Le droit à l’avortement menacé

mis en ligne le 7 octobre 2010
1607Avortement3La liberté pour les femmes de disposer de leur corps est issue d’une longue lutte qui a débouché en 1975 sur la loi Veil, leur permettant d’avorter, puis en 1982, d’obtenir le remboursement de l’avortement. En 2001, toujours grâce à leurs luttes, avec la loi Aubry, les femmes obtiennent l’allongement du délai de dix à douze semaines, la suppression de l’obligation de l’autorisation parentale pour les mineures, la suppression de l’entretien préalable obligatoire et la possibilité de choisir la technique d’avortement. À ce moment, on aurait pu penser le droit à l’avortement enfin acquis !
Pour autant, neuf ans plus tard, rien ne l’est ! Malgré l’apparition de la pilule du lendemain qui pourrait être une solution en matière d’urgence suite à l’oubli de prendre la pilule, en ce qui concerne l’avortement, la loi de 2001, si elle représente une belle avancée, est très mal appliquée. En effet, certains établissements n’accueillent pas les femmes jusqu’à douze semaines de grossesse. D’autres multiplient les obstacles à la prise en charge des mineures. Dans certains cas, les femmes sans couverture sociale peuvent être obligées de fournir un chèque de caution. Autre embuche, les délais d’attente pour un avortement qui peuvent dépasser trois semaines. Enfin, l’obligation des établissements publics d’organiser la pratique des avortements n’est pas respectée, alors qu’ils y sont tenus depuis 1979 : il n’existe aucune mesure contraignante ou incitative. De plus, les médecins pratiquant les avortements ne sont pas, dans la plupart des cas, remplacés quand ils partent ou prennent leur retraite ; c’est l’occasion pour les directions d’établissements de restreindre ou d’arrêter la pratique de l’avortement. Début 2010, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a pourtant dénoncé que la loi de 2001 n’a jamais été appliquée dans son intégralité.
Mais l’avenir est encore plus sombre. En effet, la loi Bachelot restructure la santé publique avec pour seul objectif la rentabilité économique. De fait, les établissements de santé sont regroupés, avec pour conséquence la fermeture d’hôpitaux de proximité, la fermeture de maternités, ou encore la fermeture de centres d’interruption volontaire de grossesse (IVG). La tarification à l’activité, nouvelle méthode de financement des hôpitaux, incite les établissements à limiter ou à arrêter les actes chirurgicaux estimés non rentables, notamment la pratique des IVG. À chaque fermeture d’hôpital ou de service, les restructurations sont organisées avec perte de personnels soignants, concentration des activités, « travail à la chaîne ». Bien évidemment, les premières activités à être visées sont celles jugées mineures ou peu rentables. Ainsi, on voit les centres de prévention et d’accompagnement de la toxicomanie, les centres de soins annexes en immunologie (VIH) fermer les uns après les autres. Aujourd’hui, ce sont les centres pratiquant l’IVG qui sont dans le collimateur, avec la loi Bachelot. Il s’agit bien d’une décision politique et de la remise en question des droits à l’avortement, tandis que les anti-IVG se déchainent. C’est pourquoi, dans de nombreuses villes françaises, les associations de défense du droit des femmes et les libertaires organisent une contre-offensive. Il y a urgence : rejoignez-nous pour défendre le droit de choisir !