons-le, le programme anarchiste est beaucoup plus radical que celui que nous présentons ci-dessous, mais nous avons essayé de présenter des exigences réalistes, prenant en compte du contexte du soulèvement, et de proposer l’auto-organisation et le principe d’auto-gouvernance comme vecteur des transformations politiques et sociales.


Décentralisation du pouvoir

Organisation d’une véritable autonomie régionale.
Responsabilité des délégués / députés vers le bas, pas vers le haut.
Mandat révocable pour les délégué.e.s / député.e.s. Cela signifie à tout moment, une révocation si, de l’avis de l’équipe élue, il ou elle n’exécute pas les tâches qui lui ont été confié.e.s.
Décentralisation et fédéralisation des structures de pouvoir. Transfert de la plus haute responsabilité aux assemblées régionales élues.
Les personnes occupant des postes administratifs dans les entreprises, les systèmes éducatifs et médicaux et d’autres institutions publiques sont choisies par les employé.e.s de ces institutions.
Réduction drastique du personnel des administrations et des organes de contrôle étatiques à tous les niveaux, aussi bien que des tribunaux.

Président
Création d’un tribunal chargé de traiter tous les abus commis sous Loukachenko.
Transfert de l’argent des comptes personnels et des propriétés de Loukachenko vers les budgets locaux
Abolition du poste de président.

Référendum
Les autorités du pays sont le peuple, donc toutes les décisions concernant la modification de la législation, les traités internationaux et d’autres décisions importantes doivent être prises par référendum.
Convocation d’un référendum 4 fois par an.
Droit pour tout.e citoyen.ne de proposer une modification de la loi par référendum si la demande recueille 100 000 signatures.

Décriminalisation
Réintégration des travailleurs et étudiants licencié.e.s lors des manifestations.
Libération et réhabilitation de tous les détenus et interpelé.e.s lors de manifestations.
Libération des prisonniers politiques.
Suppression des articles à caractère politique des codes administratifs et pénal.
Interdiction de la censure sur Internet et dans les médias.
Abolition de la peine de mort.
Abolition des lois répressives : loi sur les rassemblements de masse et loi sur la lutte contre l’extrémisme.
Liberté d’expression, de presse et de réunion fixées par la loi

Police
Procès aux forces de sécurité responsables de la répression, de la violence et des assassinats.
Dissolution d’OMON, de GUBOPiK et des forces de l’ordre intérieures.
Transfert du contrôle de la police aux autorités locales. Sélection des responsables des ROVD régionaux.
Réduction du budget de l’État pour la police.
Chars et canons à eau à la casse : plus jamais ces véhicules dans la rue de nos villes !
Interdiction de création de syndicats au sein des forces de l’ordre.

Armée
Abolition du service militaire universel.
Suspension de tous les officiers responsables d’avoir militarisé les villes du pays.
Coupes budgétaires.

Santé
Augmentation du budget de la santé.
Augmentation des salaires du personnel médical.
Transformation du système médical parallèle pour les fonctionnaires et les forces de l’ordre en un système de soins de santé général - les hôpitaux et les cliniques devraient servir les gens, pas les titulaires de postes gouvernementaux !
Licenciement des responsables de la falsification des données sur le coronavirus.

Éducation

Augmentation du budget pour l’éducation.
Annulation de la formation obligatoire pour ceux qui étudient gratuitement.
Autonomie des universités - il est interdit à la police et autres structures de pouvoir d’entrer sur le territoire des établissements d’enseignement.
Une éducation gratuite pour tous.
Réintégration des professeurs et enseignants licencié.e.s lors des manifestations.
Liberté d’association - le droit pour chacun.e d’adhérer à des syndicats étudiants et de participer au conseil étudiant.
Dissolution du BRSM.

Tribunaux

Licenciement des juges responsables de la répression politique.
Les juges sont élu.e.s, non nommé.e.s, pour un mandat de 4 ans.
À la demande de l’accusé.e, un jugement peut être rendu par un jury.

Travailleurs et travailleuses
Droit à des syndicats indépendants. Sans besoin de demander l’enregistrement.
Droit de grève - pour des revendications politiques, économiques et sociales.
Les usines aux ouvrier.e.s ! Les postes administratifs sont élus et nommés d’en bas, et non d’en haut, pour une période limitée. L’administration est responsable envers les travailleuses et travailleurs.
Interdiction de la privatisation des grandes entreprises.
Réduction du nombre de travailleurs/ses uniquement avec le consentement de leurs collectifs.
Annulation du système de contrat et remplacement par des conventions collectives.
Dissolution de la Fédération des syndicats de la Biélorussie.
Annulation du décret n ° 3.
Aide financière et sociale aux chômeurs/ses. Le niveau des allocations de chômage ne doit pas être inférieur au salaire minimum.
Annulation de la réforme des retraites.
Programme de soutien au mouvement coopératif.
Modernisation des entreprises déficitaires. Au cas où il serait nécessaire de réduire le nombre d’emplois, les structures étatiques devraient prévoir des possibilités de reconversion dans des spécialités existantes.

Économie
Impôt progressif sur le revenu - les riches doivent payer plus que les pauvres pour financer le budget de l’État.
Campagne active d’investissements dans le secteur informatique.
Simplification des règlements de migration pour attirer des spécialistes d’autres pays.
Lier le salaire des managers au salaire minimum. Les salaires d’un fonctionnaire ne doivent pas dépasser 3 salaires minimum dans le pays.
Un système numérique de planification de la production et de la consommation, permet tant de réduire les excédents au minimum et d’éviter les déficits.
Égalité des salaires dans les entreprises publiques entre la capitale et les régions.
Remboursement de la dette publique extérieure aux dépens de Loukachenko, sa famille, aussi bien que du fonds présidentiel.
Confiscation et vente des biens des condamnés, au profit des victimes et de leurs proches.
Fin du régime d’avantages fiscaux pour l’Église orthodoxe biélorusse.

Transparence gouvernementale
Publication en ligne de toutes les initiatives gouvernementales pour information des citoyen.ne.s.
A sa demande, tout.e citoyen.ne doit avoir accès à la correspondance officielle des délégués élu.es et des fonctionnaires.
Ouverture des archives du KGB.
Accès aux documents gouvernementaux sur demande.
Pas de dépenses publiques secrètes.
PAR : Pramen
Groupe Anarchiste de Biélorussie
SES ARTICLES RÉCENTS :
Décès de Sergey Ilchenko « Banane » en Ukraine.
Réagir à cet article
Écrire un commentaire ...
Poster le commentaire
Annuler