Golfe… l’ère du mensonge

mis en ligne le 7 février 1991
Munichois ! Voilà l'injure choisie pour stigmatiser le refus de la guerre actuelle par les bellicistes du moment.
Munichois, comme jadis on aurait dit « traîtres à la patrie ». Mais qu'est-ce au juste être munichois ?
Savent-ils seulement ce que cela signifie, ceux qui se complaisent dans cette « injure » pour essayer de discréditer tous ceux qui se battent aujourd'hui afin de mettre fin à une boucherie aux conséquences dramatiques pour tous ?
Ainsi, plutôt que de vouloir utiliser cet épisode en soi mineur — les accords de Munich — pour accabler les pacifistes, les partisans sincères d'une guerre pour le droit aurait tout intérêt à réfléchir aux leçons du passé pour dénoncer les discours mystificateurs du présent dont ils sont les premiers à être les dupes.
Les faits sont connus. En apercevant la foule venue le saluer au lendemain des accords de Munich, en septembre 1938, Daladier se serait exclamé « Ah les cons ! »
Que l'histoire soit vraie ou non, une chose est certaine, c'est que la majorité des personnes, pour qui Daladier et Chamberlain — avec la complicité de Mussolini — avaient « sauvé » la paix, se trompait lourdement. Aucun des protagonistes d'ailleurs n'était dupe. En acceptant de sacrifier la Tchécoslovaquie, Daladier n'avait en vue que d'obtenir un répit pour accélérer le réarmement de la France, tandis que pour Hitler il ne s'agissait que d'une « étape » vers un projet bien plus ambitieux d'expansionnisme en Europe centrale. Quant au prétendu pacifisme de Chamberlain, il traduisait le faible intérêt des Britanniques pour un pays qui ne faisait pas directement partie de leur sphère d'influence. Enfin, en oubliant d'associer l'URSS à ce marchandage, la France et la Grande-Bretagne laissaient planer plus d'un doute sur l'existence d'éventuels accords secrets au détriment des soviétiques.
La paix honteuse de Munich présentée comme le condensé même de toutes les capitulations à éviter à l'avenir vis-à-vis d'anciens ou de nouveaux « Hitler », une fois débarrassée de sa mythologie forgée de toutes pièces a posteriori, se révèle n'être rien d'autre qu'une étape, un bref moment de répit dans la course à une guerre qui était déjà devenue inévitable et à laquelle tous les gouvernements se préparaient activement.
Certes, l'ampleur du mouvement pacifiste et le sentiment de soulagement qui gagne alors l'opinion publique montrent très clairement que la majorité de la population n'était pas prête à mourir ni pour les Sudètes ni pour autre chose.
Peut-on pour autant la blâmer ? Comment vouloir jeter la pierre à des millions d'individus ayant vécu soit directement soit par personnes interposées les années terribles d'une guerre commencée dans l'euphorie de la défense du droit et petit à petit engluée dans la boue et le sang des tranchées ?
Peut-on toutefois laisser croire que la majorité des pacifistes de l’époque était disposée à accepter n’importe quelle paix, face à la menace fasciste et hitlérienne ? Rien n’est plus faux ! À commencer par la très grande majorité du mouvement anarchiste qui, à l’instar du vieux Sébastien Faure, n'hésitèrent pas à dénoncer le « pacifisme absolu » pavé comme l'enfer de bonnes intentions.
Le pacifisme libertaire jamais ne fut dissocié de l'essentiel, à savoir la lutte intégrale contre le fascisme ; c'est-à-dire une lutte non seulement contre les régimes en place en Allemagne ou ailleurs, mais aussi contre les forces politiques et les intérêts économiques qui avaient permis sa victoire et qui menaçaient de l'emporter y compris en France.
Et c'est cette vérité essentielle que les jusqu'au-boutistes du droit outragé feignent d'oublier. D'ailleurs, s'il fallait vraiment rechercher des responsables dans le développement de la menace nazie, ceux-ci devraient en tout premier lieu être recherchés du côté des équipes dirigeantes conservatrices et libérales.
