Au nom du père et du fils

mis en ligne le 22 octobre 2009
Grosso modo, et pour faire court, il y a deux types d’enfants gâtés. Ceux issus des familles riches et ceux issus des familles pauvres. Et les mêmes causes reproduisant nécessairement les mêmes effets, mais à des amplitudes différentes, la petite aventure de Jean Sarkozy, dont tout le monde parle dans le landerneau-qui-n’a-que-ça-à-faire, illustre bien les dégâts collatéraux d’une éducation sans coup de pied au cul. Lui, le Jeannot, il vient d’une famille riche. Les autres peuvent toujours faire des caprices et regarder les jouets dans la vitrine. On s’en tape le coquillard avec des queues de sardines.
Mais que ce soit lui ou un autre, d’ailleurs, n’a aucune espèce d’importance. C’est le principe qui est remarquable. Le principe ou plutôt les principes qui font que le pouvoir est le pouvoir, l’autoritarisme est l’autoritarisme. à quoi donc pourraient bien servir les richesses si ce n’est pour se vautrer dedans ? Pourquoi ne pas se les accaparer alors que la loi le permet ? Pourquoi ne pas jouir de puissance et des privilèges sans le montrer ostensiblement ? Pourquoi se gêner après tout, du style « J’ai réussi et je vous emmerde » ou plus poliment « Si j’ai réussi, tout le monde peut y arriver ! ». Les vieux plans éminence grise et que je te tire les ficelles dans l’ombre et qu’un cerveau tapi dans l’ombre et un bras armé sont à l’affût pour les bons conseils, tous ces concepts on fait long feu. On a le pognon, on a la force, on fait ce qu’on veut. N’en v’là des manières de bourrins parfaitement efficaces, des manières qui puent certes, mais des manières redoutables. L’élection légale et parfaitement bidon du Jean-Jean est on ne peut plus logique. Cette élection à la soviétique ou bien à l’africaine, comme on voudra, est pourrie, dégueulasse, crapuleuse, malsaine, truquée, fétide, tout ce qu’on veut mais parfaitement logique. Voilà une dynastie dont la seule préoccupation est de garder la main sur le Trésor, en faire profiter quelques vassaux serviles et surtout ne lâcher sur rien et continuer de prospérer. Que ce soit le fils Sarko, le fils Lagardère, le fils Bouygues ou le fils Giscard d’Estaing, leurs carrières sont faites sur mesure, tous sont nés avec une cuiller en argent dans la bouche et leurs pauvres destinées dans cette vallée de larmes sont tracées dès les premières couches-culottes, il leur suffit juste d’ânonner leur nom de famille auprès de la standardiste et ça fait la rue Michel. (Pour faire dans la provocation, on peut dès lors admirer le geste de Staline qui, en son temps, avait refusé d’échanger son fils prisonnier de l’armée allemande contre un maréchal ennemi attrapé pendant la bataille de Stalingrad. Mais peut-être que le fils en question état bon à nib.)
M’enfin, et comme l’avait prévu en d’autres temps pour d’autres raisons ce bon bougre de Siné à propos de Junior : il ira loin ce petit ! Bien vu. Les seuls qui ont eu de l’humour sur ce coup-là ont été, pour une fois, les Jeunes Socialistes. Comme quoi il ne suffit pas d’être bien nombreux pour savoir rigoler un peu. En effet, ils ont lancé une procédure, parfaitement légale, d’adoption auprès de Nicolas Sarkozy pour eux aussi devenir individuellement fils de… et devenir prébendiers à leur tour. Plutôt drôle sur ce coup-là. Voilà une façon de prendre un peu de recul. Mais enfin bref on n’est pas là non plus pour leur servir la soupe à ces asticots qui aimeraient tant prendre la place des autres. Le seul regret qu’on puisse avoir c’est, que je sache, de ne pas avoir eu l’idée les premiers.
Dans le même genre je fais ce que je veux, les préfets de la République, directement nommés, eux, par le ministre de l’Intérieur, vont dans pas longtemps nous réserver un happening social comme, et nous ne le savions pas, ils en ont le secret. ça commence à réfléchir chez ces enfants gâtés, eux aussi. Représentants du pouvoir dans les départements ou les régions. Quelques rencontres fugaces, quelques rendez-vous furtifs. ça sent la conspiration. On leur a suggéré une rémunération au mérite. Impensable. Ces super-agents de l’état ont tout pouvoir dans leurs féodalités. Et comme ils le disent dans Le Monde : « Si l’information sociale et économique reste assurée et permet de prévenir des mouvements sociaux en amont, l’information du préfet dans les domaines politiques et sur la connaissance des personnalités du département apparaît lacunaire. » Ils semblent regretter les RG : ça tombe bien, pas nous…