Rose Désir

mis en ligne le 19 septembre 2005

L'auteur, Jean-Daniel Traimond, est véritablement guide de métier. Au fil des ans, il a pris un malin plaisir à regarder les oeuvres des grands maîtres sous des angles bien peu académiques. Ses observations l'ont conduit à créer des circuits parallèles appréciés des touristes connaisseurs. Pour les Américains, cela s'appelle Naughty Louvre. En français, cette visite un peu spéciale se nomme simplement Le Louvre coquin. Les notes accumulées au gré des déambulations devinrent logiquement livre. Et le livre devint le guide précieux et raffiné que nous offre l'Atelier de création libertaire dans une belle couverture rose.

Depuis toujours art et érotisme font bon ménage. Il n'y a qu'à observer des statuettes de l'Aurignacien supérieur (Vénus de Lespugne, Vénus de Willendorf, etc.) pour s'en convaincre. L'auteur remonte moins loin dans le temps pour mettre en évidence la face cachée, enfin pas tant que ça, des oeuvres exposées dans deux des plus prestigieux musées mondiaux. Savez-vous où se nichent les seins les plus pointus ? Foncez admirer Aurore (Louvre, Denon, 1er étage, salle 75) pour ne pas mourir idiot. Sauriez-vous dénicher les plus beaux pénis ? Une terre cuite de Sergel (Louvre, Denon, salle E) vous mettra sur le « droit » chemin.

Avec humour et érudition, Jean-Manuel Traimond nous conduit de salle en salle pour revisiter quelques scènes mythologiques, de ces temps où les dieux et les déesses ne crachaient pas sur la chose. Il nous confie aussi quelques anecdotes croustillantes sur la vie tourmentée des oeuvres. Ainsi apprend-on que le Louvre a récemment déplacé une Nymphe de Bartolini afin que les visiteurs ne puissent plus passer derrière elle. La belle est si fraîche et attirante que les mains ne résistaient pas à la tentation de la caresser !

Aucun plaisir n'est absent. Toutes les palpations et palpitations sont honorées. Hétéros, gays, lesbiennes, trans, etc., chacun pourra choisir entre vues de harems, siestes hermaphrodites, toilettes impudiques, sommeils réparateurs, extases « mystiques », rêves humides, joyeuses bacchanales, orgies romaines, scènes de chasse voluptueuses ou même morsures de serpent équivoques. L'École de Platon (Orsay, niveau médian, salle 59) et les troublantes blessures de saint Sébastien (Louvre, Denon, grande galerie) ont leurs fans. Certains libertaires n'oublieront pas de faire un détour par l'Origine du monde pour saluer (mon œil !) le camarade Courbet (Orsay, rez-de-chaussée, salle 7).

Truffé de citations littéraires (Baudelaire, Zola, Louis, Hennig, etc.), le livre-catalogue présente également les regards croisés d'Ernesto Timor (photos) et d'Aladdin (illustrations). Une chose est certaine. Les trois fripons n'ont pas les yeux dans leur poche. Les esthètes libertins apprécieront cette balade subtile dédiée aux plaisirs des sens.

Paco