Mexique : soutien aux rebelles de l’Armée zapatiste de libération nationale

mis en ligne le 13 janvier 1994
À la date symbolique du 1er janvier 1994, les indiens mexicains de la province de Chiapas dans le sud du Mexique se sont révolté contre le gouvernement de Pedro Salinas, un gouvernement qui se maintient au pouvoir depuis de nombreuses années, bénéficiant du soutien des Etats-Unis, et qui joue aujourd’hui la carte de l’ouverture économique et démocratique. Deux cents familles y contrôlent le pays alors que vingt millions de personnes, le quart de la population, vivent en situation d’extrême pauvreté.
Les membres de la guérilla zapatiste, indiens en majorité, ayant, semble-t-il, des contacts avec le Guatemala et le Salvador, parlent de révolution. Ils ont déclaré la guerre par voie d’affiches au gouvernement de Mexico. Ils revendiquent la poursuite de la réforme agraire et la juste répartition des terres, d’où la référence à Emiliano Zapata. D’autre part, ils dénoncent l’accord de libre échange nord-américain (ALENA) entré en vigueur au jour de l’an 1994, le sous-développement qui les touche et la perte de leur identité amérindienne. La campagne « 500 ans de résistance indigène, noire et populaire » n’est sans doute pas pour rien dans cette prise de conscience et dans la décision de passer à l’action de façon si déterminée. Elle avait dénoncé, tout en s’opposant à la célébration officielle de la découverte de l’Amérique, les conditions dramatiques d’existence qui étaient celles des populations amérindiennes (négation des droits les plus élémentaires à la vie), conditions de survie très difficiles qui touchent bien sûr d’autres personnes que des Amérindiens, puisque c’est la majorité des populations d’Amérique latine qui souffre de la misère. Autre problème mis en avant par la campagne, la concentration des terres dans les mains de quelques oligarchies ou multinationales. Rappelons-nous la situation des paysans brésiliens qui luttent depuis des années pour se réapproprier des terres avec le Mouvement des sans terre (tournée organisée en France par le collectif Guatemala et la Fédération Anarchiste pour la campagne des 500 ans).
À l’heure où nous écrivons ces lignes, la répression a commencé et les rebelles zapatistes ont été obligés de se réfugier dans les montagnes. Il est trop tôt pour dire si d’autres secteurs vont suivre et se joindre à la révolte. L’armée met le maximum de forces pour mater la rébellion : 12 000 hommes contre environ 1 000 insurgés, qui bénéficient toutefois très certainement du soutien de la population.
De notre côté, que pouvons-nous faire ? Faire connaître et parler de la situation présente qui illustre les grands problèmes que rencontrent nos camarades latino-américains.
Et puis écrire pour dénoncer et protester, s’opposer à la répression (plus de quatre cents victimes pour l’instant, des exécutions sommaires…), soutenir les revendications des Indiens du Mexique en France 1.

Patrick Aguiar, groupe Emma-Goldman (Bordeaux)





1. Ambassade du Mexique, 9, rue de Longchamps, 75016 Paris.