On verra en septembre !

mis en ligne le 21 juin 2006

Les femmes et les enfants d'abord

Révision constitutionnelle pour obtenir la parité hommes-femmes. Voilà pour vous, Mesdames. Bientôt et même si l'envie ne vous vient pas, il va falloir que vous alliez participer obligatoirement et à part égale au cirque étatique. On s'y attendait bien depuis qu'on vous avait flanqué -- comme la culture, la pauvrette -- d'un ministère. Le droit vous est enfin reconnu -- à moins qu'il ne s'agisse d'un devoir -- de faire autant de conneries et de commettre autant d'ignominies que les bonshommes. La victoire est au bout de l'édit mais peut-être semblera-t-elle amère à celles d'entre vous qui persisteraient à croire que l'égalité ne se gagne pas dans les chambres -- y compris celle des députés -- et ne se mesure pas en nombre de postes.

D'ailleurs il vaudra mieux pour vous que vous remontiez vos manches de superwomen puisqu'on va arrêter de vous subventionner pour fabriquer des chômeurs si vous vous obstinez à vouloir gagner autant de pognon que vos mecs : allocations familiales accordées exclusivement aux foyers dont le revenu n'excède pas 25 000 FF. Ca à l'air d'être une grosse somme, 25 000 francs français, mais pour peu qu'il y ait un «grand» qui travaille, elle est vite atteinte. Vous pourrez toujours vous consoler avec l'allocation de rentrée scolaire portée de 420 FF à 1 600 FF.

Sans doute les quelques sept milliards de francs ainsi économisés par l'État serviront-ils à financer la lutte contre la violence dans les établissements scolaires et l'impression des manuels d'instruction et les cours de morale civique.

Que les plus grands de vos enfants se rassurent, ils ne sont pas oubliés puisqu'il est question de la mise en place d'un plan social étudiant de plus et de la mise en route dès l'automne du plan emploi pour 700 000 jeunes. Est-ce le nouveau nom des contrats bidons et autres stages débiles stigmatisés avec talent par le Cyber Trash Critic ?

Que ceux qui s'angoissaient à l'idée d'échouer au concours de bon mouton-citoyen arrêtent de flipper, ils bénéficieront d'une inscription automatique sur les listes électorales et donc d'un recensement automatique afin qu'ils n'oublient pas le rendez-vous citoyen qui accompagne la suppression confirmée du service national.

Reste à savoir si ceux que l'armée n'intéresserait pas s'y verront proposer un des 35 000 emplois de proximité pour renforcer la police ?

La revanche des porteurs de robes sur les chaussettes à clous.

Carrières des magistrats du parquet gérées par le Conseil supérieur de la magistrature, non intervention du garde des Sceaux dans les instructions des affaires individuelles, contrôle accru de la police judiciaire par la justice. Tant qu'à faire, pourquoi le Premier ministre n'a-t-il pas annoncé ouvertement qu'il estimait -- à juste titre -- que la police était un repaire de ripoux et de tueurs en puissance et annoncé la dissolution de cette malodorante institution ? Mais oui ! J'oubliais, il ne veut pas se séparer de ses fonctionnaires. D'ailleurs, il n'évoque qu'un projet de réforme pour les Renseignements généraux.

L'esclavage salarial maintenu

Pour contrebalancer les créations de chômage qui découleront des abandons du canal Rhin-Rhône et du surgénérateur Superphénix, et pour justifier son étiquette de socialiste, le Yoyo nous promet qu'enfin on rasera gratis... euh, non, je me suis trompé de discours. Il n'est question que d'une hausse de 4% du Smic, d'une révision de la législation sur les licenciements économiques et du transfert progressif des cotisations salariales d'assurance maladie sur une CSG élargie (difficilement compatible avec un plan pour le développement des PME et avec une aide aux entreprises de main-d'œuvre, ces esclavagistes notoires). Si on ne pourra plus licencier aussi facilement (ce qui restera à démontrer), il restera les vieilles recettes : le départ en retraite des salariés ayant cotisé quarante ans et la réduction négociée de la durée du travail.

En conservant dans le giron de l'État les entreprises publiques qui devaient être privatisées (en les adaptant au marché), le gouvernement persiste à s'afficher comme le plus gros patron de France... une raison de plus pour l'abattre.

Autrement dit, si les mots changent, la réalité ne se modifie pas et nous continuerons à payer notre tribu aux parlementaires et autres parasites ministériels et à trimer pour les mêmes négriers qu'avant les législatives... ça valait vraiment le coup d'aller voter, n'est-ce pas ?

La cerise sur le gâteau

On pouvait espérer se consoler du côté des arts et de la culture mais, là non plus, le projet ne rassure pas. Si nous avions bénéficié d'une paix relative depuis que le gouvernement s'occupait de dilapider les acquis sociaux et de nous renvoyer au moyen âge du social, c'est fini. Certes, je me réjouis de voir que, pour la télévision publique, il devrait y avoir moins de recettes publicitaires (j'en ai marre de zapper toutes les vingt minutes). Mais je m'inquiète du renforcement du Conseil supérieur de l'audiovisuel. Pour ceux qui l'ignoreraient encore, la principale fonction du CSA consiste à étouffer toute volonté d'indépendance dans le création en imposant un ton, un style et une uniformisation de la pensée qui n'a rien à envier aux idéaux culturels de Goebbels. Alors, quand j'apprends qu'un pour cent du budget de l'État sera consacré à la culture, je me dis qu'on n'a pas fini de bouffer du BHL.

Bonne vacances tout de même.