éditorial du n°1464

mis en ligne le 9 février 2007

LE MOIS DERNIER a été l'occasion d'entendre la voix du Medef. Pour celui-ci, « l'entreprise c'est la vie ». Tout un programme, surtout au vu des licenciements qui continuent, du nombre d'accidents de travail et du taux de suicides sur les lieux de travail ou pour raisons professionnelles. L'entreprise c'est la vie, admettons, mais quelle vie ! Travailler toute la journée, toute la semaine, toute l'année...

Travailler, est-ce cela la vie ? Ne serait-ce pas ce que nous devrions faire par obligation pour nous permettre une certaine qualité de vie ? Le rôle du travail est inversé dans la société capitaliste. Nous passons notre vie à travailler pour que la vie de ceux qui nous font travailler soit meilleure. Ce qui est à remettre en cause, c'est la place du travail dans notre vie. Non un but en soi, mais un moyen pour subvenir à nos besoins.

Parisot propose un retour au quarante huit heures, pourquoi pas ! Si c'est quarante huit heures par mois, la question ne se pose pas. Mais elle s'empresse d'ajouter par semaine! Et là, ça pose un problème. Déjà que l'on passe notre temps au travail, cela supprimerait le peu de temps libre qu'il nous reste.

C'est comme pour le dimanche. Les consommateurs sont ravis, les patrons aussi. Mais iraient-ils travailler, eux, ce jour-là ?

Parisot voit dans la durée, et après la semaine de travail, elle s'attaque à l'âge du départ à la retraite ! En effet, selon les patrons, ils ont mieux à faire de leur argent, pour s'octroyer un juteux salaire par exemple, que de payer des gens qui ne font plus rien! Ils préféreraient que les salariés puissent, à partir d'un certain âge, choisir ou non de partir à la retraite ou de continuer à travailler. Choisir ? Tu parles ! Évidemment, ceux qui pourront partir avec une retraite confortable le feront, mais ceux qui n'auront qu'une retraite misérable n'auront guère le choix ! L'entreprise c'est la vie. À la vie, à la mort !

Les patrons, eux, ne veulent guère avoir un salarié à vie et préfèrent un nouveau contrat indéterminé qui permettrait de licencier plus facilement ! En effet, les patrons veulent embaucher. Le problème est qu'ils veulent pouvoir virer aussi ! Tous ceux qui n'acceptent pas de se tuer à la tâche, tous ceux qui n'acceptent pas de se faire dicter leur vie par les patrons qui imposent leurs journées de congés, leurs horaires, etc. Au moindre signe de fatigue ou de grogne, c'est « à la porte ! ».

Le travail, il faut l'aimer, avoir le « goût de l'effort » ou crever.