Roms menacés d’expulsion

mis en ligne le 14 novembre 2013
Depuis quelques mois à Martigues, une quarantaine de Roms – 20 adultes et 22 enfants – occupent une maison abandonnée en périphérie de la ville. L’habitation, qui se trouve sur le tracé d’un futur contournement autoroutier, doit être rasée un jour. Elle appartient à la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) – donc à l’État – qui a déposé en août un référé de demande d’expulsion. Le jugement aura lieu au tribunal administratif d’Aix-en-Provence le 19 novembre. Un collectif de soutien s’est organisé. Une délégation a été reçue le 16 octobre à la sous-préfecture d’Istres, sans grands résultats. Léonardo, le porte-parole des Roms sur la ville, n’a pas eu le droit d’assister à l’entrevue, car son nom ne figurait pas sur la demande d’audience. Les enfants sont scolarisés et participent aux activités de la ville (médiathèque, spectacles, etc.). L’eau a été coupée par la Dreal avant l’occupation. Pour raison de sécurité, les autorités ont demandé aux Roms de ne pas utiliser l’électricité et ont pris la photo du compteur. Les familles utilisent, donc, un groupe électrogène.
En cas d’expulsion, la préfecture et les collectivités locales sont dans l’obligation de mettre en place une solution de relogement. Mais l’État ne propose rien de décent ni de pérenne. Quant à la municipalité communiste, elle semble assez prudente à l’approche des élections municipales. En septembre, le maire déclarait au conseil de quartier : « Je m’opposerai de toutes mes forces à ce que ces personnes soient relogées dans des appartements réservés aux Martégaux. » La ville aurait toutefois promis de réaliser une adduction d’eau et a pris en charge les soins de plusieurs membres. Le collectif, auquel s’est joint notre groupe, conteste les motifs d’insalubrité de l’habitation et demande le temps d’établir une solution durable. Les interrogations portent notamment sur l’urgence de la démolition de cette maison dans le cadre d’un chantier de moyen voire long terme.
Le 1er octobre, à Istres, dans la ville voisine, le maire, François Bernardini, condamné en 2001 pour abus de confiance, surenchérissait sur les propos nauséabonds du ministre de l’Intérieur : « En affirmant la mauvaise intention des Roms dans la société française, Manuel Valls emploie des mots… pudiques ! » s’exclamait-il. Le Front national a fait d’Istres une priorité nationale : Bernardini, pourtant exclu du PS, devrait se présenter seul à gauche. Pendant ce temps, le nationalisme se répand et se banalise bien tranquillement, polluant tous les discours politiques.
Nous sommes résolus à combattre le cynisme qui vise à rejeter et haïr individus et groupes en jouant avec des préjugés culturels et ethniques alors que les seuls vrais adversaires sont ceux qui exploitent et aliènent politiquement, économiquement et socialement les peuples.

Groupe George-Orwell de la Fédération anarchiste