Tous unis contre la criminalisation du mouvement social

mis en ligne le 17 janvier 2006

Face au G8 qui s'est déroulé à Évian du 31 mai au 2 juin, de nombreux collectifs, associations, organisations et individus ont décidé d'organiser plusieurs contre-sommets à Annemasse, Genève et Lausanne. Pendant toutes les manifestations, projections, débats et concerts, nous avons pu affirmer qu'un autre monde est non seulement possible, mais nécessaire.

Après six mois de préparation, une semaine d'actions du 28 mai au 3 juin, nous considérons notre apparition comme un succès. Effectivement, malgré toute la propagande policière annonçant que des hordes sauvages allaient déferler pendant le G8, nous avons côtoyé de nombreux Annemassiens heureux de nous rencontrer (un pique-nique gratuit a été organisé au Village alternatif, anticapitaliste et anti-guerre, le VAAAG, aux frais des manifestants, pour pouvoir discuter avec les habitants).

Toutefois, nous devons continuer à nous mobiliser pour dénoncer l'attitude des forces de l'ordre présentes (police nationale, gendarmerie, CRS et armée). Celles-ci, lors de manifestations pacifiques (sit-in, blocages, déambulations festives, etc.) n'ont pas hésité à répondre violemment aux manifestants (gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc, canons à eau, charges de CRS et matraquages ciblés). De plus, des policiers étaient infiltrés dans les rangs des manifestants pour provoquer la violence (Libération du 5 juin 2003).

Aujourd'hui, nous constatons plus d'une soixantaine d'arrestations, deux saisies importantes de matériel informatique, des contrôles de police musclés et arbitraires en retour de manifestation, l'interdiction arbitraire de trois manifestations à Lausanne et à Genève, mais aussi les pleins pouvoirs donnés à la police suisse par le maire de Genève dès le 3 juin vers 14 heures.

Plus de mille photographies et films disponibles sur le site central d'Indymedia montrent ces violences. De plus, lors d'un blocage à Lausanne, un manifestant anglais a fait une chute de 20 mètres depuis un pont. La police présente sur les lieux a reconnu avoir « malencontreusement » coupé la corde à laquelle il était suspendu (nous précisons qu'au départ elle niait tout en bloc). Il souffre actuellement d'une fracture ouverte à la jambe et de nombreuses contusions.

C'est pourquoi, nous demandons :
— La relaxe de tous les manifestants, Blacks Blocks et casseurs arrêtés avant et pendant le contre-sommet,
— L'abandon de toutes les poursuites engagées à leur encontre,
— Aucune arrestation suite au contre-G8 d'Évian (contrairement à celui de Gênes),
— Que toute la lumière soit faite quant à la chute du manifestant, bien que nous n'ayons aucune espérance en cette justice au service du capital.

Enfin, nous tenons à rappeler que lorsque plusieurs milliers de salariés se retrouvent au chômage, lorsque le gouvernement refuse d'écouter des grévistes de plus de deux mois, lorsqu'il nie leur droit de grève, lorsqu'il entretient une guerre en Côte d'Ivoire pour s'assurer de l'investissement de ses intérêts dans le cacao, lorsqu'il vend des armes à l'Irak, lorsque la police française est responsable de dizaines de bavures meurtrières chaque année, etc., c'est aussi de la violence. Et, contrairement aux casseurs, Blacks Blocks et autres, qui ne touchent qu'au matériel, l'État et les patrons n'hésitent pas à briser des individus, des espoirs, pour leurs seuls intérêts : les profits et le pouvoir.