Chronique d'une répression renforcée

mis en ligne le 26 janvier 2005

Le vendredi 16 octobre aura lieu à Lyon le procès de Claude, Martin et Mathieu, interpellés lors d'une manifestation de soutien à deux squats expulsés simultanément au printemps dernier. Deux d'entre eux sont inculpés pour violence à agent tandis que le troisième passera devant le juge pour «graffitis». À la même période, des interpellations ont lieu dans plusieurs villes de France. Chaque manifestation, chaque rassemblement devient l'occasion pour l'État et ses forces répressives d'interpeller et d'inculper des militants sous des prétextes fallacieux.

Les exemples se multiplient et c'est ce que les inculpés de Lyon entendaient dénoncer par un meeting le vendredi 10 octobre. Une cinquantaine de personnes sont en effet venues entendre non seulement les cas lyonnais mais aussi Jean-Pierre, un militant du D.A.L. interpellé (puis inculpé) à Paris à l'occasion des marches contre le chômage, lors d'une action d'ouverture d'un local inoccupé depuis 1993 et qui à lui seul pouvait héberger plus d'une centaine de personnes sans logis. L'interpellation a eu lieu après une charge de flics alors que l'action se déroulait très calmement.

De même à Toulouse, 4 personnes ont été arrêtées le 25 février 1997 alors qu'elles manifestaient contre les lois Debré et la venue de Mégret dans leur ville. Jugées en comparution immédiate, ces 4 personnes ont été condamnées à de la prison avec sursis.

On assiste donc très clairement à une montée en puissance de la répression dans les mouvements sociaux. On retrouve à chaque fois le même scénario : quelques personnes sont interpellées lors d'une manifestation, interpellation provoquée par une charge de flics et l'inculpation pour violence à agent finit par être prononcée après une nuit de garde à vue.

Évidemment, il faut bien pouvoir expliquer pourquoi les interpellés ont subi des violences donc l'accusation est retournée contre eux, quitte à devoir fabriquer des preuves de toute pièce.

Face à ces procès, de plus en plus nombreux, des collectifs se créent pour organiser le soutien aux inculpés et une coordination de ces collectifs se met en place. C'est le cas à Lyon, à Marseille, à Toulouse.

À Lyon, le collectif réclame la relaxe des trois inculpés et la condamnation des agents de police pour les violences qu'ils leur ont fait subir durant la garde à vue. Ces revendications s'étendent aussi aux inculpés des autres villes.

Malheureusement, il faut s'attendre à bien d'autres cas encore. Quand on sait que les C.R.S. ont désormais le droit de tirer avec des balles en plastique, que 10 000 postes de flics supplémentaires vont être créés pour les banlieues et que sur les 350 000 emplois-jeunes prévus, il y en a 35 000 qui sont des équivalents des flics (îlotiers ou postes de sécurité divers) on peut imaginer les situations explosives que cela va créer. Tout ceci s'inscrit dans la continuité du plan Vigipirate, dont l'installation maintenant définitive n'a pas soulevé beaucoup de protestation.

Désormais, qui que vous soyez, votre seule participation à une manifestation fait de vous un danger pour l'ordre établi.

On criminalise ainsi les classes laborieuses et on les rend à la merci d'un contrôle et d'une répression toujours plus efficace.

Nous vous donnons donc rendez-vous le 16 octobre à 14 heures au tribunal correctionnel de Lyon (67 rue Servient) pour soutenir les trois inculpés de Lyon et dénoncer tous les cas similaires. Nous ne manquerons pas non plus de vous tenir informés sur le résultat de ce procès.

Anicée
groupe Durruti (Lyon)