éditorial du n°1373
mis en ligne le 28 octobre 2004
États Unis, Tunisie, Polynésie française, voilà trois exemples d'élections
présidentielles où la volonté du peuple n'a guère à voir avec les
résultats. Aux États Unis, à coup de milliards de dollars chacun des
candidats s'escrime à dénigrer son adversaire, son ennemi devrais-je dire
tant les coups portés et les méthodes utilisées, d'un côté comme de
l'autre, se situent en dessous de la ceinture. Mais le fric dépensé à
faire ces campagnes de diffamations n'est pas comptabilisé par les lois
sur les campagnes électorales, et n'est donc pas limité, non plus que sa
provenance est contrôlée. La fraude et les traficotages des machines à
voter s'ajoutent à la mascarade. En Tunisie, le peuple a appris depuis
l'indépendance, et plus encore depuis 1987, que pour survivre dans cette
démocratie il valait mieux fermer sa gueule. Même si un des candidats
n'était pas parachuté par le pouvoir pour donner l'illusion du pluralisme,
l'issu du scrutin ne faisait aucun doute et Ben Ali, désigné par les
gouvernants de l'Europe et des Amérique comme un dirigeant démocrate et
progressiste avec qui il fait bon faire du bizness, fait encore l'objet
d'un plébiscite obtenu par la terreur. En Polynésie française, Jacques
Chirac et ses complices du Conseil d'État, ont remis leur agent Gaston
Floss à la présidence, préservant ainsi les intérêts des familles
coloniales qui continuent d'exploiter ces territoires et ceux qui les
habitent. Ils ne veulent pas abandonner l'économie aux polynésiens et sont
prêts pour cela à recourir à n'importe quelle magouille politicarde.Sur le plan social, c'est aussi le règne de l'arbitraire. La loi du marché va encore jeter des dizaines de milliers de travailleurs, de la General Motors entre autres, sur le pavé. Délocalisations, restructurations, sont les armes utilisées par les technocrates de l'exploitation pour expliquer aux ouvriers que les sociétés dont ils ont assuré la prospérité pendant des dizaines d'années, se passeront désormais de leurs services. Et quand les victimes de ces manipulations financières tentent de se rebeller, alors l'appareil répressif et judiciaire se charge de les remettre au pas.