Grève à l’université autonome de Mexico

mis en ligne le 11 octobre 2012
L’université autonome de la ville de Mexico (UACM) est le projet éducatif le plus important de ces dernières années au Mexique. L’UACM représente une opportunité pour des dizaines de milliers de jeunes exclus qui n’auraient pu accéder à l’université. D’où son caractère démocratique et son aspiration à l’équité en matière d’éducation.
Avec à peine douze ans d’existence, l’UACM a participé à la transformation de milliers d’étudiants qui luttent pour poursuivre leurs études, malgré des conditions difficiles et un évident désavantage social. Aveugles, indigènes, vendeurs ambulants, chauffeurs de taxi, plombiers, femmes au foyer, parmi beaucoup d’autres, sont devenus maîtres de leur vie et vont pouvoir devenir des professionnels prêts à servir leur communauté, la ville et le pays. Beaucoup sont diplômés, continuent d’étudier pour devenir titulaires et enseignants dans leurs communautés. De plus, l’UACM a créé des programmes de renommée internationale.
Depuis deux ans, l’UACM subit des attaques dont le but est d’en finir avec ce qui en fait l’essence même. Cela obéit à la tendance consistant à soumettre les systèmes éducatifs à la logique patronale. Le besoin de former des citoyens conscients et capables de vivre dans un monde en crise est remplacé par la volonté de modeler des personnes dociles pour le marché du travail. Depuis deux ans, sous prétexte de créer un espace académique de « grande qualité », l’administration de la rectrice Esther Orozco a imposé une série de modifications du projet originel, contraires au règlement de l’UACM et générant un conflit qui a conduit au licenciement injuste d’une douzaine de salariés et à la répression de toute expression dissidente.
Depuis le 3 septembre, quatre des cinq bâtiments de l’université sont occupés par les étudiants, parce que le rectorat refuse, sans motif valable, de reconnaître le résultat des élections pour le renouvellement du conseil universitaire. Ainsi, les étudiants ont été dépouillés de leur droit à être représentés dans l’organe le plus élevé de la direction de l’université. La grève des étudiants dure depuis trois semaines et le rectorat ne semble disposé à aucune concession pouvant mettre fin au conflit. Le chef du gouvernement du District fédéral déclare vouloir respecter l’autonomie de l’université mais, à chaque fois, il a épaulé les actions de la rectrice Orozco.
Le 19 septembre, la police du District fédéral a réprimé les étudiants et les enseignants qui manifestaient pacifiquement sur la voie publique. Pour résoudre le conflit, il est indispensable que l’actuel maire de Mexico et le président du gouvernement élu pour la période de 2012 à 2018 s’engagent à respecter et à aider le projet originel de l’UACM.
Un appel sous forme de pétition leur est donc adressé par les grévistes :
« En tant que citoyens soucieux de donner une éducation supérieure de qualité, nous vous demandons de respecter le projet éducatif de l’UACM :
» En faisant cesser la répression contre les étudiants en grève.
» En n’intervenant pas dans les affaires internes de l’institution.
» En n’appuyant pas des mesures qui sapent le projet originel.
» En vous assurant que le budget que la loi a prévu d’attribuer à l’UACM soit bien versé en temps et en heure et sans conditions. »

Traduction Ramón Pino
Groupe Salvador-Seguí de la Fédération anarchiste