Nouvelle des fronts

mis en ligne le 18 janvier 2004

Brésil, Lula encore un effort pour être un honorable social-démocrate, tu peux mieux faire camarade ! J'apprends que le ministère du Travail brésilien a permis, en 1995 (là, tu n'y es pour rien) et-2002, d'inculper 52 responsables d'entreprises pour avoir honteusement employé - comme Total ailleurs, quoi qu'en dise le bon docteur Kouchner - des travailleurs forcés, autrement dit des esclaves modernes. En conséquence, les employeurs indélicats ne pourront plus toucher (officiellement) de subventions ou participer aux appels d'offres du gouvernement. Hormis cette atteinte au libéralisme le plus libéral, celui de renard libre dans le poulailler libre, ce démantèlement du travail-esclave n'est que très partiel. En effet, seulement 4 315 travailleurs forcés auraient été libérés avec quelques indemnités (!) sur une estimation, sans doute sous-évaluée, d'environ 40 000. Merci patron Lula, mais à quand les usines aux ouvriers et la terre aux sans-terre qu'aujourd'hui tu as déjà trahis ?

Après Lu, Moulinex et Bata, etc., l'internationale de la « détertiarisation » et de la délocalisation bat son plein. Aux États-Unis, l'opérateur de téléphonie AT&T Wireless s'apprête à virer (comme son nom l'indique) 3 000 de « ses » 30 000 bons et loyaux serviteurs et d'en réembaucher à peu près autant, mais pour beaucoup moins cher, en Inde. Même scénario en Grande-Bretagne où Aviva délocalise 2 000 emplois afin de suivre l'exemple déjà donné par le secteur bancaire (Lloyd's, HSBC) ou Prudential (assurance) toujours vers le sous-continent. Après la désindustrialisation à marche forcée, ce sont les emplois du tertiaire qui foutent le camp. Certes, on peut se réjouir que l'ancienne colonie britannique hérite de quelques emplois de plus mais nous on imagine déjà quelles seront les conditions de travail et de rémunération des heureux élus. Le volant d'ajustement de la main-d'œuvre est aujourd'hui mondial, demain les salaires seront trop élevés en Inde ou les travailleurs trop organisés et adieu veau, vache, cochon et emplois, à nouveau en partance vers d'autres lieux de misère et d'asservissement. Face à la globalisation des échanges, la mondialisation du capital et l'altermondialisation de la charité, à quand une nouvelle Internationale digne de ce nom et digne de notre projet d'émancipation ? Lula, rassure-toi, on n'a pas besoin de toi et merci quand même.

Hugues, groupe Pierre-Besnard