éditorial du n°1212

mis en ligne le 14 septembre 2000

Les patrons viennent d'apprendre eux aussi qu'il fallait savoir arrêter une grève. Excédés par les taxes sur le gazole le petit patronat a été lâché par le MEDEF et par ses principaux représentants syndicaux. Il a dû rompre l'encerclement des dépôts pétroliers, suivi de près par les agriculteurs, les ambulanciers, les taxis et toute la panoplie des corporations artisanales. Le gouvernement gauche plurielle a du cédé le maximum, au risque de faire exploser sa majorité : exit les taxes « anti-polluantes » alors qu'il ne restait plus guère que çà pour justifier la présence de Voynet comme ministre.

Par ailleurs, le référendum du 24 septembre ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour revaloriser les partis politiques. Le risque d'un fiasco majeur pourrait bien ridiculiser un peu plus tous les politiciens. Même le PC qui s'aligne presque sur la position des anarchistes avec son appel à l'abstention active n'en tirera pas forcement plus de crédit.

Plus que jamais la société civile rejette celles et ceux qui prétendent les représenter.

Un pas de plus a été franchi en quelques mois. C'est aujourd'hui la haine qui s'installe entre les populations et les institutions. Cet été déjà des conflits durs à Cellatex et Adelshoffen, etc. en ont été de belles illustrations. Les permanents syndicaux ont eu un mal de chien à minimiser la violence des ouvriers excédés par leurs licenciements.

Des mouvements sociaux violents peuvent s'imposer rapidement dans l'actualité. C'est aujourd'hui un fait. La « violence urbaine » que stigmatise tant le pouvoir n'apparaîtra peut-être bientôt n'avoir été que le signe avant-coureur d'une révolte sociale contre les logiques étatiques et capitalistes qui ne cessent de broyer les individu-e-s.

Le problème est que dans ces différentes manifestations récentes, ces coups de colère relèvent plus de l'irrationnel que de l'aspiration à une transformation sociale. Cela seul doit nous inquiéter.

Impossible de terminer cet éditorial sans nous excuser auprès des lecteurs et abonnés du Monde libertaire pour la non parution de leur journal préféré le 7 septembre comme annoncé. Des problèmes techniques sont à l'origine de ce retard. Nous vous remercions de votre compréhension et de votre patience.