Histoire > En souvenir d’un camarade anarchiste, martyr de la répression fasciste : Angelo Sbardellotto
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par Groupe Mikhaïl Bakounine le 19 juin 2022

En souvenir d’un camarade anarchiste, martyr de la répression fasciste : Angelo Sbardellotto

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"J’étais posté sous les arcades de la place Esedra. Il passait dans la rue, à quelques mètres de moi. J’étais
sur le point de lancer la bombe, je calculais la distance, froidement, mais au dernier moment, une évidence
me retint. Il était entouré de milliers de personnes, et la bombe avait une portée de 200 mètres ; cela allait
être un massacre ; des centaines d’innocents allaient payer pour quelque chose dont ils n’étaient pas
fautifs. C’est lui que je devais tuer, lui seul. Et je ne lançai pas la bombe
".




Le camarade Angelo Pellegrino Sbardellotto a été fusillé, il y a exactement 90 ans aujourd’hui, à l’aube du
17 juin 1932, à 5h45, à l’intérieur du Fort Bravetta, accusé d’avoir envisagé d’attenter à la vie de Benito
Mussolini. Le jugement fut rendu par le Tribunal spécial pour la défense de l’État, après un procès d’à peine
deux heures, mené par le juge sanguinaire Guido Cristini. Lors de la messe célébrée le lendemain de la
fusillade, le prêtre déclara que l’âme du camarade Angelo finirait certainement en enfer parce que celui-ci
avait "osé attenter à la vie de l’homme de la Providence".

L’État italien, ni ses institutions, ne commémorent jamais la bravoure de Sbardellotto, car cette affaire est
survenue à un moment de l’histoire où les méthodes de répression fasciste étaient valorisées par les
institutions du monde entier. En effet, dès 1931, divers contacts entre l’Union soviétique et l’Italie fasciste
se développèrent et amenèrent de nombreux italiens à travailler en URSS pour la réalisation des plans
quinquennaux, aboutissant notamment à la signature du pacte italo-soviétique d’amitié et de non-
agression du 2 septembre 1933. D’autre part, tous les mass media américains sympathisaient ouvertement
avec le fascisme et son dictateur : le cinéma et l’ensemble du circuit médiatique américain édifièrent un
véritable mythe de Mussolini, présenté comme le nouvel empereur romain. Moins d’une année après
l’exécution de Sbardellotto, en 1933 toujours, la Columbia Pictures (qui est aujourd’hui encore l’une des
plus grandes sociétés de production pour le grand écran) produisit un film documentaire sur le Duce et sur
l’Italie fasciste, qui fut un tel succès au box-office, qu’il gravit l’Olympe des film-cultes : ce long métrage de
74 minutes était intitulé "Mussolini speaks".
Le camarade Sbardellotto, comme tous les martyrs antifascistes, a sacrifié sa jeune vie pour revendiquer les
droits de liberté et de justice sociale. Les actes héroïques individuels, comme le sien, ont une valeur
intrinsèque et marquent, comme dans ce cas, le déclenchement de profondes transformations sociales ;
son geste héroïque ne pouvait être plus sublime : à aucun moment Angelo Sbardellotto ne renia ses
intentions, il refusa les sacrements d’une Église complice de la dictature sanguinaire, il se dressa souriant et
méprisant devant le peloton d’exécution et défia l’infamie du fascisme, la tête haute jusqu’au dernier
instant de sa courte vie. Le camarade Angelo est un exemple pour nous tous et toutes et nous ne pouvions
manquer de le rappeler aujourd’hui à notre souvenir. Sa détermination et son combat pour l’anarchie et la
liberté résonneront à jamais dans nos luttes et dans nos cœurs.

Angelo vit et lutte avec nous. Vive l’anarchie !


Groupe Mikhaïl Bakounine - FAI Rome & Lazio – 17 juin 2022
PAR : Groupe Mikhaïl Bakounine
FAI Rome & Lazio
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