La victoire du totalitarisme en Italie et en Allemagne n'a été possible, rappelons-le, que grâce à la capitulation quasi générale des forces dites « libérales » de ces pays. Quant aux régimes « démocratiques » ayant échappé au fléau, leur complaisance vis-à-vis des différentes formes de fascisme de l'entre deux-guerres est accablante ! Cette complaisance d'ailleurs deviendra carrément de la complicité à peine déguisée lors de la guerre d'Espagne avec la décision du socialiste Léon Blum de se rallier au principe de la « non intervention » dans les affaires internes de ce pays. Les résultats de cette politique, voulue par la Grande-Bretagne, furent désastreux pour les forces républicaines, car tandis qu'elle liait les mains des antifascistes, elle laissait Hitler et Mussolini libres d'étrangler la révolution espagnole, de permettre la victoire de Franco et de se faire la main en attendant la future guerre mondiale !
En préférant le fascisme à la révolution sociale à leurs portes, les gouvernements socialistes et conservateurs de France et de Grande-Bretagne montrèrent ainsi une nouvelle fois leurs préférences véritables en cas de « danger prolétarien », mais par là même, en laissant faire les fascistes ils rendaient le conflit mondial à terme inévitable. Bref, si la menace fasciste a pu devenir inquiétante au point de menacer de destruction les quelques libertés formelles des régimes démocratiques, les raisons ne sont point à chercher du côté des pacifistes mais bel et bien dans les politiques à courte vue des dirigeants politiques « progressistes » ou » réactionnaires » de ces pays qui pendant des années minimisèrent ou laissèrent faire les dictateurs de tout poil garants d'une fallacieuse paix sociale ; de la même manière d'ailleurs que nos dirigeants d'aujourd'hui ont minimisé et laissé faire Saddam Hussein, le dictateur.
La comparaison, on le voit, entre l'attitude des démocraties occidentales vis-à-vis de l'Irak et celle des gouvernements français ou anglais des années trente est tentante ! Mais elle ne tourne guère à l'avantage des nouveaux croisés de la guerre « juste et propre ». Quand on parle de lutter contre les tyrans après les avoir longtemps et largement entretenus, on ferait mieux de tourner deux fois sa langue...
Malheureusement pour les tenants des comparaisons historiques les rapprochements avec les années de Munich s'arrêtent là.
Non Saddam n'est pas un « nouvel Hitler », ne fusse que pour la bonne et simple raison qu'il ne dispose ni des moyens ni de la possibilité de le devenir ! Mettre sur le même plan le régime irakien avec celui de l'Allemagne des années trente relève de l'intoxication pure et simple, si courante en temps de guerre
Comment, en effet, comparer la position de soutien de pays comme l’Italie ou le Japon, et la « menace » irakienne actuelle ? comment oublier que c’était, à l’époque, la majorité des pays européens qui vivaient sous le joug des régimes à caractère plus ou moins dictatorial et que la vague fasciste risquait de submerger la planète entière ?
Cette insistance particulière n’est pourtant pas fortuite. Une guerre, c’est connu, ne se gagne pas exclusivement avec des armes. Et, compte tenu de la disproportion des forces en présence, la dimension idéologique que les coalisés (mais aussi Saddam) veulent donner au conflit apparaît au moins aussi importante que la vision purement militaire.
Convaincre l'opinion publique de la justesse de la cause des nouveaux croisés occidentaux constitue sans doute la première, et peut-être la plus importante, des batailles que ceux-ci ont aujourd'hui à livrer. Plutôt que d'une guerre « technologique » c'est bien d'avantage à une véritable guerre « idéologique » à laquelle nous assistons, visant à légitimer d'avance une victoire annoncée de longue date et son inévitable cortège de bavures civiles et militaires. « Démoniser » Saddam est encore le moyen le plus commode pour réaliser l'objectif véritable que les États-Unis se sont fixés dès les premiers jours de l'invasion du Koweït : la destruction de l'Irak en tant que puissance industrielle et militaire de la région, ce qui permet aussi par ailleurs de pouvoir justifier à l'avance tous possibles « dérapages » avec l'utilisation d'armes nucléaires de la part d'Israël, notamment. Il n'y a pas un jour qui se passe sans que les médias occidentaux ne préparent les opinions publiques à cette éventualité criminelle.
Nous pensons, toutefois, que cette volonté délibérée de vouloir criminaliser le régime de Saddam Hussein ne doit pas être perçue comme une simple « ruse de guerre », une de plus pour mener à bien la politique impérialiste occidentale, mais elle représente une facette essentiellement du futur ordre international que les États-Unis promettent au monde.
