Plouf !

mis en ligne le 23 mai 2013
1707nucleaireIl nous était annoncé que, début mai, l’État français comptait montrer ses muscles par un nouveau tir expérimental de missile nucléaire, le M51, depuis un sous-marin, au large de Penmarc’h (29).
La France fait en effet partie des neuf États détenteurs de la bombe atomique, aux côtés des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la Russie, de la Chine, de l’Inde, du Pakistan, d’Israël et de la Corée du Nord, et il est de bon ton d’assurer sa place dans la cour des grands.
Aussi, dans la droite ligne de ses prédécesseurs, le chef actuel de l’État français confirme le développement de cette prétendue arme de dissuasion. Or le perfectionnement de tels engins de guerre ne fait qu’entretenir la course mondiale aux armements, prive les populations de milliards d’euros qui pourraient être bien plus utiles et entretient un climat mondial d’insécurité avec cette menace de destruction massive. Le programme global M51 est estimé à 31 milliards d’euros, soit l’équivalent de 18 000 postes d’infirmiers durant vingt ans.
De son côté, la Fédération antinucléaire de Bretagne dénonce dans son communiqué : « Avec le missile M51, plus précis et donc permettant l’utilisation de bombes nucléaires de puissance réduite, le gouvernement français poursuit un objectif de banalisation des armes nucléaires et radioactives, et de leur usage. […] Toute arme nucléaire ou radioactive est dévastatrice, et entraîne de graves conséquences sanitaires à moyen et long terme. L’usage d’armes à l’uranium appauvri employées en Irak, et probablement encore très récemment au Mali, le démontre. »
Cette nouvelle violation du Traité de non-prolifération (TNP) vient malheureusement confirmer le mépris du gouvernement français pour le droit international. En contradiction totale avec les dispositions du TNP, François Hollande a une nouvelle fois tenté le 15 février de vendre des réacteurs nucléaires à l’Inde, un des trois seuls pays au monde non signataires du traité. Le Sénat a même été saisi d’un projet de loi « relatif à la répartition des droits de propriété intellectuelle dans les accords de développement des utilisations pacifiques de l’énergie nucléaire ». La France contribue ainsi à saboter purement et simplement le TNP, dans le seul but de vendre à l’étranger les réacteurs nucléaires d’Areva. La Fédération anti-nucléaire de Bretagne rappelle « les liens indissociables entre nucléaire civil et nucléaire militaire, la technologie du nucléaire civile étant une passerelle directe vers la fabrication d’armes nucléaires ».
Dimanche 5 mai, le SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d’engins) Le Vigilant a lancé ce missile (12 mètres de haut, 56 tonnes, portée de 9 000 km, d’un coût de 120 millions d’euros… et d’une puissance de 60 fois Hiroshima !), qui devait traverser l’Atlantique. Et voilà qu’il explose en vol au bout d’une minute ! Heureusement qu’il n’était pas porteur d’une ogive nucléaire : la Bretagne n’existerait plus et nous ne serions pas là pour nous gausser !
Cinquante-six tonnes de débris (métaux, matériaux composites divers, etc.) sont donc à chercher au large de la côte finistérienne sur une surface de 900 km2 jusqu’à une profondeur de 100 mètres. Le carburant de cette « fusée » s’est éparpillé sur l’eau. Plusieurs navires de la Marine nationale sont déjà sur les lieux. Hop encore un paquet d’euros jetés par-dessus bord et un surplus de pollution ! Les pêcheurs locaux dénoncent la « mer poubelle ».
La Fédération antinucléaire de Bretagne (dont le groupe libertaire Lochu est membre) exprime son indignation devant le développement de telles armes : « Oublié ! que le nucléaire civil et militaire, lors de ses essais dans le Sahara ou en Polynésie ou par ses rejets gazeux et solides dans l’atmosphère, la mer ou sur terre, a accumulé les mutations dans le patrimoine génétique de l’humanité ;
» Oublié ! que la France a recouru à l’énergie nucléaire civile pour obtenir la bombe : retraitement à Marcoule et enrichissement à Pierrelatte et ceci en dehors de tout contrôle démocratique ;
» Oublié ! que l’industrie nucléaire militaire pose les mêmes problèmes de sécurité dans les transports de ses éléments, le démantèlement de ses installations ou la gestion de ses déchets (véritable cauchemar du nucléaire). »
Les gouvernements changent, la politique reste la même. EELV n’a toujours pas quitté la Majorité. Début 2012, le candidat à la présidentielle Mélenchon répondait à un militant antinucléaire : « Vous me demandez de m’engager à suspendre la mise en service de nouveaux armements nucléaires tels que le quatrième SNLE-NG, le missile M51, le missile ASMP-A. […] Je ne peux m’engager à ne jamais utiliser d’arme nucléaire contre quelque peuple que ce soit, cet engagement serait de mon point de vue contre-productif pour la cause de la paix que je défends. » Ce fou assume d’avance de déclencher le feu nucléaire ! Au nom de la paix, bien entendu…
L’État est bien « le plus froid des monstres froids ». Mais des individus et des groupes se fédèrent pour dire non à cette folie. La Fédération antinucléaire de Bretagne est une de ses composantes.


S.
Groupe Lochu, Vannes