Attaque sur la flottille de la liberté

mis en ligne le 28 juin 2010
La sanglante attaque militaire israélienne conduite dans les eaux internationales contre le convoi naval de solidarité avec la population de Gaza s’est achevée dans le sang. C’est un acte intolérable de privation et de violence d’un gouvernement toujours plus incapable de sortir des spirales de sa propre politique abusive, colonialiste, empreint d’un nationalisme toujours plus marqué et d’un intégrisme croissant. Cette fois, les victimes étaient des personnes solidaires. De partout dans le monde, elles voulaient porter aide et soutien humanitaire à une population épuisée par l’embargo sur terre et mer, qui n’a fait qu’accentuer les souffrances après l’agression criminelle de l’opération « Plomb fondu ».
Chaque jour, la politique de la poigne de fer se fait sentir contre les opposants à la politique du gouvernement israélien dans les territoires occupés et en Israël : ‭contre ceux qui s’opposent au Mur, à la destruction des maisons palestiniennes, à l’expropriation arbitraire des terrains, aux milles‬ abus qui rendent la vie quotidienne difficile pour la population arabe d’Israël et des territoires. Une politique qui, bien sûr, ‭n’est pas en mesure de mettre pleinement en œuvre ses objectifs si ce n’est de recourir à un acte infâme comme le massacre de militants humanitaires pour rendre crédible sa détermination.
Mais quel est le prix que le peuple du Moyen-Orient, y compris Israël,‭aura à payer pour continuer à soutenir cette ‭ détermination ? Quelle folie devrons-nous encore enregistrer avant d’arriver à un revirement important vers la restauration de la paix dans ces territoires tourmentés ? Si on arrive à considérer comme une provocation intolérable l’envoi d’un convoi humanitaire, quelle réponse aurons-nous contre la construction de centrales nucléaires en Iran ‭? Le vent de la guerre se remet à souffler fort dans un monde de plus en plus traversé par le fondamentalisme religieux, ‭le nationalisme et les prétentions civilisatrices.
Les anarchistes, depuis toujours, refusent et méprisent la guerre, fratricide et destructrice, qui s’oppose à la révolution sociale comme moyen de libération de l’humanité ; c’est pourquoi ils ont toujours déploré les luttes entre les peuples et indiqué que seule la lutte contre les classes dominantes est une sortie à la crise sociale. Mais ce n’est pas pour cela qu’ils sont insensibles aux conséquences des politiques colonialistes et nationalistes et, si un conflit se produit, comme en terre palestinienne, entre deux peuples, ils soutiennent celui qui, dans cet instant, défend sa vie, sa dignité, son indépendance.
Les États ont toujours divisé la population en imposant des frontières. La création de l’État d’Israël n’a non seulement pas résolu les besoins de la population juive résidente ou de celle qui a échappé aux camps de la mort, mais elle a créé, en Palestine, un bastion militariste et autiste, rempart‭des intérêts stratégiques de l’impérialisme américain et de l’Union européenne,‬et a développé un conflit permanent avec la population existante, imposant une domination de type coloniale.
De même, l’objectif de créer un État palestinien, même s’il apparaît comme une étape dans la libération d’un peuple opprimé et exploité,‬ est en fait une nouvelle cage qui renforce les sentiments nationalistes en perdant la conscience des intérêts de classe et de l’importance de la lutte sociale contre les dominateurs et les exploiteurs de tous types et toutes les ethnies. Toutes les luttes de libération nationale l’ont enseigné : il n’existe pas de libération économique et sociale en dehors de son auto-organisation de classe, et l’enracinement des luttes de libération nationale dans les communautés interclassistes nationales est le tombeau des projets pour un vrai changement social basé sur l’égalité et la liberté.
Le dépassement de l’état de guerre qui ensanglante cette région pourra se faire par l’annihilation et la destruction d’une des deux parties – solution exposée par les grands et petits impérialismes dans leur partie d’échecs pour la domination du monde – ou par la destruction définitive des barrières artificielles, ethniques, politiques et religieuses, et la contribution aux peuples pour la construction d’une société plus juste et humaine. L’existence de collectifs de Palestiniens et d’Israéliens qui s’opposent aux politiques gouvernementales, à la construction du Mur, qui soutiennent les déserteurs israéliens au service militaire, qui se mobilisent contre le militarisme, prouve une fois de plus que ce qui peut unir, comme la solidarité et la lutte, est plus fort que ce qui divise.
Et alors ce n’est pas une coïncidence si les morts d’aujourd’hui sont des activistes humanitaires désarmés, expression de la société civile internationale déterminée et vue comme l’avant-garde dangereuse d’un processus de paix et de solidarité parti d’en bas, apte à éroder la base d’un pouvoir de plus en plus anachronique, violent, anti-humain. Pour eux, tout notre soutien et notre solidarité !

Commission des relations internationales de la FAI
Traduit par Nico