Certes, l'argument du respect du « droit international » n'est pas à proprement parler une nouveauté et il a déjà été à plusieurs reprises utilisé depuis la Première Guerre mondiale. La manière dont on s'en sert aujourd'hui est originale dans la mesure où, pour la première fois, les contradictions ont été réunies d'une intervention militaire se parant d'un semblant de consensus international sous la bannière de l'ONU.
Enfin, cette intervention militaire laisse préfigurer d’autres types d’opération de « police internationale » analogues, à l’avenir, en d’autres parties du monde.
La particularité de la situation actuellement que nous traversons ne se réduit pas exclusivement au brusque effondrement de l’URSS (effondrement qui laisserait les mains libres aux États-Unis pour tâcher de reconquérir un leadership mondial absolu), mais aux possibilités nouvelles offertes aux pays du centre capitaliste de « normaliser » les relations avec l'ensemble des pays de la périphérie en s'arrogeant le droit d'intervenir où et quand ils estiment nécessaires pour sauvegarder leurs intérêts.
Cet impérialisme new wave n'est pas pour autant un simple retour en arrière à la politique de la canonnière ; il constitue plutôt la première ébauche de ce que l'on pourrait appeler le futur gouvernement mondial. Gouvernement qui, au même titre que n'importe quel gouvernement « libéral » d'aujourd'hui, s'arrogerait le droit d'établir des distinctions entre revendications « licites » et « illicites » des peuples de la planète.
Le parallélisme est ici frappant entre la logique interne propre aux États libéraux, visant à criminaliser progressivement toute forme d'opposition radicale à l'intérieur de leurs frontières, et la manière dont ces mêmes États cherchent à résoudre le problème de l’expansionnisme irakien. Hussein dans ces conditions ne peut être ni opposant ni même un rival pour les puissances capitalistes dominantes, mais un « terrorisme » dont les prétentions ne sont pas simplement dangereuses pour les intérêts occidentaux mais aussi fondamentalement « illégitimes ».
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la crise actuelle éclate au lendemain du triomphe, chanté sur tous les tons, du modèle économique capitaliste sur son pseudo rival soviétique.
D’ores et déjà, quelle que soit l’issue du conflit, nous sommes confrontés à une offensive sans précédent des forces impérialistes occidentales dont l’enjeu est très explicitement l’élimination de l’ensemble des forces étatiques ou sociales qui pourraient faire barrage à l’unification du marché économique mondial sous l’égide du capitalisme marchand.
D’ores et déjà, il est possible d’affirmer que la pax americana annonce une période de conflits inter-étatiques encore plus aigus qui peuvent à tout moment mettre en jeu la survie de la planète. Plus que jamais est de notre devoir de tout mettre en œuvre pour casser le cercle de la domination et l’exploitation. Ne limitons pas donc notre combat au retour à une paix qui de toute manière ne pourrait que se révéler transitoire ; c’est l’ensemble du système de relations économiques et politiques qui est responsable de la guerre actuelle, et c’est l’ensemble de ces mécanismes que nous devons remettre en cause si nous voulons que notre pacifisme ne soit pas un pacifisme de dupe.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


Ewiak Ryszard

le 24 février 2011
La Bible dit: "Au temps fixé il [le roi du Nord = la Russie] retournera." (Daniel 11:29a). Cela signifie aussi la désintégration de l'Union européenne et l'OTAN. Peu de temps après, sera la guerre nucléaire (Nombres 24:23, 24; Daniel 11:29b, 30a; Matthieu 24:7; Révélation 6:4). "Une grande épée" = une épée nucléaire. Ce ne sera que le "commencement des douleurs de l'enfantement" (Matthieu 24:8).

"L'abomination de la désolation" = "la bête" = le futur gouvernement mondial. (Daniel 11:31; Matthieu 24:15, 21, 22; Révélation 11:2, 7; 13:1, 2, 7)

Daniel 11:40-43 = la quatrième guerre mondiale. (Matthieu 24:29; Luc 21:25; Révélation 6:12, 13:3; Isaïe 5:26-30; Daniel 7:11; Ézékiel 32:2-16; Habaqouq 1:5-17; Tsephania 1:14-18; Yoël 2:1-11)