Pôle emploi : quand redynamiser devient synonyme de radiation

mis en ligne le 12 novembre 2014
Actuellement, Pôle emploi peaufine son dispositif de contrôle des chômeurs à la recherche d’un emploi. Des expériences sont en cours, comme en Poitou-Charentes où, à la Rochelle, sur 3 907 demandeurs d’emplois contrôlés dans les agences tests, 625 ont reçu un avertissement avant radiation. Au final, 523 ont été effectivement radiés, pour insuffisance de recherche d’emploi. Ce même type d’expérience est en cours en Haute-Normandie, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Franche-Comté. Gageons que, si cela s’avère concluant et permet ainsi d’inverser la courbe du chômage chère à Hollande, le procédé sera étendu à l’ensemble du pays. Le chantre du changement pourra crier victoire.
Comment, aujourd’hui, prétendre redynamiser les chômeurs quand, pendant des années, les différents pouvoirs politiques les ont avilis, traité de fainéants, de tricheurs voire de voleurs, quand le patronat ferme les entreprises, licencie et délocalise, faisant ainsi gonfler les chiffres du chômage (6 millions). Tous ces éléments hypothèquent toutes les chances des demandeurs d’emploi de retrouver un boulot. Concrètement, l’offensive menée conjointement par les pouvoirs politiques et le patronat, avec la bénédiction des partenaires dits sociaux, vise à faire pression sur les demandeurs d’emploi afin qu’ils soient amenés à accepter sans discuter les conditions de salaires et de travail qui leur sont imposées. D’où le harcèlement permanent et une accentuation des contrôles. À cet effet, les demandeurs d’emploi sont pieds et poings liés aux agents de Pôle emploi, qui peuvent, selon leur bon vouloir, leur humeur du moment, leur zèle et leur volonté ou non de servir l’État et le patronat, faire tourner en bourrique le demandeur d’emploi. Jugez plutôt, car les motifs d’exclusion sont légion :
– Non-présentation à une convocation.
– Absences de recherche effectives et régulières ; incapacité de justifier les recherches ;
Non-renouvellement mensuel.
– Refus à deux reprises d’une « offre raisonnable » (sic).
– Refus d’élaborer ou d’actualiser un PPAE (projet personnalisé d’accès à l’emploi).
– Refus de suivre une formation ou une aide à la recherche d’emploi.
– Refus de répondre aux convocations de Pôle emploi.
– Refus de se soumettre à une visite médicale d’aptitude.
– Refus d’un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation.
– Refus d’une action d’insertion ou d’un contrat aidé.
Et gageons que certains de ces serviteurs sauront faire phosphorer leurs méninges pour en inventer d’autres !
Il est difficile d’entrer dans les rangs, tant les possibilités de radiation sont nombreuses. Il s’agit de radier provisoirement ceux qui ne mettent pas beaucoup d’entrain à chercher un nouvel emploi et, s’il y a récidive, de les radier définitivement. Ils ne veulent pas accepter les conditions fixées ? Eh bien, ils ne seront plus comptabilisés comme chômeurs. C’est une façon efficace d’inverser la courbe ; pour ceux qui accepteront des salaires revus à la baisse, des conditions de travail d’une flexibilité à toute épreuve, ce sera, au bout du compte, la précarité. Ils deviendront très rapidement des travailleurs pauvres. En somme, c’est la précarité ou le chomdu. Alors, la courbe du chômage s’inversera peut-être, mais ce sera au prix d’une précarisation tous azimuts du monde du travail. Autrement dit, ça ne changera pas grand-chose pour les premiers concernés, qui continueront à subir les logiques dévastatrices du capital. 
Dans cette histoire, le gouvernement a le mérite de rester cohérent… Car il a toujours été plus simple pour lui de faire pression sur les plus fragiles, les plus précaires que sur ceux qui, pourtant, sont à l’origine même de la misère sociale et des inégalités. Ceux-là mêmes qui, il y a quelques mois, ont promis de créer plus d’un million d’emplois en échange de cadeaux fiscaux juteux qu’ils ont obtenus derechef… Ceux-là, Valls et Hollande les laissent tranquilles… Mieux, ils veillent vaillamment sur leurs intérêts.
Je terminerai cet article par une citation d’Albert Einstein : « Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » Il est plus que temps de réagir !