Depuis des décennies, le monde de la finance est au pouvoir, mais la vague de mesures et d’institutions sociales nées de l’après-guerre, l’empêche de réaliser la croissance exponentielle dont il a tracé les courbes logarithmiques sur ses graphiques.
Ce n’est pas d’argent dont ont besoin ses membres, ils ont déjà tout ce qu’il est possible de désirer. Non, ils ont besoin de nombres à plusieurs zéros sur leurs comptes, ils ont besoin de la représentation fantasmatique de l’argent et de l’odeur de puissance, de pouvoir.
Alors, comme les politiques qu’ils ont placés sur le trône les déçoivent, ils ont mis en place un vrai manager, audacieux et inflexible, en 2017. Il en a fait du boulot pour tout casser, mais il faut encore le booster, profiter du temps qu’il lui reste à être président pour aller encore plus vite, encore plus loin : tout détruire de ce qu’il reste de protection sociale. Les temps sont incertains : il faut foncer.

Ça bruisse sur la toile
Et c’est Bayrou qui s’y colle. Mais depuis les annonces pleines d’austérité de notre premier sinistre François Bayrou le 15 juillet dernier, ça bruisse sur la toile. On nous promet, par voie de réseaux sociaux, un blocage du pays pour le 10 septembre prochain. Pour l’heure, on ne sait pas grand-chose si ce n’est que cela ressemble à une résurgence des gilets jaunes. Bien que le mouvement s’annonce comme non lié aux partis politiques ni aux syndicats, l’extrême droite, toujours active sur les réseaux sociaux, tente déjà de récupérer cet hypothétique mouvement en gestation.
Il faut bien garder présent à l’esprit que la galaxie fasciste mène depuis quelques années, et encore plus aujourd’hui qu’ils se sentent pousser des ailes, une offensive multi-fronts assez efficace, avec une vision stratégique bien réfléchie.
Le rouleau compresseur occupe tous les champs pour la constitution d’une majorité culturelle : institutions (RN, droite dure...), diffusion culturelle (Bolloré, Stérin... ), débats populaires et réseaux numériques (Zemmour, Hanouna, posts X et cie...), milieu étudiant (UNI, Cocarde, etc.), infiltration des contestations populaires (GJ, antivax…), etc.
On ne sait très précisément d’où vient le mouvement du 10 septembre, sinon qu’il serait parti un peu avant l’annonce du plan d’austérité de Bayrou, le 14 juillet dernier, sur TikTok, par une orga intitulée « Les essentiels » (cf. Libération du 25 juillet), puis relayé aussitôt par d’anciennes figures des Gilets Jaunes. Avec de fortes senteurs crypto-facho...
Depuis, pas mal d’organisations soutiennent cet appel, des Soulèvements de la Terre, à Extinction Rébellion, en passant par Contre Attaque, les milieux autonomes, LFI et l’extrême gauche.
Côté syndical, c’est presque le silence pour le moment. A l’heure où l’on écrit ces lignes, FO a lancé un préavis de grève à partir du 1er septembre et les fédérations CGT du commerce et des industries chimiques appellent à la grève le 10 septembre.

Si l’étincelle devait s’embraser...
Que penser de tout cela ? Ma foi, toute réaction populaire et tentative de démocratie directe semble une bonne chose en soit.
Si comme lors de l’épisode gilets jaunes, l’étincelle devait s’embraser, un mouvement populaire de masse pourrait bien voir le jour.
Si tel était le cas, qu’importent les revendications et l’organisation de ce qui se lancera. L’occasion pourrait être belle pour les syndicats comme pour tous les mouvements contestataires, de se joindre aux dates et modalités d’actions. Non pas pour récupérer le mouvement (ce qui est toujours dommageable) mais pour que chaque organisation porte, les unes à côté des autres, ses propres revendications légitimes. En ne laissant pas les initiatives aux mains des « facho friendly », mais en créant des sortes d’Assemblées des luttes regroupant les organisations qui luttent et manifestent contre la droite et l’extrême droite.
Il y aura donc peut-être, le 10 septembre prochain, une occasion de créer un grand mouvement de masse populaire qui pourrait rassembler tous ceux et toutes celles qui en ont marre de l’austérité au profit des profiteurs.
Espérons donc que, si l’allumette se craque, toutes les organisations militantes de France accompagnent le mouvement afin de donner sa chance à un mouvement multi-revendicatif, propre à inquiéter le vrai ennemi commun de tous, le capital.

David Perdrix et Franck Plazanet